Les primaires démocrates américaines sont en cours depuis maintenant près de deux mois et doivent aboutir au choix d'un candidat pour l'élection
présidentielle du 4 novembre 2008. Ce candidat n'est toutefois pas encore décidé. En effet, cette course démocrate, qui doit se conclure par le congrès du parti en août prochain, est une course imprévisible avec un dénouement qui demeure inconnu. En ce sens, les prochaines élections prennent une importance capitale pour les deux candidats qui luttent pour se présenter à la
présidentielle.
C'est le 4 mars 2008 que se déroulera la prochaine étape pour Barack Obama et Hillary Clinton. Ce sera alors au tour du Rhode Island, du Vermont, de l'Ohio et plus particulièrement du Texas de prendre part au choix du prochain candidat
présidentiel démocrate. L'enjeu est tel que les Texans ont l'impression d'avoir une décision d'une importance capitale à prendre : « What we do in the next 14 days will allow us to change the world(1).» Il est intéressant de suivre la course démocrate au Texas, un État pourtant réputé pour voter en faveur du Parti républicain. C'est d'ailleurs l'État où le
président actuel, George W.
Bush, a grandi (2).
Les candidats démocrates
Les deux candidats qui s'affrontent pour l'investiture démocrate sont Barack Obama et Hillary Clinton. Ces deux avocats sont présents au Congrès des
États-Unis en tant que sénateurs de l'Illinois et de New York respectivement. Barack Obama est d'ailleurs le seul Afro-américain à siéger au
Sénat (3). Né d'une mère américaine et d'un père kenyan, il a passé une grande partie de sa vie en
Indonésie qui, soit dit en passant, est le pays musulman le plus populeux de la planète (4). Considéré comme très charismatique et rassembleur, M. Obama serait le premier homme noir à devenir
président des
États-Unis (5).
Pour sa part, Mme. Clinton, la femme de l'ancien
président Bill Clinton (1993-2001), a joué un rôle actif durant les mandats de son mari (6). Elle est plus expérimentée dans le domaine politique et représente l'État de New York depuis 7 ans. Si elle remporte les primaires, elle deviendrait la première femme candidate à la présidence des
États-Unis.
Il est particulier de voir que cette course au
leadership du Parti démocrate ne se fait pas principalement sur la base d'idées. Les deux candidats restants ont les mêmes lignes directrices, soit la réforme du réseau d'assurance santé et le retrait des troupes américaines d'
Irak (7). La course s'oriente donc davantage sur le fait que la victoire de l'un ou l'autre des candidats a une très grande portée symbolique car les deux représentent une éventuelle première à la Maison-blanche.
À la suite du Super Tuesday...
Les primaires démocrates sont sans contredit les plus serrés de l'histoire, et par conséquent les plus suivies et les plus intéressantes. Jusqu'à maintenant, les deux candidats sont au coude à coude. Même à la suite du Super Tuesday, qui fait habituellement ressortir un candidat aux dépens des autres, le dénouement de cette course reste imprévisible.
Depuis le début de cette course, Barack Obama détient 1280 délégués contre 1218 pour Mme. Clinton. Or, afin de remporter la course, le vainqueur doit atteindre 2025 délégués sur une possibilité de 4049 (8). Le Texas représente un enjeu de taille, car à lui seul il compte 228 délégués dont 35 super délégués (9). Les super délégués sont des membres influents du parti, tels que des gouverneurs d'État ou des anciens
présidents. Ces derniers ne sont pas élus et ne sont pas tenus d'annoncer leur intention de vote, comparativement aux délégués élus qui doivent annoncer leurs couleurs mais qui peuvent toujours changer l'orientation de leur vote lors du congrès. Les délégués élus représentent plus de 80% des 4049 délégués (10).
La course texane
Le Texas est le dernier État d'importance dans la course. Il constitue donc une étape cruciale pour les deux candidats. La procédure électorale au Texas est particulière. Cet unique mode de votation comporte un processus complexe de primaires et de caucus (les règlements font 11 pages!) (11). La dernière fois que cet État constituait un tel enjeu, il faut remonter à la bataille de 1988 entre Michael Dukakis et Jesse Jackson (12). La victoire appartenait alors à M. Dukakis (30% contre 20%), alors qu'il a du partager les délégués presque équitablement avec M. Jackson (72 - 67) à cause de la complexité texane. 44 délégués n'étaient donc pas attribués (13).
La mécanique texane fonctionne comme suit : 126 délégués sont répartis en fonctions des résultats électoraux des 31 districts d'États sénatoriaux que comporte le Texas. Par contre, là où la course se corse, c'est que le nombre de délégués varie en fonction de chaque district. Ce nombre a été décidé précédemment lors de l'élection du gouverneur et peut donc inciter un candidat à mettre l'accent sur certains districts. Ensuite un processus de caucus se met en branle. C'est à ce moment que les 67 autres délégués sont choisis par les personnes ayant pris part au vote (14). Lors des primaires démocrates de 2004, c'est John Kerry qui l'avait remporté sur M. John Edwards avec 67% contre 14% (15).
On ne peut parler des primaires américaines sans glisser un mot au sujet du financement et des coûts d'une telle course électorale. Le Texas constitue près de 12 00 000$ de financement en faveur des candidats démocrates. Ces millions sont répartis de telle façon que Hillary Clinton bénéficie de 4,7 millions tandis que Barack Obama a récolté près de 3,2 millions (16).
Aperçu des primaires de 2008
La course démocrate au Texas est jusqu'à maintenant à l'image de la course au niveau national. En effet, les derniers sondages affirment que les intentions de votes sont pratiquement à égalité en date du 17 février 2008 : Hillary Clinton 50%, Barack Obama 48%, indécis 2% (17). Tout peut donc encore se jouer.
Le vote texan risque de se séparer entre les deux candidats en fonction du sexe des électeurs ainsi que de leur origine ethnique. En ce sens, les sondages tendent à indiquer que les hommes préfèrent M. Obama, tandis que les femmes envisagent davantage voter pour Mme. Clinton (18).
Les Latino-Américains représentent une grande portion des électeurs au Texas, soit environ 25% (19). Par contre, comparativement aux Afro-Américains, ils ont tendance à voter en moins grande proportion. Jusqu'à présent, M. Obama a remporté 8 votes sur 10 chez les Afro-Américains alors que Mme. Clinton récolte 6 votes sur 10 au niveau des hispaniques, et ce au niveau national (20).
M.Obama croit être en mesure de rafler le vote des centres urbains principalement à cause de la concentration de la population afro-américaine dans ces régions. Par exemple, la bataille à Dallas, selon le Dallas Morning News, devrait favoriser Barack Obama à cause du vote des communautés noires qui servent de base au Parti démocrate dans cette région (21). De plus, Mme Clinton ne peut que se fier sur le vote des hispaniques, car en Virginie c'est M. Obama qui aurait obtenu leur appui (22).
La course démocrate risque donc d'être divisée au Texas aussi, un État réputé pour être républicain. Cet État aura un poids décisif pour l'avenir politique de Mme. Clinton au Parti démocrate. Mathématiquement, elle se doit de remporter une majorité de délégués afin de pouvoir encore aspirer à la présidence des
États-Unis.