Certains évènements politiques passent à l'histoire, comme celui qui attend la classe politique américaine l'été prochain. Du 25 au 28 août 2008, se tiendra la
convention nationale démocrate qui verra le parti se doter d'un candidat officiel pour l'élection
présidentielle de novembre 2008. Peu importe le vainqueur de cette
convention, le résultat du vote sera sans précédent. Les électeurs démocrates auront le choix entre un candidat de sexe féminin en la personne d'Hillary Clinton, ou bien un homme de race noire en la personne de Barack Obama.
Premier candidat d'envergure
Barack Obama n'est pourtant pas le premier Afro-Américain à se présenter de manière sérieuse à l'investiture d'un grand
parti politique américain. C'est en effet à Jesse Louis Jackson que l'on doit l'écriture de cette page d'histoire. Ce révérend originaire de Caroline du Sud a été le premier candidat noir à remporter des caucus et des primaires lors d'une course à l'investiture (1).
Alors qu'il est une des personnalités politiques les plus en vue du monde afro-américain, à l'image rassembleuse d'un Martin Luther
King, M. Jackson lance sa candidature pour le poste de candidat démocrate en 1984. Un peu comme la récente campagne de Barak Obama, Jackson connait beaucoup de succès dans le sud des
États-Unis, là où la minorité noire est traditionnellement marginalisée. Ces États du Sud, fortement touchés par la
récession économique des années 1980, comptent des populations plus défavorisées et sensibles au discours de Jackson. En ces années marquées par les réformes
conservatrices de la présidence de Ronald
Reagan, Jackson parle donc de réconciliation et de mesures sociales. Avec des résultats plus que respectable, environ 3.5 millions de voix à la
convention de 1984 (2), Jackson, malgré une équipe chancelante et des budgets limités, s'attire les louanges du parti et le respect de l'establishment démocrate.
Sa seconde tentative à l'investiture démocrate survient en 1988 et sera encore plus éclatante. Considéré par les médias comme un candidat peu influent, Jackson surprend tout le monde en sortant bon premier lors du « Super Tuesday » de mars 1988 en remportant cinq États du Sud (3). À la suite d'une autre victoire surprise dans l'État du Michigan cette fois, un État blanc, du nord et industriel, Jackson devient le leader de la course à l'investiture et sa popularité ne cesse d'augmenter (4). Ce n'est que dans les derniers miles de la campagne que Jackson commence à perdre du terrain face à ses adversaires, dans une lutte très chaude, un peu à l'image de la présente course à l'investiture démocrate. Finissant second avec 6.8 millions de voix (29.3 %) (5), Jackson a été pressenti pour devenir colistier du sénateur Michael Dukakis, gagnant de l'élection. Mais le choix de ce dernier se portera plutôt sur le sénateur du Texas, Lloyd Bentsen.
Choix facile!
S'il avoue connaître personnellement le couple Clinton et partager l'optimisme et la ténacité d'Hillary, Jackson semble néanmoins être partisan de Barack Obama, qu'il voit très bien devenir le premier
président afro-américain du pays. Lors d'une entrevue donnée à un journaliste de la BBC le 3 février 2008, M. Jackson déclarait que Barak Obama est le mieux placé pour réunir tous les Américains avec son
charisme, son message d'espoir et surtout, une équipe efficace et monétairement bien nantie (6)! Quand on lui demande ce qui fait la différence entre la campagne d'Obama et sa propre campagne de 1988, M. Jackson parle d'éléments semblables et différents. S'il avoue partager la même foi en un futur pour l'Amérique, M. Jackson déclare que M. Obama « est sur une campagne mieux ancrée et solide que ne l'a été la mienne. Il a superbement remporté des victoires dans des États traditionnellement difficile pour les candidats noirs » (7).
La seule crainte de M. Jackson est de voir apparaitre des conflits internes et des déchirements au Parti démocrate, à la suite de cette lutte très chaude entre les deux candidats. Il lance donc un appel aux deux candidats, demandant la réunion et la coopération au lendemain de la campagne pour « travailler ensemble dans la même voie démocrate » (8). Il termine néanmoins son entrevue sur une note positive, jugeant que si l'Amérique est face à un choix historique, elle est mâture et prête à y faire face (9).