Il y a dix ans, le 16 novembre 1997, les Hongrois disaient «oui» par voie référendaire à l'adhésion de leur pays à l'Organisation du
traité de l'Atlantique Nord (
OTAN). Quelques mois auparavant, le 9 juillet 1997, la
Hongrie avait été retenue avec la
Pologne et la
République tchèque pour adhérer à cette alliance militaire lors du Sommet de Madrid.
L'OTAN aux portes de l'ex-Union soviétique
Dès la dissolution du
Pacte de Varsovie en 1991, qui suivit l'effondrement de l'
Union des républiques socialistes soviétiques (
URSS), des États d'Europe centrale et de l'Est avaient manifesté leur volonté d'entrer dans l'
OTAN. Encouragée par les
États-Unis, l'Alliance atlantique créait alors le Conseil de coopération nord-atlantique qui entreprenait des études en prévision de son élargissement aux anciens pays du bloc de l'Est.
La première étape a été celle du Sommet de Madrid, qui avait par ailleurs entraîné le rejet de neuf autres candidatures, notamment des pays aux ressources financières insuffisantes (
Roumanie,
Bulgarie,
Slovaquie,
Slovénie,
Macédoine,
Albanie) et les pays baltes (
Estonie,
Lettonie,
Lituanie). En effet, malgré l'acception de trois anciens pays communistes, l'
OTAN restait tout de même prudente face aux pays baltes qui appartenaient à l'ancienne
URSS.
Lors du
référendum de 1997, près de 65% des Hongrois s'étaient montrés enthousiastes à l'adhésion de leur pays à l'
OTAN (1). Le Sommet de Washington, en avril 1999, marquait l'entrée officielle de la
Hongrie ainsi que de la
Pologne et de la
République tchèque dans l'Alliance atlantique (2). La décision de l'
OTAN de s'étendre vers cette Europe anciennement communiste devait annoncer une ère nouvelle dans les relations internationales.
Pour une zone de stabilité
Par son élargissement vers l'Europe centrale, l'objectif de l'
OTAN était d'étendre la zone de stabilité continentale. Selon János Martonyi, ministre hongrois des Affaires Étrangères entre 1998 et 2002: «le
gouvernement hongrois attribue une grande importance à la coopération régionale ayant pour objectif la réduction des nouveaux types de risques pour la sécurité» (3). Dès lors, la présence de l'
OTAN dans la région devait amoindrir les risques de conflits locaux, mais aussi le crime organisé, le trafic de drogue, le
terrorisme international et le commerce illégal des armes.
Les événements tragiques qui s'étaient déroulés au Kosovo en 1999 mettaient aussi en évidence l'importance d'une institution aussi efficace que l'
OTAN pour la sécurité régionale. Rappelons qu'entre le 24 mars et le 10 juin 1999, l'
OTAN procédait à des frappes aériennes sur la
Serbie pour la contraindre de retirer ses troupes du Kosovo.
C'est ainsi qu'en se joignant à l'
OTAN, la
Hongrie affirmait sa volonté de contribuer au maintien de la paix et au renforcement de la sécurité dans cette région dévastée par des problèmes ethniques, politiques et économiques. Pour János Martonyi, l'adhésion à l'
OTAN représentait un moyen efficace pour lutter contre les menaces, ce qui était «l'intérêt et même le devoir de chaque État
démocratique (4)».
Tout un défi pour la Hongrie
Mais si la
Hongrie désirait appartenir à l'Alliance atlantique, ce n'était pas seulement par crainte de l'insécurité régionale. C'était avant tout pour faire profiter la population hongroise de la prospérité et du développement économique qu'une telle alliance pouvait permettre. En effet, la
Hongrie voyait en l'
OTAN l'opportunité d'accéder à la stabilité, qui en retour favoriserait la coopération économique avec des investisseurs étrangers. De plus, la
Hongrie pouvait profiter du processus de l'élargissement de l'
OTAN pour renforcer la coopération avec ses voisins.
La
Hongrie devait entamer une ère nouvelle: celle du développement. D'ailleurs, parmi les critères établis pour son admission à l'
OTAN, figuraient l'établissement d'un système politique
démocratique et celui d'une
économie de marché authentique (5). Sans oublier que l'ancien pays communiste devait aussi réformer son matériel militaire avec l'acquisition d'un équipement moderne occidental. L'entrée à l'
OTAN avait donc un coût assez élevé pour le nouvel adhérant, qui n'ignorait cependant pas que tel était le prix à payer pour passer dans le camp occidental.