Le 24 juillet 2005, Telesur, une nouvelle chaîne d'information, a vu le jour en Amérique latine. Destinée à contrer « l'hégémonie » des chaînes américaines comme CNN, Telesur vise à montrer une réalité différente aux latino-américains, à travers par leur propre regard, et non celui des grandes chaînes américaines. Briser ce monopole d'idées et en faire une « alternative latino-américaine à l'
impérialisme culturel des médias états-uniens [?] (1) », voilà le véritable enjeu.
Installée provisoirement à Caracas, quatre pays se sont associés afin de créer cette nouvelle chaîne : le
Venezuela avec 51 % du financement, l'
Argentine (20 %),
Cuba (19 %) et l'
Uruguay (10 %) (2). Déjà, cette perspective suscite des réactions chez ses détracteurs, qui craignent que Telesur devienne le porte-voix des idéologies du
président du
Venezuela, Hugo
Chavez, au détriment d'une information réelle et exacte (3). Chose certaine, déjà, elle attire les foudres de Washington.
Ayant pour slogan « Notre Nord est le Sud », la chaîne compte « travailler à l'intégration des peuples et nations d'Amérique latine et des Caraïbes, reprenant ainsi le rêve du « Libérateur » Simón Bolivar » (4). C'est pour cette raison, entre autres, que Telesur a débuté officiellement ses activités le 24 juillet, jour de l'anniversaire de Simón Bolívar, héros de l'Amérique du Sud et de la «
révolution bolivarienne », ainsi que figure emblématique du
président Chavez. Simón Bolívar a amené à l'indépendance cinq pays d'Amérique du Sud, au XIXe siècle, face à l'
Espagne colonialiste.
Certains affirment que cette nouvelle chaîne est anti-nord-américaine, d'autres qu'elle serait une Al-Bolivar (en référence à la chaîne Al-Jazira). Le
président Chavez assure qu'elle sera indépendante et libre, mais pas neutre (5). D'ailleurs, d'après Andres Canizalez, directeur du bureau de Caracas de l'Institut presse et société (IPYS), il est « naturel que les Etats essayent de rééquilibrer le paysage médiatique en Amérique du Sud, les Etats-Unis ont trop de poids. [?] Dans un continent où la télévision est reine, Telesur pourrait tout changer, si elle parvient à garder ses distances avec le pouvoir (6). »
Ayant des correspondants en
Colombie, au
Brésil, au
Mexique, en
Argentine, en
Bolivie, au
Venezuela, à
Cuba, en
Uruguay et aux
États-Unis, Telesur entend aller chercher une information différente et plus près des latino-américains, afin de montrer leur réalité. Environ 45 % de la grille horaire est consacrée à de l'information. L'autre section est dédiée davantage à des documentaires et du cinéma. Ceci montre la prédominance désirée pour l'information.
Ce qui risque cependant de nuire à cette chaîne, c'est qu'elle est financée par les fonds publics
gouvernementaux, alors que Al-Jazira, cette chaîne indépendante arabe, est privée.
De plus, les Etats-Unis, suite à la condamnation du projet de Telesur, ont permis, par un amendement par la Chambre des représentants, de diffuser des émissions de télévision américaines pour le
Venezuela. Ils espèrent ainsi donner aux Vénézuéliens une information plus vraie et objective des faits.
Chavez, quant à lui, s'est dit « prêt à livrer une bataille technologique pour bloquer les émissions nord-américaines (7) ». La tension entre les Etats-Unis et le
Venezuela ne fait que s'amplifier.
Malgré tout, il y a fort à parier selon plusieurs que si réellement Telesur montre une information de qualité et qu'elle transmet un message objectif, elle pourrait « devenir sous peu la principale source de nouvelles latino-américaines pour l'ensemble de la planète » (8).