Depuis quelques années, le
Brésil a des difficultés avec la corruption. C'est particulièrement le cas de Petrobras. Cette compagnie brésilienne fut l'une des entreprises accusées de corruption, à cause des liens qu'elle avait avec certains chefs de compagnies apparaissant dans les
Panama Papers(1). Il ne faut pas oublier que le prix du pétrole a aussi diminué avec la récente crise pétrolière. Enfin, à la suite des accusations de corruption et des problèmes financiers du
Brésil, la
présidente du
Brésil, Dilma Rousseff, fut destituée en 2016(2). La situation de Petrobras empire de plus en plus avec son endettement et les révélations de corruption qui sont rattachés à elle depuis 2014(3).
Une entreprise énorme
Petrobras est une entreprise publique du
Brésil créée en 1953 par le
président de l'époque, Getúlio Vargas. Elle devait permettre au pays d'avoir le contrôle sur le pétrole qui appartient à l'État ainsi que pour aider le pays au niveau économique et énergétique(4). Le
Brésil est un pays producteur de pétrole et Petrobras est une entreprise publique, dirigée et contrôlée par le
gouvernement à 51 %(5). Petrobras n'appartient pas seulement au
gouvernement. Elle compte aussi environ 1 000 actionnaires brésiliens en plus des multiples propriétaires de l'entreprise(6).Cette entreprise publique rapporte de l'argent au
gouvernement et des emplois à la population(7). Selon la
Fédération unitaire des travailleurs du pétrole du
Brésil, Petrobras emploierait environ 86 000 personnes en 2015(8). Cette compagnie est d'ailleurs l'une des plus grosses en Amérique latine(9).
Petrobras est le géant du pétrole au
Brésil, mais elle est aussi en difficulté financière avec une dette qui s'est accrue(10). En 2017, cette compagnie a annoncé qu'elle avait fait des pertes de 14,8 milliards de réaux, ce qui fait environ 4,2 milliards de dollars(11). Cependant, lors du quatrième trimestre de 2016, la compagnie a fait un petit bénéfice qui l'a aidée à diminuer les pertes faites au cours de l'année. Durant ce quatrième trimestre, elle a fait un gain de 717 millions de dollars(12). Donc, même si cette entreprise ne va pas très bien financièrement, elle arrive à un peu diminuer son déficit, même avec les accusations de corruption.
Petrobras est accusée de corruption depuis 2014(13). Il ne faut pas oublier que cette compagnie appartient et est contrôlée à 51 % par le
gouvernement du
Brésil(14). Ce qui signifie que les dirigeants du pays déterminent comment elle devrait prioriser certains projets et le pourcentage des gisements qui devrait être exploité avant d'insérer la participation d'une entreprise étrangère.
Le Brésil : futur premier producteur de pétrole ?
En 2007, une découverte de deux possibles gisements de pétrole a été faite dans les eaux territoriales du
Brésil, à quelques km des côtes de Rio de Janeiro. Les projets de gisements sont appelés Lula, qui serait le plus petit avec 6,5 milliards de barils de pétrole, et Libra, qui serait le plus gros avec environ 12 milliards de barils(15). Selon les estimations de 2007, le développement de ces projets coûterait environ 186 milliards de dollars(16). Or, le pays investit environ 90 milliards de dollars américains chaque année dans le secteur pétrolier depuis 1990.
Avec cette découverte, le
Brésil attire plusieurs grandes compagnies prêtes à investir dans ce projet. Cependant, le
gouvernement voulait que Petrobras soit l'exploitant principal de ces projets, en ayant la plus grosse part. Malgré cela, le
gouvernement a dû faire un appel d'offres pour financer l'exploitation du plus petit gisement en 2013(17). Les revenus que fourniront ces puits pétroliers devraient aller vers l'éducation, selon une loi passée en 2013. Pour accélérer le développement et la production de Lula, le
gouvernement a cédé des parts du projet, même si les
syndicats brésiliens étaient en défaveur. Petrobras a cédé 20 % de Lula à Shell et Total, et 10 % aux compagnies chinoises CNOOC et CNPC(18).
Avec les difficultés économiques et la corruption auxquelles fait face Petrobras en 2016, la compagnie a dû obtenir l'aide de la pétrolière Total pour le développement de Libra sur les côtes de Rio de Janeiro. En acceptant de participer, la compagnie française a obtenu 20 % du projet(19). Lorsque Total a rejoint le projet de Libra, le prix du baril était d'environ 50 $, ce qui est plus bas que ce qu'avait espéré la compagnie brésilienne(20).
Donc le projet continue, même avec les problèmes auxquels la compagnie fait face. Cependant, le prix du pétrole est devenu très bas à la suite de la crise pétrolière, ce qui empêche la compagnie de réduire sa dette(21). À cause du prix peu élevé du pétrole et de la dévaluation de la monnaie du pays, Petrobras a donc vu sa dette affectée, ce qui a ralenti ses projets.
Les politiciens s'enlisent dans l'argent pétrolier
Depuis la révélation des
Panama Papers et de la présence de liens entre Petrobras et des personnes qui y ont été mentionnées, on a découvert que plusieurs politiciens du
Brésil se sont mis de l'argent dans les poches et ont participé aux scandales(22). La corruption et les révélations des quelque 21 milliards de réaux de perte ont fait chuter l'action en bourse de la compagnie en 2014(23). Les dévoilements ont montré que plusieurs projets qu'avait l'entreprise avaient connu une augmentation des coûts de production causée par le blanchiment d'argent. Ce qui affecta la confiance des actionnaires de ses différents projets qui participaient avec Petrobras(24). Aussi, la compagnie a été critiquée pour avoir utilisé de l'argent pour acheter des élus et le
gouvernement pour avoir laissé l'entreprise faire ces actes(25).
En octobre 2014, une première condamnation a été faite envers un ancien directeur de l'entreprise. Il aurait participé à des organisations criminelles, fait du blanchiment d'argent et fait des détournements de fonds d'une raffinerie dans un État du nord-est du pays, Pernambouc. Comme peine, il devra débourser 5,6 millions d'euros pour les dommages qu'il a faits. Il a aussi accepté de collaborer avec la justice du pays pour l'enquête(26).
Petrobras a été affectée par la corruption qui a regroupé plusieurs politiciens. L'ancien
président Lula da Silva était jugé en 2016 pour corruption dans l'affaire Petrobras et avoir fait du blanchiment d'argent(27). Il aurait accepté de l'argent illicite fait avec cette entreprise publique, par le groupe BTP(28).
Le Parti des travailleurs de gauche (PT) de Dilma Rousseff et d'autres politiciens présentaient aussi leurs propres candidats pour les postes les plus importants de Petrobras(29). Cette pratique a permis au PT et aux coalitions de recevoir des pots-de-vin.
Le départ de Dilma Rousseff a pu avoir été le résultat de la corruption et du fait que pendant plusieurs années, elle ait travaillé avec Petrobras. Ses nombreuses années en politique, que ce soit en tant que ministre de l'Énergie, ministre de tutelle de Petrobras ou en tant que chef de cabinet du
président Lula, auraient donc eu un impact(30). Il semblerait que pour certains
Brésiliens, elle ait sa part de responsabilité.
La situation du
Brésil n'est pas très reluisante avec son économie affectée et sa
démocratie. Ce à quoi s'ajoutent la destitution de la
présidente Rousseff et des nombreuses révélations de corruption auxquelles Petrobras fut associée. Sans oublier que plusieurs autres compagnies ont participé à la corruption. Il faut se demander maintenant, comment le pays compte se relever de cette dégringolade?