Le 19 septembre 2007 était la date anniversaire de l'arrivée au pouvoir de la junte militaire dirigée par les généraux de l'armée. Rappelons que l'armée n'avait pas fait de coup d'État depuis quinze ans. Le
putsch a mis fin au régime de Thaksin Shinawatra, qui se trouvait à New York. Il s'est déroulé sans effusion de sang et a été applaudi par la population.
En effet, le
gouvernement Thaksin avait perdu toute crédibilité et n'arrivait pas à sortir le pays de la crise politique qui le secouait depuis quelques mois. Pour rassurer la population, les militaires promettaient alors un retour rapide à la
démocratie sous trois conditions : mettre un terme au chaos politique, débarrasser le pays des leaders corrompus et réunifier le pays(1).
Un an après leur arrivée, on constate qu'une partie de ces objectifs ont été atteints. La junte militaire a effectivement lancé des poursuites judicaires contre l'ancien
premier ministre Thaksin Shinawatra et ses anciens collaborateurs, elle a élaboré une nouvelle
Constitution et annoncé des élections législatives à la fin de 2007. Mais la grogne populaire prend de l'ampleur. Les promesses ne semblent pas avoir totalement convaincu, et la crainte de voir les généraux s'accrocher au pouvoir se concrétise.
Vers une démocratie?
Le 20 août 2007, les résultats du
référendum constitutionnel ont confirmé la victoire du Oui avec 56,71% du suffrage exprimé(2). Dans cette nouvelle
Constitution, le rôle et le pouvoir des militaires et autres fonctionnaires seraient renforcés et diminueraient le pouvoir de l'exécutif. Quant au
Sénat, le nombre de sièges soumis au vote populaire diminuerait et la moitié de ceux-ci seraient nommés par des juges et des fonctionnaires. Dans un article du Bangkok Post intitulé "Unhappy anniversary", le juriste et ancien sénateur Thongbai Thongpao souligne : «nous avons une nouvelle
constitution qui pallie certaines faiblesses de celle de 1997. Mais elle soulève d'autres problèmes comme la sélection des institutions indépendantes où le pouvoir est transféré des politiciens aux juges (3)».
La
Thaïlande a un
régime parlementaire. Les partis politiques se disputent les sièges à pourvoir selon deux modes de scrutin ; le
scrutin majoritaire et le
scrutin proportionnel. Dans la situation actuelle du pays, aucun
parti politique ne semble se détacher du lot. C'est donc dire que le retour vers la
démocratie semble mener vers des
gouvernements de coalition, et que les tierces parties seront sous l'influence des personnes proches des militaires et du roi (Michael, Montesano université de
Singapour).
La communauté internationale a d'ailleurs réagi et exprimé son inquiétude face à la nouvelle situation. L'Union européenne, par la voix du
Premier ministre finlandais Matti Vanhanen, a regretté le renversement du
gouvernement démocratiquement élu et souhaite le retour au plus vite de la
démocratie. Quant à elle, la
Chine a indiqué ne pas vouloir s'ingérer dans les affaires intérieures des autres pays et souhaite que la
Thaïlande maintienne un environnement de paix et de sécurité à son peuple.