L'année 2015 fut mouvementée pour le parti du Bloc québécois (BQ). Avec le retour de l'ancien chef Gilles Duceppe, suivi d'une campagne électorale de 78 jours, 2015 demeure une année charnière pour cette formation politique. Récoltant seulement 10 sièges lors des élections du 19 octobre, le Bloc québécois pourrait bien voir son avenir se déterminer prochainement.
La cassure de 2011
Fondé le 15 juin 1991, le Bloc québécois est un
parti politique canadien que l'on retrouve uniquement dans la province de Québec. Le parti tire son origine d'un mouvement
parlementaire composé de députés fédéraux du Québec qui ont quitté le Parti
conservateur et le Parti libéral après l'échec de l'
Accord du lac Meech(1). C'est Lucien Bouchard, un ex-député du Parti
conservateur, qui est le fondateur du parti.
Le BQ est un parti prônant la
souveraineté de la province du Québec. Son principal mandat est de défendre les intérêts du Québec et son autonomie à la Chambre des communes canadiennes. C'est aux élections
fédérales de 1993 que le parti connaît sa véritable heure de gloire en devenant l'opposition officielle à Ottawa, remportant 54 sièges et 49,3 % des voix au Québec (2).
Depuis sa formation, le Bloc québécois a toujours obtenu la majorité des sièges au Québec. Cependant, aux élections de 2011, le parti connaît une défaite écrasante. Victime de la « vague orange » néo-démocrate, il obtient seulement 4 sièges à la Chambre des communes. N'ayant pas obtenu le seuil de 12 sièges, le BQ n'est alors même pas considéré comme un parti officiel à la Chambre des communes.
Les élections 2015 se sont avérées comme un espoir de retour pour le parti. Cependant, avec un maigre résultat de 10 sièges et avec la défaite du chef Gilles Duceppe dans sa propre circonscription, le BQ se retrouve encore une fois dans une situation précaire concernant son avenir. Le parti n'a d'ailleurs récolté que 19,3 % des suffrages au Québec, soit la pire performance d'un parti souverainiste à des élections québécoises ou canadiennes depuis 1970(3).
Le paradoxe de la victoire
La situation du Bloc québécois à la suite des dernières élections demeure ambiguë. Lors de la démission de son chef Gilles Duceppe, le 22 octobre dernier, l'ancien politicien a mentionné qu'il quittait ses fonctions avec le « sentiment du devoir accompli (4) ». Il a d'ailleurs estimé que l'élection de 10 députés permettait d'assurer l'avenir du Bloc québécois pour les quatre prochaines années. L'analyse des élections 2015 montre même une campagne sans failles : excellentes présences aux débats télévisés, aucun faux pas médiatique et un travail acharné sur le terrain. La campagne du Bloc, bien qu'exemplaire, aura tout de même donné des résultats décevants (5).
L'avenir du Bloc québécois se caractérise bien plus par une remise en question du
nationalisme québécois que par une simple question de popularité politique. Le philosophe Michel Seymour explique d'ailleurs que, bien au-delà des querelles présentes dans les mouvements souverainistes au Québec, il faut avant tout se demander si les indépendantistes sont en mesure de tenir compte de la diversité culturelle et du caractère multiple de l'identité québécoise(6). Le problème s'avère bien plus une redéfinition de la stratégie indépendantiste du Québec.
Les élections 2015 sont toutefois teintées d'un contexte social et politique particulier. L'immense soutien des Québécois à l'équipe du Parti libéral du
Canada de Justin
Trudeau se définit dans le contexte particulier d'une forte volonté de changement, à la suite à 9 ans de règne
conservateur avec le
gouvernement de Stephen Harper. Pour l'instant, il s'agira pour le Bloc québécois de trouver un nouveau chef qui pourra tenter de relancer le parti pour les prochaines élections 2019 (7).