Le 15 octobre dernier, le peuple irakien s'est rendu aux urnes afin de se prononcer sur le projet de
Constitution que proposait le nouveau
gouvernement.
Il y a maintenant 10 mois, soit le 30 janvier 2005, les
Irakiens ont élu une Assemblée transitoire, qui à son tour a élu Jalab Talabani, comme
Président de l'
Irak. Cet évènement a été toute une victoire pour le
Président américain, George W. Bush, qui promettait depuis la capture de Saddam
Hussein, l'ex-
président de l'
Irak, la
démocratisation du pays. Plusieurs ont douté de cet accomplissement, car la montée de violence dans le territoire irakien avait déstabilisé grandement la possibilité d'élections.
Le nouveau
gouvernement irakien, principalement composé de Chiites et de Kurdes, avait entamé la réaction du nouveau projet de
Constitution qui allait faire de l'
Irak un État Fédéral. Cette
démocratie parlementaire deviendrait la loi suprême sur le territoire et des élections législatives se tiendraient tous les quatre ans. Or, les Sunnites, peuple minoritaire vivant en majorité dans le nord du pays, s'opposaient rapidement à plusieurs clauses de la
Constitution. Effectivement, ils criaient à l'injustice car les Chiites et les Kurdes, groupes majoritaires vivant dans le centre et le sud de l'
Irak, écriraient en majorité la nouvelle
Constitution et, selon les Sunnites, laisseront peu de latitude à leurs propositions (1).
Après maintes
négociations et un possible « boycott », les Sunnites obtiendraient des compromis de la part du
gouvernement irakien. Sur près de 12 points en litige, ils obtiendraient la possibilité de proposer des modifications sur la
Constitution avant les législatives, qui auront lieu en décembre 2005. De plus, ils négocieraient plusieurs points sur le partage des ressources pétrolières, principale richesse économique de la région nordique où se regroupent majoritairement des Sunnites. Enfin, ils acquiesceraient à la possibilité pour certaines régions de se déclarer autonomes du
gouvernement central (2).
Le samedi 15 octobre 2005 était donc une journée attendue avec grande anticipation. Plusieurs personnes redoutaient, cependant, une possible attaque ou une montée de violence avant l'évènement. Mais près de 79% des électeurs se sont rendus voter, sans violence, dans les 6000 bureaux de vote établis dans chaque région du territoire irakien. L'
Irak allait savoir, enfin, si une entente entre les trois principaux groupes, Chiites, Sunnites et Kurdes, était possible ou si l'impasse gagnerait une autre fois le terrain (3).
Tout s'est joué sur une province, celle de Ninive. En effet, pour faire échouer le projet de
Constitution, il fallait obtenir un « non » dans trois régions à majorité Sunnites, où le trois quart de gens auraient voté contre. Deux régions sur trois ont obtenu les 75% soit celle de Anbar et de Sahedine. Or, dans la région de Ninive le non sur la
Constitution a obtenu 55% des voix, ce qui était donc insuffisant pour faire échouer la nouvelle
Constitution.
L'
Irak est donc aujourd'hui un territoire
fédéral où une
Constitution administre le
gouvernement et tentera d'établir une
démocratie dans les prochaines années.
Ce résultat positif suscite plusieurs réactions, autant négatives que positives, dans différents journaux et par plusieurs personnalités publiques.
Tout d'abord, dans le journal Al-Adalah de l'
Irak a déclaré : « La commission
fédéral indépendante aura non seulement annoncé le résultat du
référendum mais aussi la victoire des
Irakiens sur les
terroristes (?) » (4)
Dans l'éditorial du Al-Vefagh, autre journal irakien, l'auteur a affirmé que par la ratification de la
Constitution, les
Irakiens ont pris une direction décisive vers la stabilité.
Cependant, dans l'éditorial du London-Al-Quds Al-Arabi, on peut lire que l'annonce du résultat positif du
référendum confirme les doutes des Sunnites qu'une alliance a eu lieu entre l'administration américaine et l'alliance Chiites-Kurdes. De plus, dans le journal libanais Al-Mustaqbal, on affirme que la situation présente en
Irak ne se règlera certainement pas par l'imposition d'un régime
fédéraliste.
Du côté des commentaires de personnalités publiques plusieurs se sont réjouis de la bonne nouvelle (5). Le
Président américain, George W. Bush, a affirmé que la population d'
Irak a enfin prouvé sa détermination à obtenir un pays
démocratique contre toute forme d'extrémiste ou de violence. Le secrétaire d'État américain, Condoleezza Rice s'est exprimé en affirmant que les Sunnites avaient exercé leur droit de vote en choisissant le « non ».
Le négociateur sunnite a, quant à lui, indiqué que la violence n'était pas la solution et qu'il n'acceptera aucun
référendum ou aucune élection sans la présence d'
observateurs internationaux. Fareed Sabri, du Parti Islamic Sunnite
Irakien, prétend pour sa part révélé que cela ne fut pas un exercice de
démocratie, car les 6000 bureaux de vote étaient tous contrôlés par des militaires ou par le
gouvernement. Cependant, il indiquera que ce sera un pas vers la
démocratie.
Finalement, les avis sont partagés sur cette nouvelle
Constitution en
Irak. Un long chemin a été fait depuis l'attaque des
États-Unis, en mars 2003, pour en arriver au
référendum sur la
Constitution irakienne. Pour certains, il est clair que des tricheries ont été faites, mais pour une majorité il s'agit d'un pas en avant vers la
démocratie. Reste à voir les législatives qui auront lieu au mois de décembre prochain, où le peuple irakien sera appelé une nouvelle fois à exercer leur droit de vote. L'avenir est le seul à connaître le déroulement final de ces évènements dans ce pays en grande transition?.