Le 5 mars 2006, une méga-transaction dans le monde de la télécommunication a eu lieu. L'opérateur américain de télécoms AT&T a fait, dans une opération d'échange d'actions évaluées à 67 milliards de dollars (1), l'acquisition de son concurrent Bellsouth. Loin de passer inaperçue, la rapidité de l'opération a créé la stupéfaction dans le milieu. Pour cause, AT&T venait de finaliser en novembre 2005 une fusion avec SBC pour former l'une des deux premières compagnies de télécommunications américaines.
Avec cette fusion, nous assistons à la naissance d'une nouvelle entité dotée d'une capitalisation de 150 milliards de dollars, la plaçant loin devant sa concurrente Verizon (93 milliards de dollars).
Conséquemment à cette transaction, l'annonce de la suppression de 10 000 emplois, l'équivalent de 4 % des effectifs combinés actuels d'AT&T et de Bellsouth, a été rendue publique. Ces suppressions s'ajouteront aux 26 000 autres planifiées et amorcées dans le cadre de la fusion en 2005 de SBC et de AT&T, pour un grand total de 36 000 pertes d'emplois sur une période s'étendant de 2006 à 2009(2).
La fusion d'AT&T et de Bellsouth aurait pour objectif de contrer les câblo-opérateurs tels Comcast et Time Warner Cable qui dominent le marché de l'accès à l'internet aux États-Unis. La stratégie d'AT&T est de réaliser « [?] un seul réseau intégré fixe et mobile par la mise au point d'une offre " triple pay " [?] (3) » comprenant téléphonie sur internet, internet haut débit (ADSL) et la télévision sur internet, dite IPTV.
Cette fusion est d'ailleurs décriée par l'association de défense de la démocratie sur internet : « [?] l'opération ATT-BellSouth "reflète la stratégie des acteurs du câble et des télécoms de bâtir un paysage de type monopolistique dans le haut débit et la télévision"(4). »
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