L'Islande est reconnaissable par ses paysages parsemés de verdures et de glaces. Cet État est souvent considéré comme un modèle en ce qui a trait aux conditions de vie et à l'environnement. Toutefois, il faut aussi mentionner que l'Islande est un leader en énergie renouvelable.
Il tombe de nombreuses précipitations sur cet État montagneux, volcanique et riche en ressources hydroélectriques. Les caractéristiques géologiques de l'Islande font aussi en sorte que ce pays a d'abondantes ressources géothermales. Celles-ci sont utilisées afin de générer de l'électricité et l'application directe de la chaleur (1). Ainsi, l'énergie géothermique est une énergie qui provient de la chaleur contenue dans la croûte terrestre et les couches superficielles de la terre (2). Avec sa petite population de 332 529 habitants en 2015, l'Islande a la capacité d'offrir à sa population une énergie 100 % renouvelable, ce qui fait d'elle un leader en la matière (3).
L'évolution écologique de l'énergie islandaise
Même si l'Islande est aujourd'hui un modèle en matière d'énergie renouvelable, ce ne fut pas toujours le cas. Pendant plusieurs siècles, les sources géothermales étaient seulement utilisées pour faire le lavage et faire sa toilette. Dans ce pays, l'hydroélectricité voit le jour au XXe siècle, mais sa productivité n'est pas substantielle. Il faut attendre le début des années 1970 pour que l'Islande passe de la consommation en énergie fossile à celles géothermique et hydroélectrique (4).
Cette décision n'est pas guidée par une volonté de réduire les changements climatiques. C'est plutôt pour une raison économique que l'Islande change sa consommation en énergie. La transition vers la géothermie et l'hydroélectricité survient lorsque le pays n'est plus en mesure de soutenir les fluctuations de prix du pétrole. Cette hausse des prix est notamment causée par des crises dans le marché énergétique en 1973 et 1979 (5). Le choc pétrolier de 1973 provoque une hausse brutale du prix du pétrole qui a une incidence négative sur la croissance économique mondiale. Ce phénomène amène une hausse générale des prix étant donné l'omniprésence du pétrole dans les États industrialisés (6). L'augmentation du prix du pétrole pousse donc l'Islande à développer sa propre énergie.
Ce sont des entrepreneurs locaux qui amènent l'idée du développement énergétique géothermique et hydroélectrique. L'idée derrière la géothermie provient d'un fermier qui s'est servi de l'eau chaude sortant du sol afin de créer un système géothermal pour sa ferme. Les municipalités vont par la suite s'inspirer de cette trouvaille pour faire des explorations géothermiques (7).
Afin d'approfondir les recherches et l'utilisation de cette ressource, le
gouvernement islandais crée un fonds pour la recherche et les tests de forage des sols. Ces initiatives
gouvernementales mènent à une hausse de l'utilisation de l'énergie géothermale qui passe de 43 % en 1970, à 90 % en 2013 (8).
La dominance de l'énergie renouvelable sur le marché islandais
Aujourd'hui, 100 % de l'électricité et 100 % du chauffage domestique sont produits par les ressources renouvelables mentionnées précédemment. Ce système énergétique a permis aux Islandais de maintenir un niveau de vie stable à la suite de la crise économique de 2008 (9). En effet, le prix des chauffages domestique et industriel est resté bas comparativement à d'autres États européens. Cela attire les investissements industriels et les industries de haute technologie qui s'installent en Islande (10).
Entre 2006 et 2008, il y a une croissance considérable sur le marché de l'énergie islandais. Landsvirkjun, HS Orka et Orkuveita Reykjavíkur sont les compagnies en tête de ce marché. Landsvirkjun est propriétaire de la majorité des centrales hydroélectriques en Islande. Cette compagnie est par le fait même le principal fournisseur d'électricité au pays. En 2016, l'énergie géothermique fournit environ 65 % de l'énergie primaire. Pour l'hydroélectricité, c'est plutôt 20 % et 15 % pour les combustibles fossiles (11).
Les différents enjeux énergétiques actuels
Malgré les points positifs de l'exploitation géothermique, il y a plusieurs enjeux qui y sont rattachés. D'un point de vue environnemental, l'énergie géothermique ne serait pas aussi écologique qu'on le prétendrait. Martin Norman, un spécialiste du financement durable pour Greenpeace, s'exprime sur le sujet : « si la géothermie est toujours préférable au gaz, au charbon et au pétrole, ce n'est pas une énergie complètement verte. Dès que vous forez, vous avez de la pollution au soufre et des émissions de CO2 (12). »
S'ajoutent les émissions de gaz à effet de serre qui n'ont cessé d'augmenter au cours des dernières années. Cette hausse compromet l'accomplissement des objectifs internationaux en ce qui concerne les changements climatiques. En 2017, l'Institut des études économiques de l'Université d'Islande publie un rapport indiquant que les émissions de gaz à effet de serre ne cessent d'augmenter. Si aucune action n'est entreprise, elles grimperont de 53 % à 99 % en 2030 par rapport à 1990 (13). Cela contreviendrait à l'accord de la COP21 signé à Paris par l'Islande dans lequel un des objectifs est de réduire les émissions à un minimum de 40 % (14).
Les industries lourdes comme les producteurs de silicium ou d'aluminium sont en partie responsables de cette pollution atmosphérique. S'ajoute à cela la montée en popularité du tourisme en Islande. Ce phénomène entraine une augmentation des trafics routier et aérien, en plus de développer des nouvelles infrastructures d'accueil.
D'un point de vue économique, les compagnies énergétiques font face à différents obstacles. D'une part, l'instabilité et l'incertitude du marché international font en sorte que la demande en énergie islandaise commence à diminuer. Les acheteurs ont d'ailleurs déjà commencé à se retenir quant à leurs dépenses en la matière (15). Il n'est pas possible de prévoir le moment où ces acheteurs recommenceront à faire affaire avec le marché islandais. Aussi, les compagnies énergétiques sont sévèrement endettées, impliquant un changement dans les priorités des opérations. Ainsi, plusieurs projets d'envergure sont arrêtés, ce qui cause beaucoup d'incertitude quant au financement de nouvelles idées en matière de développement énergétique (16).
La rapidité avec laquelle l'énergie géothermique est produite amène même un questionnement, à savoir où pourrait aller l'excédent ? Une possibilité serait de construire un câble souterrain qui relierait l'Islande au
Royaume-Uni. L'énergie non utilisée pourrait donc servir à ce partenaire européen (17). Des câbles de plus de 1000 km pourraient ainsi approvisionner ce pays en énergie islandaise. C'est une solution profitable pour tous, puisqu'elle permettrait de réduire les émissions en carbone du
Royaume-Uni (18).