La situation économique et politique interne de la
République démocratique du
Congo (RDC) a poussé des millions de
Congolais à émigrer à l'extérieur du pays. Les différents conflits qui accablent ce pays de l'Afrique centrale depuis la moitié des années 1990 ont causé des déplacements internes et externes (1). Pour signifier son désarroi face à la situation de son pays d'origine, la
diaspora congolaise a tenu des marches symboliques dans plusieurs pays pour souligner son soutien aux victimes de l'Est du
Congo, et en même temps pour sensibiliser les populations de leurs pays d'accueil à cette réalité (2).
Depuis 2004, est apparu dans la
diaspora congolaise un nouveau phénomène inconnu dans son histoire. C'est celui des « Combattants » (3).
Les revendications des « Combattants »
Le mouvement commence en 2004, alors qu'il apparaît dans la
diaspora de l'espace Schengen et de Londres, une nouvelle réalité dans l'histoire de la
diaspora africaine en Europe (4). Les « bana
Congo » pour les uns, les « Combattants » pour les autres, revendiquent, entre autres, la chute du
gouvernement de Joseph
Kabila qu'ils estiment illégitime et être la source de nombreux problèmes du
Congo. Originairement basé en Europe, ce mouvement s'élargit rapidement aux autres continents.
Les Combattants tiennent ce
gouvernement pour responsable de l'humiliation du peuple congolais sur tous les aspects de la vie; viols des femmes à l'Est du pays (à Goma), balkanisation, pauvreté galopante, régression de la qualité de vie; avec de plus en plus, l'absence de l'eau et de l'électricité (5). De plus, face à la grande pauvreté, les membres de la
diaspora aident leurs familles pour le paiement des frais de scolarité et des frais de santé.
De la revendication à la répression
Depuis l'arrivée au pouvoir de Joseph
Kabila, le 26 janvier 2001, les
Congolais de la
diaspora affichent en général à son égard une attitude de défiance. Pour eux, l'homme n'est qu'un « imposteur », du fait notamment du mystère entourant ses origines et son parcours personnel (6). Les « Combattants » soutiennent que le
Congo-Kinshasa est « sous occupation » étrangère. Ils se considèrent comme des « résistants au régime d'occupation » incarné, selon eux, par Joseph
Kabila.
Ainsi, toutes les personnalités congolaises qui servent dans les institutions du pays sont de facto considérées comme des « collabos », comme sous le régime de Vichy en
France (7). Les attaques, verbales et physiques, contre des officiels congolais sont devenues monnaie courante en Europe. Ministres, députés et autres cadres du
gouvernement congolais ou des partis de la majorité au pouvoir à Kinshasa sont la cible de prédilection des combattants de la
diaspora congolaise identifiés comme proches de l'opposition (8).
Ces attaques ne se limitent pas seulement aux hommes politiques ou fonctionnaires de l'État congolais, mais également aux artistes musiciens. Depuis 2006, plusieurs artistes musiciens de la RDC ne se produisent plus en Europe (9). Ils sont menacés par les « Combattants » de la
diaspora qui leur reprochent leur appartenance politique. La plupart d'entre eux ont participé aux campagnes électorales de Joseph
Kabila en 2006 et 2011.
Plusieurs concerts de différents artistes ont été interrompus par des jets de projectiles et par des bagarres provoquées par des
Congolais de la
diaspora. Certains artistes ont même été violentés. Par exemple, le leader du groupe Viva la musica, papa Wemba, a été violenté après un concert en
France (10).
Les justifications de leurs actes
Les « Combattants » affirment à qui veut les entendre qu'ils tirent la légitimité de leurs actes de l'article 64 de la
Constitution du
Congo qui stipule : « Tout
Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d'individu qui prend le pouvoir par la force ou qui l'exerce en violation des dispositions de la présente
Constitution [...] (11).»
Notons que l'assassinat du défenseur des droits humains Floribert Chebeya, en juin 2010, suivi par la mort du Bruxellois Armand Tungulu Mudiandambu, dans des conditions non élucidées à ce jour, n'ont fait qu'aggraver la discorde existante entre le
gouvernement de Joseph
Kabila et les « Combattants ». Ces derniers qualifient d'ailleurs la victoire de Joseph
Kabila lors de l'élection
présidentielle du 28 novembre 2011 de « hold-up électoral (12) ».