Le mardi 24 octobre 2006 a été annoncé au
Niger « l'expulsion de 150 000 réfugiés arabes du
Tchad » (1). Ces derniers ont fui leur pays d'origine pour s'installer au
Niger en raison de l'instabilité qui régnait au
Tchad dans les années 1980 (2).
La raison de l'expulsion évoquée par le ministre de l'Intérieur nigérien est que : «nombre des réfugiés ont des animaux qui détruisent le fragile écosystème du
Niger, en particulier ses ressources en eau » (3). Le ministre mentionne aussi que ces nomades posséderaient des armes à feu et qu'ils s'en serviraient pour menacer les habitants locaux, sans toutefois préciser les causes de ces menaces. En fait, l'ordre d'expulsion ferait suite à des « plaintes des chefs de groupement des autres communautés vivant dans la même région » (4).
À peine deux jours après l'annonce de l'expulsion, soit le 26 octobre, le
gouvernement a déclaré que celle-ci ne visait finalement que 3300 des 150 000 réfugiés mahamides (5). Le porte-parole du
gouvernement explique ce changement de décision par le fait que la plupart des réfugiés « s'étaient fait naturaliser et avaient donc le droit de rester » (6). Toutefois, les 3300 mahamides restants sont, pour leur part, en situation irrégulière.
Le lendemain, soit le 27 octobre, le
gouvernement décide finalement de renoncer à expulser les réfugiés « après avoir étudier[sic] la question et toutes ses implications socio-économiques » (7). Selon le porte-parole du
gouvernement, ce changement n'est nullement dû aux pressions de la communauté internationale (8). Les réfugiés tchadiens en situation irrégulière pourront rester grâce au « statut de transhumants, un statut bien connu conforme à la réglementation » (9). Toutefois, il est clair que l'annonce de l'expulsion avait provoqué un vif émoi dans la communauté arabe nigérienne. Celle-ci compte d'ailleurs neuf députés au Parlement (10).