Le 26 novembre 2017 auront lieu les élections législatives au
Honduras. Ces élections seront sans doute très importantes puisque les dernières, datant de 2013, avaient été très contestées (1). En effet, le parti qui les a remportées était soupçonné d'avoir manipulé les listes électorales (2). Cela étant dit, beaucoup de choses peuvent se produire en quatre ans, surtout pour un pays dont la
démocratie est encore jeune.
Une histoire de bipartisme
En 2013, aucun parti n'a gagné la majorité aux élections législatives. Toutefois, le Parti national du
Honduras (PN) a remporté 38 % des 128 sièges à pourvoir au Congreso nacional, obtenant du même coup l'occasion de former le
gouvernement (3). C'est d'ailleurs le candidat du même parti, Juan Orlando Hernandez, qui a gagné la
présidentielle avec 37 % des voix. Le Parti libéral du
Honduras (PL), le rival du PN, avait obtenu 21 % des sièges. Ces deux partis, idéologiquement de droite, s'échangent le pouvoir depuis le début du système institué au début des années 80.
Lors de ces élections, nous avons aussi assisté à la montée de partis idéologiquement de gauche, comme le Parti liberté et refondation avec 29 % des sièges. Le Parti anti-corruption, plus centriste, a quant à lui obtenu 10 % des voix. Pour ce qui des 3 % restants, ils sont partagés entre le Parti de l'innovation et de l'unité, le Parti de l'unification
démocratique et le Parti chrétien démocrate avec chacun 1 % (5).
De la parole aux actes
En 2013, le
Honduras était le pays avec le plus haut taux d'homicides au monde, soit 85 par 100 000 habitants (6). Cette république centraméricaine, devenue l'un des principaux entrepôts des cartels mexicains, fait le transit de 87 % de la cocaïne sud-américaine consommée aux
États-Unis.
C'est d'ailleurs en présentant sa candidature comme celle de la loi et l'ordre qu'Hernandez a pris la tête du pays en 2013 (7). Son adversaire, Xiomara
Castro, proposait une Assemblée constituante pour refonder le pays et construire un
socialisme démocratique (8). Deux autres volets composaient le programme d'Hernandez, d'abord une relance économique et la création d'emplois, puis une lutte contre la pauvreté et une aide aux plus démunis (9).
Hernandez proposait aussi, lors de sa campagne, le déploiement de la police militaire et la multiplication de son effectif dans le but de lutter contre les marras, une forme de gangs ultraviolents. Selon Jean Michel Caroit du quotidien Le Monde, un tel déploiement inquiétait les défenseurs des droits de l'homme puisque, depuis le coup d'État de 2009, les assassinats d'avocats, de journalistes, de syndicalistes et de dirigeants paysans s'étaient multipliés.
Qui plus est, au cours de la campagne, Hernandez avait bien pris soin de se détacher du
président sortant, Porfiro Lobo, provenant lui aussi du PN. Celui-ci laissait le
Honduras dans une situation économique désastreuse, avec 66 % de la population vivant sous le seuil de la pauvreté (10).
Quatre ans ont passé depuis l'élection du
président Hernandez et des changements se sont opérés au
Honduras. Malgré le fait que le pays détient toujours un des taux d'homicides par habitant les plus élevés au monde, l'observatoire indépendant de la police nationale signalait une baisse. En effet, l'indice se situait à 56 par 100 000 habitants en 2015 (11). Toutefois, les assassinats en mars 2016 de deux militants des droits de l'homme et de l'environnement démontrent que la sécurité des défenseurs des droits de l'homme reste menacée (12).
La tentation de la continuité
Un sondage datant du mois de mai 2017 du quotidien hondurien La Prensa donne la victoire au
président actuel Hernandez. Le
président sortant obtiendrait 36 % des intentions de vote, tandis que son plus proche adversaire, Luis Zelaya du PL, n'aurait que 18 % (13). Xiomara
Castro, candidate à la
présidentielle de 2013, serait troisième au sondage avec 12 % des intentions de vote. Derrière elle se retrouve le candidat indépendant et ancien animateur d'émissions de télévision,
Salvador Nasralla, avec 11 % (14).
Les résultats des élections du 26 novembre 2017 seront-ils un reflet des quatre dernières années, ou viendront-ils rompre la tendance au bipartisme du
Honduras ? Il semble en tout cas que le
président Hernandez, lui, se dirige vers un second mandat.