Le 23 juin 2016, la population du
Royaume-Uni est appelée à voter lors du
référendum sur l'appartenance à l'Union européenne (UE). Les habitants du
Royaume-Uni ont alors voté à 52 % pour quitter l'UE. La complexité entourant la sortie de l'UE fut telle qu'en novembre 2019, 3 ans et demi plus tard, les
négociations sont toujours en cours.
La sortie initiale de l'UE devait se faire le 29 mars 2019, mais les parties prenantes n'ont pu s'entendre sur les modalités. Depuis, la date de sortie fut repoussée à trois reprises puisqu'une majorité de députés à la Chambre des communes ont voté contre le plan soumis par le Parti
conservateur (1). Devant l'impossibilité de mettre son plan à exécution, la première ministre et cheffe du Parti
conservateur, Theresa May, dû démissionner de son poste de première ministre et fut remplacée par Boris
Johnson au mois de juin 2019 (2).
Des négociations toujours aussi difficiles
Les
négociations entourant le Brexit ont connu des avancées significatives depuis la nomination de Boris
Johnson à la tête du Parti
conservateur, le 24 juin 2019 (3). Partisan du Brexit, celui-ci avait comme mandat d'obtenir une entente que les 27 autres membres de l'UE devaient accepter d'ici le 31 octobre 2019, la prochaine date annoncée de vote à la chambre basse britannique sur le Brexit. C'est d'ailleurs ce qu'il obtint le 17 octobre à la suite d'une rencontre avec le
président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.
L'entente est acceptée par une majorité de députés à la Chambre des communes le 22 octobre 2019. Par contre, ces derniers acceptent seulement les dispositions comprises à l'intérieur de celle-ci, mais pas la date de sortie officielle du 31 octobre, qui est selon eux beaucoup trop rapide afin d'analyser convenablement le dossier de 110 pages (4). Il s'agit d'une toute première victoire en chambre pour le Parti
conservateur avec une majorité de députés en faveur du dossier sur le Brexit. C'est par contre un échec pour
Johnson qui affirmait vouloir sortir le
Royaume-Uni de l'UE au plus tard le 31 octobre, et ce, même sans accord.
Ainsi, les 27 députés nationaux européens ont depuis accepté le report de la date limite, proposé par le
Royaume-Uni au 31 janvier 2020. Devant la crainte d'échouer à nouveau en chambre, le
premier ministre Johnson demande la tenue d'élections législatives puisqu'il espère obtenir une plus grande majorité de députés au Parlement. Cette majorité est obtenue avec deux tiers des députés en faveur de nouvelles élections qui auront lieu le 12 décembre 2019 (5).
Le fameux « backstop » ou les difficiles
négociations entourant la frontière irlandaise
Une des raisons expliquant les échecs répétés à la concrétisation du Brexit provient des enjeux entourant la frontière entre l'
Irlande et l'
Irlande du Nord. Comme le
Royaume-Uni est un territoire insulaire, il s'agirait alors de la seule frontière entre lui et l'Europe. Le
Royaume-Uni ne veut pas voir de frontière rétablie entre ces deux États marqués par des violences importantes, communément appelées ‘The Troubles', à la fin du 20e siècle.
À ce sujet, la tenue du Brexit devrait normalement instaurer un contrôle entre l'
Irlande et l'
Irlande du Nord. Par contre, il est très mal vu d'instaurer un contrôle à cette frontière qui pourrait non seulement être prise pour cible, mais contreviendrait aussi à l'accord du Vendredi saint (6). Cet accord, signé le 10 avril 1998, voulait mettre fin à 30 ans de violence entre l'
Irlande et l'
Irlande du Nord en éliminant tout élément de division frontalière entre ces deux États.
C'est ainsi que l'appellation ‘Back stop' vit le jour où il fut négocié en 2019 par l'ex-première ministre Theresa May et son homologue irlandais, Leo Varadkar. Cette entente de ‘Backstop' a pour but d'assurer qu'il n'y ait pas de frontière entre les deux États, et ce, peu importe les dispositions prises à la suite de l'adoption du Brexit. Il s'agit de maintenir l'
Irlande du Nord dans l'Union européenne pour les questions de tarifs douaniers, mais avec des dispositions particulières (7). Il n'y a par contre pas de consensus sur la procédure puisqu'un maintien de l'
Irlande du Nord dans l'UE sur les questions de
libre-échange force le reste du
Royaume-Uni à être contraint de respecter les modalités de l'entente sur les échanges commerciaux frontaliers.
À ce sujet, les
conservateurs veulent instaurer une zone frontalière plutôt qu'une ligne. Ainsi, l'
Irlande du Nord quitterait l'Union européenne comme le reste du
Royaume-Uni, mais serait bénéficiaire de dispositions particulières sur les échanges douaniers entre les deux
Irlande, et ce, sur certains secteurs précis seulement. Cependant, le Parti
travailliste (Labour) et les libéraux sont contre une quelconque forme de frontière entre les deux
Irlande. Jeremy Corbyn, chef du Parti
travailliste, est contre un tel scénario qui selon lui irait à l'encontre de l'accord du Vendredi saint (8). Les libéraux et leur cheffe Jo Swinson sont aussi contre un tel scénario qu'ils jugent catastrophique pour l'économie de l'
Irlande du Nord (9)
L'Irlande du Nord, un acteur économique faible au Royaume-Uni
L'
Irlande du Nord est la plus petite économie parmi les 4 grandes régions du
Royaume-Uni. Son produit intérieur brut (PIB) est de 60 milliards de dollars US, ce qui équivaut à 2,1 % du PIB total du
Royaume-Uni en 2017. Elle a le plus faible taux de croissance avec 10,9 %, contre 19 % pour l'ensemble des régions du
Royaume-Uni. Parmi celles-ci, l'
Irlande du Nord compte pour la région ayant les résultats les plus faibles sur la quasi-totalité des indicateurs économiques (10).
Les activités économiques du pays sont concentrées autour de secteurs économiques de faible production, le plus important étant les services avec une part de marché de 27 %. Les autres plus grands employeurs de cette région britannique sont l'agriculture, la construction et la vente. L'
Irlande du Nord possède de bonnes institutions d'éducation, mais ne possède pas les hautes entreprises permettant de maintenir ses cerveaux au pays, eux qui préfèrent bien souvent s'exiler vers les grands centres comme Londres.