Un diplôme universitaire était considéré aux
États-Unis depuis la Deuxième Guerre mondiale comme l'investissement le plus important dans la vie. Un jeune de 22 ans ayant un diplôme universitaire gagne 70 % de plus que le jeune qui n'a qu'un diplôme secondaire. Une personne âgée de 50 ans ayant un diplôme universitaire gagne en moyenne 46 000 $ de plus annuellement que celui qui n'a qu'un diplômé secondaire.
Encore en 2012, les perspectives d'emploi pour un diplômé universitaire étaient beaucoup plus grandes. Les jeunes sans diplôme universitaire avaient un taux de chômage de 17,9 %, alors que ce taux n'était que de 7,7 % pour les jeunes diplômés.
Néanmoins, la donne a changé radicalement depuis la
récession de 2008. La reprise a été lente et les emplois disponibles sont beaucoup moins payants. Avec un taux de chômage beaucoup plus élevé, les jeunes ont donc de la difficulté à trouver un emploi très rémunérateur. Or, si en plus ils ont une dette d'études, la situation peut être catastrophique, non seulement pour eux, mais aussi pour leurs familles.
Les coûts moyens annuels des études universitaires aux
États-Unis sont 25 500 $, soit 23 200 $ pour une université d'État et de 44 700 $ pour une université privée. Ces montants comprennent à la fois les frais de scolarité, d'achat de livres, de nourriture et d'hébergement. Pour une année d'études à la maîtrise, les frais oscillent entre 42 000 $ et 58 000 $.
Confrontées à de telles dépenses, la large majorité des familles américaines, peu importe leur revenu, ont besoin d'aide pour combler les frais d'études de leurs enfants. Or, elles peuvent obtenir différentes aides financières : prêt du
gouvernement fédéral, bourse d'une fondation privée et prêt personnel auprès d'une banque.
L'étudiant dont le revenu familial est moins de 100 000 $ peut obtenir un prêt du
gouvernement fédéral. L'aide financière ainsi obtenue est de l'ordre de 10 200 $, ce qui signifie que l'aide
gouvernementale couvre en moyenne moins de 45 % des coûts annuels des études d'étudiant.
Chaque année, les diverses fondations et entreprises américaines distribuent pour 11 milliards $ en bourses privées. Mais seulement 8 % des étudiants se qualifient pour ces bourses dont le montant moyen se situe à 3400 $. Par exemple, la compagnie Coca-Cola a mis sur pied un programme de bourses allant de 10 000 $ à 20 000 $ pour les jeunes démontrant un
leadership exceptionnel. En 2013, 112 000 jeunes ont soumis leur candidature pour l'obtention de l'une des 250 bourses du programme.
Les familles ayant des revenus annuels de moins de 180 000 $ peuvent déduire dans leur rapport d'impôt les frais d'études de leurs enfants. Ces déductions fiscales représentent un coût annuel de 34 milliards $. Or, 57 % de ces déductions vont aux familles ayant des revenus supérieurs à 100 000 $ et seulement 12 % à des familles gagnant moins de 50 000 $.
En appliquant les différences formes d'aide et de bourses qu'un étudiant universitaire peut obtenir, ce dernier est confronté à un manque à gagner annuel de 14 300 $ (40 %) lorsqu'il poursuit ses études dans une université d'État et de 23 000 $ (50 %) lorsqu'il le fait dans une université privée.
L'étudiant doit donc compter sur l'apport de sa famille pour combler la différence entre le prêt
fédéral et la bourse d'une fondation privée. Si sa famille n'est pas en mesure de le soutenir financièrement, il doit alors se tourner vers une banque pour obtenir un prêt personnel.
L'étudiant américain ordinaire s'endette ainsi à deux niveaux. Il obtient en moyenne un prêt du
gouvernement fédéral de 40 800 $ pour quatre années d'études. Puis, il doit emprunter pour combler la différence entre l'apport de ses parents et les autres formes aides ou de bourses qu'il a pu obtenir et le coût total de ses études. Ces derniers emprunts totalisent en moyenne 29 400 $ pour quatre années d'études.
Ceci signifie qu'un étudiant termine un baccalauréat avec une dette d'environ 80 000 $. Les prêts étudiants aux
États-Unis ont connu une telle explosion qu'ils sont devenus, après l'hypothèque sur une maison, la deuxième source d'endettement pour une famille américaine. En 2013, les dettes d'études totalisaient la somme colossale d'un trillion de dollars.
Le prêt qu'un étudiant a obtenu par l'entremise du
gouvernement fédéral bénéficie d'un bas intérêt et donne accès à des programmes allégeant de remboursement. Mais il en va différemment pour les prêts personnels obtenus auprès d'une banque.
Pour obtenir un prêt personnel, l'étudiant, dans 90 % des cas, doit obtenir l'endossement d'un cosignataire, soit la plupart du temps un de ses parents ou un de ses grands-parents. Or, le cosignataire assume une responsabilité égale pour le remboursement d'un prêt que l'étudiant. Si l'étudiant se trouve plus tard en défaut de paiement, même lorsqu'il est sur le marché du travail, la banque peut revenir contre le cosignataire. De plus, la loi
fédérale sur les faillites a été modifiée en 2005 pour faire en sorte qu'un individu ne puisse pas inclure dans une faillite les prêts étudiants qu'il a contractés auprès d'une banque.
Or, il apport que les prêteurs utilisent souvent des pratiques commerciales trompeuses et exigent par la suite des taux d'intérêt exorbitants et d'importants frais cachés. Quand une famille est touchée par la tragédie, elle doit quand même assumer la dette. Souvent, c'est la famille entière qui est appelée à assumer la dette. Par exemple, Steve Mason avait cosigné un prêt étudiant de 100 000 $ pour sa fille Lisa. Après que sa fille soit décédée, il a vu la dette de cette dernière grimper à 200 000 $. Il n'y avait pas de clause d'assurance en cas de décès dans le prêt.
Cette dernière histoire est loin d'être unique. Elle ne fait que refléter les carences existantes dans le système de financement des études supérieures aux
États-Unis. Heureusement, le
président Obama a annoncé en juin 2014 un vaste programme visant à réformer l'aide aux étudiants et à permettre à ces derniers de se libérer de leurs dettes.
Dernière modification: 2014-08-25 09:15:15
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