C'est le 22 août 2011 qu'est décédé à l'âge de 61 ans John Gilbert Layton, chef du Nouveau Parti
démocratique (NPD) et important personnage de la politique
fédérale canadienne(1). Mieux connu sous le nom de Jack Layton, le chef de ce parti de gauche avait dû se retirer de ses fonctions au mois de juillet afin de combattre un cancer(2).
Le vent dans les voiles
Bien qu'il fût impliqué au sein du NPD depuis 1970, ce n'est qu'en 2003 que Jack Layton devint le chef de son parti(3). Ce dernier était reconnu comme étant sympathique, rassembleur et d'un
charisme certain. Il ne tarda pas à se faire remarquer et, en huit ans à la tête du parti, ses idées dans le domaine de l'environnement et son approche pacifique touchèrent la population canadienne.
Lorsque Jack Layton prit la tête du NPD, le parti ne comptait que 13 députés(4). Aux élections suivantes, en 2004, le NPD obtiendra 19 sièges, puis 29 en 2006 et 37 en 2008(5). Lors de la mort de Jack Layton, le NPD détenait 103 sièges, ce qui lui permettait de représenter l'opposition officielle à la Chambre des communes(6). Les 103 sièges amassés par le NPD aux élections législatives de 2011 constituaient le plus haut total pour une opposition officielle depuis plus de 30 ans(7)
Un chef qui voulait aider la population
En tant que chef de parti, Layton se fit un devoir de tenter de bâtir un
Canada plus équitable à ses yeux. Quelques mois seulement après avoir mérité sa place au Parlement, il démontra sa volonté et sa capacité d'utiliser les fonds publics afin de servir la population. Bien que dans l'opposition, il influença le budget
fédéral en faisant rediriger 4,6 milliards vers des programmes sociaux comme l'éducation et le transport en commun(8). À l'époque, le
gouvernement minoritaire libéral de Paul Martin n'eut d'autre choix que de se plier aux demandes du chef néo-démocrate(9).
Jack Layton et son équipe ont également forcé le
gouvernement minoritaire de Stephen Harper à changer son point de vue sur des enjeux comme le coût de la vie, les soins de santé, et le changement. En 2008, selon le site officiel du NPD, Jack Layton a aussi eu un rôle à jouer lorsque le
premier ministre du
Canada a formulé des excuses aux survivants des pensionnats autochtones(10).
Une chaude lutte pour la succession
Dans une lettre émouvante écrite avant sa mort, Jack Layton recommande à Nycole Turmel, député de Hull-Aylmer, de poursuivre son travail de chef intérimaire jusqu'à ce que le nouveau chef du parti soit élu par les membres du NPD. Il recommande également au parti de procéder à « un vote quant au
leadership du parti le plus tôt possible dans la nouvelle année, en s'inspirant de l'échéancier de 2003, afin que notre nouveau ou nouvelle chef ait amplement le temps de reconsolider notre équipe, de renouveler notre parti et notre programme, et puisse aller de l'avant et se préparer pour la prochaine élection (11)».
La course à la succession au poste de chef du NPD est maintenant ouverte. C'est les 23 et 24 mars 2012 que se déroulera le congrès du parti. Pendant ce congrès, on dévoilera lequel des candidats sera élu à la tête du parti par des milliers de Canadiens (12). Ils sont quelques-uns dans la course jusqu'à présent. Parmi les favoris, nous retrouvons Brian Topp,
président du NPD, et Thomas Mulcair, député d'Outremont au Québec. Les deux hommes sont vus comme des candidats de taille, mais l'avantage semble aller du côté de Topp. Thomas Mulcair est en grande partie responsable du fort gain de popularité du NPD au Québec, mais on craint qu'il n'ait pas la capacité de s'attirer les faveurs des électeurs dans le reste du
Canada(13).
Chose certaine, les néo-démocrates sont en deuil et les souliers de Jack Layton seront bien grands pour son successeur. Il sera intéressant d'observer si les grandes orientations du NPD changeront avec l'arrivée d'un nouveau chef, et si l'unité demeurera après cette course à la succession.