Le 15 décembre 2011, le
président américain Barack Obama annonce le retrait des troupes restantes en
Irak. Il met ainsi fin à une intervention controversée qui a duré près de neuf ans.
Déclenchée en 2003 par les troupes de la coalition menée par les forces américaines du
président George W.
Bush, l'invasion de l'
Irak s'était déroulée sans l'accord de l'Organisations des Nations unies. La guerre mena à la fin de règne de 24 ans du dictateur Saddam
Hussein à la tête de l'
Irak et à l'instauration éventuelle d'un régime
démocratique.
Le retrait des troupes et le maintien d'une force de soutien
L'administration
Bush avait signé en 2008 un accord avec Bagdad qui stipulait que les troupes américaines allaient complètement avoir quitté l'
Irak pour la fin de 2011(1). Le
président Obama a donc légèrement devancé cette date, en annonçant le 15 décembre le retrait complet des troupes.
En 2007, les effectifs avaient atteint près de 170 000 soldats américains dans 505 bases en
Irak. Avec le retrait progressif des troupes et le transfert vers d'autres zones de conflit comme en
Afghanistan et en
Libye, il ne restait plus, en décembre 2012, que 4 500 à 6 000 soldats américains répartis dans 2 bases. Les Américains transfèrent donc la sécurité du pays aux 900 000 membres des forces de sécurité irakiennes qu'ils ont formés(2).
Les forces américaines restantes en
Irak vont compter 325 membres des forces armées, divisés en deux groupes. D'une part, 175 militaires vont travailler à l'Office of Security Cooperation-Iraq (OSCI), qui a pour objectif d'aider à la formation des troupes irakiennes(3). Puis, 150 autres vont assurer la sécurité de l'
ambassade américaine à Bagdad(4).
Les cérémonies célébrées dans la joie et dans le doute
Le 15 décembre, le
président Obama était à la base de Fort Bragg, en Caroline du Nord, pour prononcer un discours devant près de 3000 soldats. Il est revenu sur le lourd bilan de cette guerre, 1000 milliards de dollars en plus de la participation de plus de 1,5 million de soldats américains, qui a causé un total de près de 30 000 blessés et près de 4500 morts américains. Certains journaux, comme le Washington Post, ont trouvé que Barack Obama avait « une vision trop rose de l'
Irak(5)», notamment lorsque le
président américain a déclaré :
« Bien sûr, l'
Irak n'est pas devenu un endroit parfait. Cependant, nous laissons derrière nous un
Irak souverain, stable et à même d'assumer seul ses responsabilités, avec un
gouvernement représentatif qui a été élu par le peuple [...] C'est une réussite extraordinaire, qui a pris neuf ans (6).»
Ce discours est prononcé alors que de nombreux doutes subsistent quant à la stabilité du
gouvernement irakien. Dans ce pays il y a encore, au moment du départ des troupes américaines, près de 500 à 750 attaques par mois, incluant les assassinats, les attaques de roquettes et des attentats à la bombe(7).
De son côté, le secrétaire à la Défense, Leon E. Panetta, était à l'aéroport international de Bagdad, lieu emblématique puisque l'aéroport fut le tout premier lieu à être occupé par l'armée américaine lors de son entrée dans la capitale en mars 2003. Comme Obama, Panetta n'a pas parlé de victoire, allant même jusqu'à dire que les prochains jours allaient être déterminants pour la stabilité du pays : « Let me be clear: Iraq will be tested in the days ahead - by terrorism, and by those who would seek to divide, by economic and social issues, by the demands of democracy itself (8).»
Durant la cérémonie, les soldats américains ont replié le drapeau américain qui flottait depuis 2003 sur la ville. Les Américains avaient réservé deux sièges : l'un était étiqueté pour le
premier ministre Nouri al-
Maliki, l'autre pour le
président Jalal Talabani. Cependant, aucun haut fonctionnaire du
gouvernement irakien ne s'est déplacé pour l'occasion(9).
Dans les rues de Bagdad, les
Irakiens approchés par les journalistes ont massivement dit qu'ils étaient heureux que les troupes américaines retournent chez eux. Cependant, certains semblaient aussi nerveux que le départ des Américains provoque plus d'instabilité dans le pays(10).