Le 7 janvier 2007, Joseph Biden Jr, sénateur de l'État du Delaware depuis plus de 30 ans, a officiellement annoncé sa candidature pour les élections
présidentielles des
États-Unis de 2008. Cet opposant du
président George W.
Bush, qui fait actuellement figure d'outsider au sein du Parti démocrate, se présente néanmoins comme une alternative sérieuse aux figures de proue d'un parti divisé.
Un vétéran de la politique américaine
S'il est généralement peu connu des
observateurs étrangers, Joe Biden est pourtant souvent décrit comme un « vétéran » du paysage politique américain, lui qui avait déjà brigué, sans succès, l'investiture démocrate en 1988. En effet, le sénateur démocrate, accusé d'avoir plagié le discours d'un
travailliste britannique, avait été contraint de se retirer de la course électorale et s'était, par la suite, écarté des premières lignes de la vie politique afin de faire oublier cette erreur rédhibitoire (1).
Remplissant actuellement son 6e mandat au
Sénat, où il fut élu pour la première fois en 1972 à l'âge de 30 ans, ce représentant du Delaware se distingue d'abord par son implication au sein de la commission judiciaire. Cet avocat de formation y demeure encore aujourd'hui l'une des voix les plus respectées. Biden est en effet à l'origine de nombreux textes de lois qui ont modifié durablement la pratique judiciaire aux
États-Unis notamment en ce qui a trait aux libertés civiles, à la politique anti-drogue et à la prévention des crimes (2).
Néanmoins, c'est dans le domaine des relations internationales qu'il connaît le succès. Son implication fut ainsi récompensée en 2002, année de sa nomination à la tête de la commission sénatoriale sur la politique étrangère. Il y oeuvre depuis en faveur d'une reconsidération de l'engagement américain en
Irak. Car si le sénateur fut l'un des défenseurs de l'initiative irakienne de l'administration
Bush en 2003, il est désormais un bruyant détracteur de la gestion de l'après-guerre. Son statut de spécialiste en la matière, au sein du Parti démocrate, constitue certainement son plus grand atout dans la conduite de sa campagne
présidentielle. Il lui a ainsi déjà permis d'accroître sa visibilité auprès des électeurs américains.
Sur le plan national, ses nombreuses valeurs
conservatrices teintent son programme d'une tendance centriste marquée. Misant sur les inquiétudes de la société américaine à travers sa volonté de sécurisation physique du territoire, il tente également de répondre aux revendications sociales en appelant à l'expression multicultuelle nationale (3).
Une lutte difficile
Estimés actuellement aux alentours de 3%, les appuis sont néanmoins bons pour ce politicien averti, célèbre pour son franc-parler (4). Si sa popularité ne cesse de croître, il devra néanmoins faire face à de sérieux rivaux au sein même du Parti démocrate.
En effet, Hilary Clinton, sénateur de New York et femme de l'ancien
président américain Bill Clinton, ainsi que Barack Obama, jeune sénateur afro-américain, font figure de favoris. La perspective d'envoyer à la
Maison-Blanche la première femme ou le premier Noir de l'histoire, s'ajoute au
charisme et à la popularité des deux stars démocrates (5). Toutefois l'affrontement entre ces deux personnages politiques pourrait bien jouer en faveur de Joe Biden, d'autant plus que le jeune sénateur noir et l'ancienne première Dame visent tous deux l'électorat de centre-gauche et les minorités.
Joseph Biden compte sur son image d'homme politique expérimenté et sur un programme plus nuancé pour conquérir nombre d'Américains qui, tout en souhaitant un changement, tiennent à préserver une certaine image du pouvoir américain. Représentant de la nouvelle conscience internationale des
États-Unis, sa position sur la question irakienne lui attire déjà un soutien populaire croissant qui pourrait bien créer la surprise au cours de l'année 2008.
Tout reste possible, d'autant plus que dans l'histoire
présidentielle américaine, il est rare que les favoris de la première heure se retrouvent à l'arrivée (6).