Le 27 août 2008, la Cour suprême du Mexique a pris une décision historique en jugeant constitutionnel le texte de loi donnant aux femmes de la ville de Mexico le droit de mettre fin à leur grossesse durant les 12 premières semaines de gestation. Après des mois d'audiences, une majorité des juges ont convenu que la Constitution ne fait pas état d'une obligation de protéger le foetus contre la volonté de la mère(1). Cette décision est cependant loin de faire l'unanimité.
Le jugement de la plus haute instance du pays change considérablement la donne en ce qui concerne l'avortement dans la ville de Mexico. Préalablement, ce droit était seulement accordé en cas de viol, de malformation du foetus ou si la santé de la mère était mise en danger. Des études auraient démontré que, même dans ces circonstances, les obstacles administratifs demeuraient innombrables(2). On estime que plus de 1 500 femmes perdaient la vie chaque année en tentant un avortement clandestin(3). Avec la mise en vigueur de ce nouveau projet de loi, les femmes auront le choix d'avoir recours à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) dans l'ensemble des cliniques publiques de la ville.
La constitutionnalité de la législation, adoptée au Parlement de la capitale le 27 avril 2007, avait été vigoureusement contestée par les lobbies conservateurs du pays. Les groupes anti-avortement s'indignent face à cette politique qu'ils jugent irrespectueuse du « droit sacré à la vie »(4) et « contraire aux principes humains »(5). Parmi ceux-là, l'Église catholique, dont l'influence s'étend à 90% de la population mexicaine, a menacé d'excommunier les députés en faveur de l'avortement. Enfin, les « défenseurs de la vie » craignent de voir cette initiative, première du genre sur le continent sud-américain, inspirer les femmes des pays avoisinants.
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