Le 10 décembre 2016, à Vienne, les États membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) sont parvenus à une entente avec des pays non membres de cette organisation. Ces derniers se sont engagés à réduire leur production quotidienne de barils de pétrole afin d'éventuellement en voir remonter le prix de vente. Celui-ci est en chute libre depuis plusieurs mois (1).
Une remontée modérée
Tout au long de 2016, le prix du baril de pétrole connaît une augmentation constante. Au mois de janvier, celui-ci se situe autour de 28 $ US, alors qu'au mois de décembre, il est à plus ou moins 54 $ US (2). À première vue, cette hausse du prix de vente peut paraître spectaculaire, puisqu'il a pratiquement doublé en un an. Toutefois, il faut remonter quelques mois en arrière afin de bien comprendre la situation.
En effet, le prix du baril de pétrole a subi d'énormes chutes depuis deux ans. En juin 2014, celui-ci se situait autour de 115 $ US (3). Puis, entre cette date et le mois de février 2016, alors que la ressource a atteint sa valeur boursière la plus basse, le cours du pétrole s'est effondré de 70 % (4). Donc, bien que la valeur de la ressource ait remonté dans les mois suivants de 2016, elle demeure très basse, en comparaison d'il y a deux ans.
Pourquoi le prix du pétrole est-il si bas? Ces circonstances s'expliquent majoritairement par une raison : il y a une surproduction planétaire de la ressource (5). Depuis quelques années, la santé économique de la
Chine s'affaiblit et sa croissance est moindre, ce qui a pour effet de réduire une partie importante de la demande de pétrole. De plus, les grands pays exportateurs, tels que l'Arabie saoudite et les
États-Unis, refusent de diminuer leur production, malgré la baisse de la demande.
L'Arabie saoudite fait volte-face
Le 30 novembre 2016, les pays membres de l'OPEP, en compagnie de représentants de 11 autres pays producteurs, tels que la
Russie et le
Mexique, se réunissent afin d'en arriver à une entente ayant pour effet d'éliminer la surproduction mondiale de pétrole.
Le leader de cette rencontre est l'Arabie saoudite. En effet, cette dernière désire obtenir de la part des autres producteurs de pétrole une réduction d'au moins 2 % de leur production (6). Cela est quelque peu ironique considérant que, quelques mois plus tôt, ce pays refusait catégoriquement de réduire la sienne et pratiquait même la politique de la vanne ouverte (7). Par contre, il faut comprendre que, par cette stratégie, les dirigeants saoudiens croyaient pouvoir affaiblir leur rival américain, qui produit son pétrole à des coûts plus élevés que les leurs (8). Maintenant, force est de constater qu'ils renoncent à leur stratégie précédente et qu'ils envisagent la réduction de la production comme étant la seule solution possible afin de faire remonter la valeur du pétrole.
Toutefois, certains pays sont plus réticents que d'autres à réduire leur production. C'est notamment le cas de l'
Iran, qui redevient un jouer mondial important en matière de pétrole. Ce pays a maintes fois insisté afin d'être exempté de toute contrainte de production et même d'être autorisé à la hausser (9). De plus, la majorité des producteurs ont de bonnes raisons de plaider qu'un gel ou une baisse de la production de pétrole les pénaliserait. Par exemple, le
Mexique désire ouvrir son industrie nationalisée à des investisseurs étrangers, alors que la
Russie et le
Brésil font face à des compagnies privées qui assument leur production (10).
De nouveaux engagements à respecter
Ultimement, le 10 décembre, les pays de l'OPEP s'entendent avec les 11 autres pays producteurs présents à Vienne afin que ces derniers réduisent leur production de 562 000 barils par jour (11). Cet accord fait suite à un autre survenu dix jours auparavant, par lequel l'OPEP elle-même s'engageait à réduire sa production quotidienne de 1,2 million de barils par jour (12).
Avec le recul, l'entente du 10 décembre est qualifiée de « sans précédent depuis 2001 (13) », puisque c'est le premier accord pétrolier majeur entre des pays de l'OPEP et les autres producteurs depuis cette année. Dans les faits, elle a effectivement des effets bénéfiques sur la valeur du baril de pétrole alors que dès le lendemain de la réunion de Vienne, elle grimpe à 57 $ US l'unité pour demeurer autour de ce prix jusqu'en février 2017 (14). Ainsi, sur papier, l'accord peut être considéré comme une réussite, alors que la surproduction d'or noir semble en voie de se résorber.
Par contre, certains éléments demeurent délicats à gérer et alimentent l'incertitude pour le futur. D'une part, la plupart des experts demeurent sceptiques quant à l'application de l'entente et sont d'accord pour dire qu'elle ne sera pas nécessairement facile pour tous les pays signataires. On peut prendre en exemple la
Russie, qui devra trouver un moyen d'infléchir les décisions des compagnies pétrolières impliquées sur son territoire (15). D'ailleurs, cette dernière n'avait justement pas respecté ses engagements lors de l'accord du même genre survenu en 2001.
D'autre part, l'accord comporte un absent de taille : les
États-Unis. Les pays de l'OPEP, et particulièrement l'Arabie saoudite, sont depuis longtemps en guerre contre ce pays en ce qui concerne le pétrole. Au lieu de mettre fin à ce conflit par la coopération, l'entente risque donc d'attiser encore plus la rivalité entre les deux parties.