Alors que Donetsk vient d'élire un
président et que le
Burkina Faso vit une transition politique, peu de gens portent attention à l'élection
présidentielle roumaine qui aura lieu le 2 novembre 2014. Toutefois, ce scrutin comporte son lot de spéculations et de rebondissements. Dans le contexte où les yeux sont rivés sur la crise en
Ukraine, l'élection
présidentielle en
Roumanie pourrait avoir un impact plus que considérable sur les relations entre ces deux pays voisins.
Un système électoral à la française
Le système électoral roumain est considéré par plusieurs analystes comme similaire au système électoral français, mais avec quelques particularités lui étant propres(1). La
Roumanie possède deux chambres législatives, le
Sénat et la Chambre des députés(2). Les électeurs votent pour la composition de ces deux chambres au
suffrage universel.
De plus, les citoyens roumains, tout comme dans le système français, ont le pouvoir d'élire un
président. Celui-ci est élu au
suffrage universel majoritaire à deux tours et son mandat est d'une durée de cinq ans depuis 2004(3). Ce même
président a le pouvoir de nommer le
premier ministre. D'un côté, le
premier ministre est principalement chargé des affaires intérieures, que ce soit la santé, l'éducation, etc. De l'autre côté, le
président est responsable de la défense, de la politique étrangère, de nommer les membres de deux agences de renseignements et les
ambassadeurs(4). Ainsi, le
pouvoir exécutif roumain est séparé en deux entités.
Un changement de garde
L'élection
présidentielle du 2 novembre annonce inévitablement un changement à la présidence du pays, puisque la
Constitution empêche le
président actuel, Traian Basescu, d'effectuer un troisième mandat(5). Le
président Basescu avait été élu en 2004 en promouvant une campagne anticorruption qui coïncidait avec la
révolution orange ayant lieu en
Ukraine. Il avait également promis de relancer l'économie roumaine et de créer une alliance avec l'Union européenne(6). À l'époque, Basescu avait réussi à séduire l'électorat et a facilement remporté la victoire lors du scrutin.
En 2007, Traian Basescu réussit finalement à conclure une entente qui prévoit l'adhésion de la
Roumanie à l'Union européenne(7). Cette union historique lui a permis de recueillir un appui majeur de la part de la population qui le reconduit au pouvoir pour un deuxième mandat en 2009.
Cependant, le deuxième mandat de Basescu ne se déroule pas comme il l'espérait, puisqu'il fait l'objet de rumeurs de corruption. En 2012, alors que Victor Ponta vient d'être nommé au poste de
premier ministre, ce dernier soumet au Parlement une motion de censure visant la destitution du
président Basescu. La motion reproche au
président d'avoir sapé la
démocratie et enfreint la
séparation des pouvoirs et l'indépendance de la justice(8).
Cette motion fait suite aux rumeurs de corruption concernant le
président et son frère Mircea Basescu. Une rumeur voulait que Mircea ait accepté 250 000 euros d'un dénommé Sandu Anghel en promettant qu'il pourrait convaincre son frère Traian de le faire libérer de prison. Sandu Anghel purgeait une sentence de huit ans pour meurtre(9). Traian Basescu réussit à éviter la destitution, mais le reste de son mandat se termine tout de même de façon négative alors que celui-ci cumule les scandales(10).
Des résultats plutôt faciles à prédire
Selon les analystes, les résultats de l'élection
présidentielle devraient être sans grande surprise. Le candidat favori dans la course est l'actuel
premier ministre Victor Ponta. Ce social-démocrate a promis, entre autres, de baisser les taxes des contribuables, de hausser les pensions et d'entretenir de bonnes relations avec l'Union européenne et la
Chine(11). Il va sans dire que son combat politique contre l'ancien
président est resté dans la mémoire de la population.
Par contre, les analystes prévoient qu'un candidat pourrait offrir une résistance à Ponta. Il s'agit de Klaus Iohannis, qui est actuellement maire de la ville de Sibiu et chef de l'alliance de droite. Ce dernier a réussi à rallier derrière lui les opposants de Ponta en promettant qu'il serait le seul pouvant assurer un système de justice juste et impartial(12). Cette promesse faisait référence aux accusations de corruption auxquelles fait face le Parti social-démocrate de Victor Ponta.
Les récents sondages donnent Victor Ponta meneur au premier tour avec 41% des suffrages, alors que Klaus Iohannis en obtiendrait 27%. Selon les mêmes sondages, le deuxième tour du scrutin donnerait Ponta grand gagnant avec 56% des voix des électeurs, alors que Iohannis obtiendrait 44%(13). Il est donc possible de prédire avec une certaine confiance que Victor Ponta sera élu
président de la
Roumanie d'ici les prochains jours.
Néanmoins, dans l'éventualité que Ponta soit élu
président de la
Roumanie, un problème reste en suspens. Celui-ci ne peut occuper la fonction de
premier ministre et de
président en même temps. Cela indique donc que qu'il devrait nommer un nouveau
premier ministre(14). Il sera intéressant de voir si ce dernier sera tenté de nommer un candidat proche de ses idées ou plutôt à l'opposé, comme l'avait fait son prédécesseur Basescu. Bien malgré lui, Victor Ponta pourrait toutefois vivre le même parcours
présidentiel que son prédécesseur.