Le 22 octobre 2017 ont eu lieu les élections de mi-mandat en
Argentine. Il s'agissait de renouveler la moitié des sièges de la Chambre des députés ainsi que le tiers du
Sénat par la même occasion. Ce scrutin représentait un test important pour le
président Mauricio Macri qui en est à son premier mandat. Effectivement, la continuité de sa réforme économique entamée après son élection de 2015 dépendait de l'appui obtenu.
Un vote de confiance pour la coalition
Les résultats de ces élections de mi-mandat ont consolidé la position du
président sortant Mauricio Macri de la coalition « Cambiemos » (Changeons). Avant le scrutin, cette coalition de
centre droit, constituée de son parti Propuesta republicana et de l'Union civique radicale, comptait 87 sièges de députés sur 254 ainsi que 15 sénateurs sur 72 (1). Depuis 2015, le
président Macri a été en mesure de gouverner en consolidant des alliances opportunes, tout en profitant de la dissolution de différentes factions politiques de l'opposition péroniste (2).
De son côté, l'ex-
présidente Cristina Kirchner, maintenant dans l'opposition, tentait de regagner du terrain après une pause forcée à la suite de l'exécution de ses deux mandats consécutifs. En effet, la
Constitution de l'
Argentine ne permet pas à un
président ou à un vice-
Président de se présenter à un poste sans avoir pris une période d'intervalle (3).
À la suite des dernières élections de mi-mandat, la coalition « Cambiemos » a renforcé sa présence dans les deux chambres du Parlement. Elle a fait un gain de 20 sièges pour un total de 107 députés, contre 150 pour l'opposition. Au
Sénat, les gains se sont également avérés importants pour la coalition, passant de 17 à 25 sénateurs (4). Celle-ci est arrivée en tête dans 15 provinces sur 24, notamment à Buenos Aires avec 41,1 % des voix contre 37,3 % pour le Parti justicialiste de Kirchner (5).
En gagnant des sièges dans les deux chambres législatives, le parti pourra aller de l'avant dans le cadre de sa réforme économique, car le
président sera en position de force lors des
négociations avec l'opposition et les
syndicats (6). Celui-ci détient le
pouvoir exécutif et dicte les politiques courantes de l'État ainsi que l'application des lois (7). De son côté, la Chambre des députés possède l'initiative des lois sur les impôts et les taxes, le Parlement légifèrant sur les douanes, tout en établissant les droits d'importation et d'exportation de manière uniforme à travers le pays (8).
Aucun retour de la gauche à l'horizon
L'
Argentine a connu un modèle économique instauré par Nestor Kirchner de 2003 à 2007 et, ensuite, par son épouse Cristina Kirchner, entre 2007 et 2015 (9). Le modèle « K » impliquait une forte intervention de l'État dans l'activité économique, notamment avec la nationalisation d'entreprises privées (10). Bien que l'action
gouvernementale ait obtenu des résultats positifs, les mesures protectionnistes concernant les importations ont contribué au mécontentement de la classe moyenne.
Cela explique, en partie, pourquoi la coalition poursuit son ascension, alors que l'aile politique de Kirchner perd des plumes. Les trois mandats de l'administration Kirchner ont lourdement hypothéqué le pays sur les marchés internationaux (11). De plus, les scandales de corruption et de vols de fonds ont affecté son image (12). À l'inverse, la libéralisation économique du
président Macri et son ouverture pour payer la taxe des fonds vautours a solidifié sa position et favorisé la réélection de son parti. Alors que les appuis au Parti justicialiste de Kirchner se sont affaiblis devant les scandales et la feuille de route peu glorieuse des accomplissements du Parti (13). Tout de même, Cristina Fernandez de Kirchner a été élue sénatrice, ce qui lui octroie l'
immunité judiciaire en cas de condamnation (14).
Le retour d'une bonne croissance économique sous Mauricio Macri ainsi que l'arrêt de la
récession ont grandement contribué à sa réélection. En 2016, la croissance est repartie à 1,6 % au premier semestre; elle est estimée à 3 % pour 2017 (15).