Du 2 au 9 septembre 2017, la ville de Montréal, au
Canada, a accueilli la 46e session du Groupe d'experts inter
gouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Des centaines de scientifiques et de représentants se sont rassemblés pour déterminer les grandes lignes qu'abordera le sixième rapport du GIEC (1).
Une organisation primordiale
Les changements climatiques représentent un des enjeux majeurs du 21e siècle. Conscients des conséquences liées à ces questions, l'Organisation mondiale météorologique (l'OMM) et le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) créent conjointement le Groupe d'experts inter
gouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), en 1988 (2).
Le GIEC a comme principal objectif d'étudier l'impact de l'activité humaine sur les changements climatiques et d'en faire l'évaluation des risques (3). Ce groupe inter
gouvernemental vise à fournir aux décideurs du monde entier l'ensemble des informations sur une base scientifique, pour dresser des solutions qui favoriseront la protection du climat tout en s'adaptant aux changements climatiques (4). En 1990, son premier rapport comptait à peine 1000 pages, alors que son dernier rapport en contient 5 fois plus. En 2017, l'organisme ouvert à tous les pays membres des Nations unies compte 195 adhérents (5).
Pour accomplir sa mission, le GIEC analyse l'ensemble des études et des données scientifiques sur le changement climatique (6). L'évaluation de la condition climatique mondiale est présentée sous la forme d'un rapport diagnostique. Pour mener à bien cette tâche, le GIEC fait appel à la communauté scientifique mondiale issue de tous les domaines. Lors de la rédaction du 5e rapport du groupe en 2014, 830 scientifiques venant de plus de 80 pays ont analysé un peu plus de 10 000 études (7). Chacun des rapports fait état de la situation climatique mondiale.
L'urgence d'agir
Dans son cinquième rapport, en 2013, le GIEC a confirmé un changement climatique sans équivoque, ce qui a ultimement mené à l'accord de Paris en 2015. En ce sens, le 6e rapport du GIEC se concentrera davantage sur l'efficacité des objectifs liés à la réduction des gaz à effet de serre, entérinés par les pays à Paris. Ces objectifs sont suffisants pour éviter que les températures globales augmentent de 1,5 à 2 degrés Celsius. La barre de 1 degré est déjà franchie et selon l'écologiste et porte-parole d'Équiterre, Steven Guilbeault, tout indique que nous allons atteindre 1,5 degré éventuellement (8).
Le chercheur canadien David Grimes,
président de l'Organisation météorologique mondiale, a souligné aux délégués que : « Les récents désastres mettent en exergue la nécessité pour des groupes comme le GIEC de travailler ensemble pour trouver des moyens de s'adapter aux conditions climatiques extrêmes (9). »
Selon Jean-Pascal Van Ypersele, ancien vice-
président du GIEC, les dirigeants et les scientifiques possèdent amplement d'informations pour appliquer des mesures environnementales immédiatement. À ses yeux, l'attente de rapports constitue une excuse pour ne pas agir (10).
En ce sens, plusieurs pays se demandent pourquoi les scientifiques du GIEC ne produisent pas de rapports finaux dans des délais plus rapides, sachant que ceux-ci influencent les décisions des dirigeants internationaux. Face à ce questionnement, le vice-
président du GIEC,
Malien Youba Sokona, répond que les sujets de recherche sont nombreux et qu'ils prennent donc plus de temps à analyser (11).
Cependant, devant les demandes répétées des pays plus vulnérables aux changements climatiques, des rapports spéciaux seront publiés sur trois thèmes précis. Celui sur les conséquences d'un réchauffement planétaire de 1,5°C sera publié en 2018. La désertification/dégradation des terres et la sécurité alimentaire ainsi qu'un rapport spécial sur l'océan et la cryosphère sont quant à eux prévus pour 2019 (12).