Un compromis in extremis. Voilà à quoi les républicains et démocrates en sont arrivés, le 1er août 2011, afin de régler ce qu'il est aujourd'hui convenu d'appeler la «crise de la dette américaine». Le Congrès avait jusqu'au 2 août 2011 pour trouver un terrain d'entente, faute de quoi le
gouvernement serait tombé en situation de défaut de paiement. Le règlement voté inclut entre autres une hausse du plafond de la dette et des coupures de 2500 milliards US.
2500 $US en compressions budgétaires
Après des mois d'intenses
négociations entre les camps républicain et démocrate, le Congrès a voté en faveur d'un plan autorisant les
États-Unis à dépasser le plafond de la dette
fédérale, fixé à 13,4 milliards US, et à réemprunter 1000 milliards US (1). À 12 heures de la date butoir du 2 août 2011, les sénateurs ont voté en faveur du plan proposé, lequel avait déjà été entériné la veille par un vote à la Chambre des représentants. Des 430 représentants - majoritairement républicains -, 269 ont voté pour.
Concrètement, ce plan prévoit une réduction des dépenses du
gouvernement de 2500 milliards US sur 10 ans. Les budgets de la Défense et des programmes de sécurité nationale sont les premiers à écoper des coupures votées par le Congrès. Ils verront leur enveloppe fondre de 315 milliards US (2).
Pour le reste, la création d'une commission bipartite de 12 élus est prévue sous peu. Son mandat sera de cibler, avant le 23 novembre 2011, les ministères et programmes qui seront touchés par les coupures budgétaires (3). Seuls les programmes de Sécurité sociale et Medicare sont garantis d'y échapper (4). Aucune hausse d'impôts n'est inclue dans l'entente. Dans le cas d'un échec de la commission à arriver à un consensus, tous les budgets subiront les coupes à parts égales (5).
Un compromis difficile
Même si le plafond de la dette a été haussé huit fois sans embûches depuis 2001 (6), la crise actuelle a ceci de particulier qu'elle s'est produite dans un contexte économique difficile, marqué par un taux de chômage de plus de 9 % (7). Les
négociations entre républicains et démocrates se sont donc déroulées sur fond de débat à saveur politique, les uns prônant des coupures budgétaires et les autres souhaitant une hausse des impôts aux plus riches.
Dans le camp démocrate, la plus grande déception concernant cette entente est l'impression que ce sont les classes moyennes et pauvres qui écoperont des réductions budgétaires (8). Le
président Barack Obama n'a pas réussi à y inclure une hausse des impôts (9), comme le souhaitaient ses partisans. Le démocrate Emmanuel Cleaver a même qualifié le compromis de «sandwich de Satan» (10).
Si plusieurs commentateurs s'entendent pour dire que le Tea Party, un mouvement radical de droite, est le seul gagnant derrière l'adoption de ces coupures (11), aucun n'a exprimé être complètement satisfait du compromis final. Les membres du Tea Party auraient préféré des réductions de l'appareil
gouvernemental encore plus drastiques (12). Même l'opinion publique américaine n'y a pas trouvé satisfaction. Selon un récent sondage, le trois quarts des Américains a soutenu qu'il ne retenait rien de positif de cette entente (13).
Les États-Unis déclassés
Le houleux débat sur la crise de la dette s'est également répercuté sur les marchés financiers, lesquels sont restés à la baisse tout au long du mois de juillet (14). Le 31 juillet 2011, un premier plan, déposé par le
président de la Chambre des représentants, le républicain John Boehner, avait été rejeté par le
Sénat (15), à majorité démocrate. Trouver un consensus est alors devenu l'objectif commun de tous les membres du Congrès. Un échec des
négociations aurait mené les Etats-Unis vers un défaut de paiement, avec pour conséquence directe une perte de confiance envers le dollar américain (16).
Toujours en juillet, une importante agence de cotation, Moody's Investors Service, avait annoncé que le pays risquait de perdre sa note de crédit AAA (17). Bien que la hausse du plafond de la dette votée par le Congrès devait servir à rassurer les marchés, ils ont tout de même chuté drastiquement huit jours après l'adoption du compromis. Une autre agence de cotation, Standard and Poor's, qui avait également menacé les Etats-Unis d'un déclassement, a baissé sa note à AA + (18).