La fin de l'année 2013 est arrivée et l'heure est au bilan économique pour l'
Algérie. D'entrée de jeu, on observe en 2013 que ce pays a réduit de façon importante ses dépenses publiques. Cela s'explique par la fin d'un programme de rehaussement des dépenses publiques mis en place en 2004(1). Malgré cela, l'
Algérie conserve son titre de numéro un des pays de l'Afrique subsaharienne en ce qui a trait au produit intérieur brut (PIB) et la quatrième place sur le continent africain(2).
Une bonne performance par rapport au continent
La réduction des dépenses publiques et le recul des exportations d'hydrocarbures ont ralenti la croissance économique en
Algérie. Effectivement, le taux de croissance du PIB, qui était en 2012 à 3,3 %, devrait diminuer à 2,7% pour l'année 2013(3).
Sur une note plus positive, le taux d'inflation, qui avait atteint un taux de 8,9% pour l'année 2012, devrait se stabiliser à 4,5%(4). Le Fonds monétaire international a aussi observé pour 2013 une baisse du taux de chômage. Celui-ci devrait passer de 11% en 2012 à 9,8% pour 2013(5). Ce taux est inférieur au reste des pays de l'Afrique subsaharienne, mais les principales personnes touchées sont les jeunes et les femmes. De plus, selon un chercheur, le Dr Abderrahmane Mebtoul, le taux de chômage réel en
Algérie se situerait plutôt aux alentours de 20 à 25%. Le professeur Mebtoul se fonde sur le fait que le secteur informel représente autour de 50% de l'activité économique et que les emplois de courte durée sont très nombreux(6). De plus, pour une population active de 11,5 millions de personnes, on dénombre deux millions de fonctionnaires, ce qui a pour effet de stabiliser le chômage.
Le solde budgétaire s'est lui aussi redressé en 2013, en passant de -4% du PIB en 2012 à -0,2% (7). Autrement dit, l'
Algérie enregistre encore un déficit pour l'année 2013, mais beaucoup moins important grâce aux réductions d'investissements publics. Par ailleurs, la dette extérieure du pays s'élève à 2% du PIB, ce qui est très raisonnable(8).
Les hydrocarbures et leur rôle clé dans l'économie algérienne
Depuis la fin de la colonisation, l'économie algérienne est principalement basée sur les hydrocarbures. Ceux-ci représentent environ 98 % des exportations du pays, ce qui constitue 40 à 45 % du produit intérieur brut algérien(9). Les exportations d'hydrocarbures ont toutefois diminué au cours de l'année 2013 et ont passé de 70,6 milliards de dollars américains pour 2012 à 65,3 milliards.
Pour tenter de diversifier son économie et profiter des rentes lucratives des compagnies d'hydrocarbures telles que l'entreprise publique Sonatrach, le
gouvernement algérien a mis en place en 2004 un plan d'investissement public. Ce projet consiste à développer les infrastructures publiques du pays. Grâce à celui-ci, le réseau de chemins de fer est maintenant d'une longueur de plus de 4000 km(10).
L'économie algérienne, qui est basée autour de l'exportation d'hydrocarbures, laisse peu de place aux autres secteurs de l'économie. En effet, ceux-ci se partagent un faible 2% des exportations. Les économistes parlent de «la maladie hollandaise» pour décrire la situation d'un pays qui concentre son économie sur l'exportation de matière première, ce qui affecte le secteur manufacturier (11). Ce phénomène, qui est observable en
Algérie, nuit à la production locale. De plus, les politiques économiques algériennes favorisent les transferts frontaliers en assurant des frais de douanes très bas. Cela a également pour effet de nuire à la production locale.
Des défis importants à surmonter
Bien que l'économie algérienne se classe au 4e rang de l'Afrique, plusieurs chercheurs pensent que le pays va connaître un ralentissement dans les prochaines années. Le fait que l'économie n'est pas diversifiée est le principal point de chute. Avec une baisse des exportations de pétrole et une hausse de la consommation intérieure d'hydrocarbures, ce domaine économique pourrait faire chuter le pays puisque cette ressource représente de 40 à 45 % du PIB(12).
L'
Algérie a comme autre défi de réduire le secteur informel. Dans ce pays où la masse monétaire est importante, le «travail au noir» représente un réel danger. Selon les données de la banque d'
Algérie, le secteur informel contrôle et fait le transit de près de 62,5 milliards de dollars par année(13). L'effet des transferts en argent comptant est également observable à travers le niveau de corruption. Selon Transparency International, l'
Algérie a obtenu un score de 36 sur 100, classant ainsi ce pays au 94e rang sur 177(14).
Le pays a également comme faiblesse un taux de chômage relativement élevé. Cette situation, qui affecte particulièrement les femmes et les nouveaux arrivants sur le marché du travail, constitue un défi qui s'annonce coriace(15).