Le 9 mai 2017 se déroulaient les élections provinciales en
Colombie-Britannique. Le Parti libéral, dirigé par Christy Clark, tentait d'obtenir un cinquième mandat majoritaire consécutif. Cependant, pour la première fois en 16 ans, le
gouvernement ne s'est avéré ni majoritaire ni même libéral (1). Un résultat serré, nécessitant un recomptage dans certaines circonscriptions, a plutôt porté au pouvoir une coalition entre le Nouveau Parti
démocratique (NPD) et le Parti vert.
Une percée historique
À priori, les libéraux de la
Colombie-Britannique ont gagné leur pari. Bien que ce ne fut pas un résultat majoritaire, ils ont tout de même remporté 43 sièges sur 87, alors qu'en 2013 ils en avaient remporté 47 (2). Le NPD a quant à lui obtenu 41 sièges, une augmentation par rapport aux résultats de 2013, alors qu'il en avait gagné 35. On observe également une percée notable du Parti vert qui, comparativement à 2013, a triplé sa représentation, passant d'un candidat élu à trois (3).
Le seuil pour obtenir la majorité se situe à 44 candidats. Le Parti vert possédait donc la balance du pouvoir, une première dans l'histoire canadienne. Les résultats serrés de certaines circonscriptions, telles que Courtenay-Comox, a retardé le dévoilement officiel du nouveau
gouvernement. En effet, lors du premier dépouillement, les néo-démocrates l'ont emporté par seulement neuf voix devant les libéraux. Cependant, le décompte final a établi une avance de 189 voix pour le NPD, confirmant officiellement le statut minoritaire des libéraux (4).
Des discussions entre le NPD et le Parti vert s'étaient entamées avant la confirmation des résultats. L'addition de leurs sièges respectifs a fait pencher le pouvoir en leur faveur. Le NPD et le Parti vert, qui combinent 57 % des voix, forment donc une alliance pour constituer un
gouvernement majoritaire (5).
Cette alliance fut possible, en partie, par le fait que la lieutenante gouverneure a utilisé une proclamation royale qui permet de refuser à un
gouvernement sortant de déclencher de nouvelles élections.
Cette situation était quasi inédite, puisqu'il s'agit seulement de la onzième fois que cette proclamation est utilisée dans l'histoire du pays, la dernière datant de 1926 (6). Cependant, l'accord rapide et harmonieux entre le NPD et les verts pour former le
gouvernement, ainsi que l'écart minime des résultats entre le NPD et le Parti libéral a légitimé l'application de cette prérogative.
Deux visions différentes
Cette lutte électorale serrée illustre bien la complexité des problèmes que l'on observe dans la région. Les questions d'exploitation des ressources naturelles, les changements climatiques, l'oléoduc Trans Mountain ainsi que la réforme électorale constituent tous des enjeux centraux (7).
Par exemple, l'oléoduc Trans Mountain, validé sous les libéraux, est un problème majeur qui ne fait pas l'unanimité. D'ailleurs, la communauté autochtone a rapidement formé un mouvement de contestation tout en entamant une pétition intitulée Coast Protectors (8). Les libéraux appuient l'exploitation de ressources naturelles, invoquant la rentabilité économique qu'elles engendreraient. À l'opposé, le NPD et les verts souhaitent dynamiser l'économie de la
Colombie-Britannique par des moyens plus environnementaux et condamnent la position libérale (9).
La réforme électorale constituait également un enjeu charnière de la campagne. Les subventions allouées sont trop élevées selon plusieurs experts, ce qui avantage les grands partis. La
Colombie-Britannique est en retard dans ce domaine puisque l'Alberta, le Manitoba, le Québec et la Nouvelle-Écosse interdisent déjà les dons d'entreprises et de
syndicats (10). Appliquer une représentation proportionnelle pour favoriser une représentation davantage
démocratique est également un projet que les tiers partis souhaitent voir aller de l'avant. Le fait que le Parti libéral s'est montré moins favorable à ces enjeux, en particulier dans le cas de l'oléoduc, explique son recul et sa perte du pouvoir en
Colombie-Britannique (11).
Le manque d'engagement des libéraux envers la population britanno-colombienne a donc permis au Parti vert d'accéder au pouvoir pour une première fois dans l'histoire canadienne grâce à une alliance avec le NPD. Reste à voir si les deux partis respecteront à leur tour leurs promesses électorales.