À quelque deux semaines de l'élection
présidentielle américaine de 2012, les démocrates perdirent un de leurs plus fervents membres. Le 21 octobre 2012, George McGovern, un ancien candidat démocrate à la présidence américaine, décéda à l'âge de 90 ans. Il laissa derrière lui le souvenir d'un député, sénateur et
ambassadeur, ainsi que l'héritage d'un homme progressiste qui aimait profondément son pays. McGovern demeure un personnage important aux
États-Unis et son décès suscita beaucoup de réactions au sein de la sphère politique américaine.
Une défaite écrasante ne freinant pas son parcours
La carrière politique de McGovern s'amorce en 1953 lorsqu'il laisse tomber l'enseignement pour s'engager au sein du Parti démocrate. En 1956, il est élu à la Chambre des représentants où il complète deux mandats. En 1962, deux ans après la fin de son deuxième mandat, il devient le premier démocrate à être élu sénateur dans le Dakota du Sud en 22 ans (1).
Lors de l'élection
présidentielle de 1972, il se lance dans la course contre son opposant, le républicain Richard
Nixon. Bien qu'ayant combattu durant la Deuxième Guerre mondiale, George McGovern axe sa campagne sur le pacifisme et évite autant que possible les artifices (2). Il pose clairement son désir de retirer dans les plus brefs délais les troupes américaines du Vietnam, ce qui est peut-être son erreur. Richard
Nixon remporte l'élection avec une majorité et McGovern entre dans les annales en tant que candidat ayant subi la plus écrasante défaite de toute l'histoire des élections
présidentielles américaines avec seulement 37,5% de voix(3).
Après cette tentative, il retourne au Congrès américain et s'implique davantage dans la lutte contre la guerre et la faim. Il est réélu en tant que sénateur pour la troisième fois de sa carrière en 1974, mais perd sa place en 1981 dans la foulée de l'élection à la présidence de Ronald
Reagan (4). Ayant grandi dans une famille d'agriculteurs et étant donc très porté vers les causes sociales rattachées à la lutte contre la faim, il en devient un porte-parole à la fin de sa carrière au Congrès américain. En 1998, le
président Bill Clinton le nomme
ambassadeur des
États-Unis aux Nations unies à Rome pour la lutte contre la faim et pour la promotion de l'agriculture. Deux années plus tard, il reçoit la Presidential Medal of Freedom, la plus haute distinction honorifique aux
États-Unis, des mains de Clinton (5).
Les réalisations de McGovern tout au long de sa carrière furent impressionnantes, tant au niveau national qu'international. Coopérant avec le sénateur républicain Bob Dole, ils réussirent à mettre en place des programmes tels que les bons d'alimentation créés durant les années 1960, qui ont aidé à nourrir des millions de personnes à travers les
États-Unis, ainsi que le programme d'alimentation scolaire internationale dans les années 1990 (6).
Honoré pour sa propre personne
George McGovern restera dans les mémoires américaines comme un homme de dignité, de principes et de décence. L'héritage qu'il a laissé surpasse le faux pas majeur de sa carrière politique. En effet, on se souvient de lui comme d'un grand homme et non plus comme le candidat ayant connu la plus grande défaite aux élections
présidentielles américaines. Ses actions au niveau social pèsent plus lourd dans la balance et, à sa mort, on le remercie pour tout ce qu'il a apporté à la société américaine.
Ayant été un fort opposant à la guerre tout au long de sa vie, il est reconnu et honoré comme un héros de guerre devenu champion de la paix par le
président Barack Obama (7). L'ancien
président Bill Clinton et la secrétaire d'État des
États-Unis, Hillary Clinton, lui rendent ainsi hommage en ajoutant qu'il était un professeur distingué et un homme passionné (8). Le vice-
président actuel, Joe Biden, parle de McGovern comme d'un homme de courage et de coeur qui croyait profondément au service public. À cela, Bob Dole ajoute qu'il était un homme humble, compatissant et bienveillant, qui a toujours pris soin de ceux qui avaient besoin d'un coup de main (9).
Soulignons que l'opinion est partagée entre républicains et démocrates; à savoir que George McGovern restera dans les annales américaines comme un grand homme qui avait la main sur le coeur et le coeur sur la main. Selon un libéral progressiste, il était même probablement le politicien le plus décent de l'histoire des
États-Unis (10).