Après plus d'un an de campagne incessante marquée de plusieurs revirements, les candidats à la présidence des
États-Unis, Barack Obama et John McCain, sont pratiquement au coude à coude dans les derniers milles séparant l'un d'eux de l'assermentation à la Maison Blanche. Au cours de ce périple, les problématiques actuelles du pays, d'ordre économique, social et international, ont conféré un caractère d'
urgence au débat idéologique américain. D'une part, l'offre charismatique du changement soumise par le premier candidat noir, de l'autre, la promesse d'un fondement sûr et expérimenté d'un vétéran du Vietnam. Les Américains sont à nouveau départagés entre démocrates et républicains.
Avec moins de deux mois à faire, l'heure est à la spéculation à savoir quel parti remportera quel État? Les
observateurs s'attardent plus particulièrement aux États « incertains » à forte influence qui pourraient tout faire basculer. Parmi ceux-là, la Floride fait tourner bien des têtes.
Un État qui fait le poids
La Floride pèse lourdement dans le processus électoral des
États-Unis. Proportionnellement à sa démographie, il dispose à lui seul de 27 des 538 grands électeurs du pays. Le
suffrage universel indirect veut que les grands électeurs soient garants de la représentation du vote populaire. Ainsi, lorsqu'une majorité simple est atteinte par un candidat dans un État, l'ensemble des grands électeurs représentant celui-ci doivent, en principe, voter pour ce dernier.
En guise de comparaison et pour saisir l'influence floridienne, la Californie et le Texas possèdent respectivement 55 et 34 grands électeurs, tandis que les États les moins populeux tels que le Dakota ou le Wyoming n'en ont que 3. La Floride est donc un enjeu clé pour les candidats à la recherche d'une majorité. Obama saisit la portée de cette réalité lorsqu'il énonce que la perspective d'une victoire démocrate en Floride rendrait « pratiquement impossible » les chances que « John McCain soit élu »(1).
Les précédents historiques soutiennent également l'importance de l'électorat floridien. Au cours des huit dernières campagnes, sept des candidats ayant remporté la Floride ont été élus(2). L'élection de 2000, jugée comme étant la plus serrée de l'histoire, a été particulièrement mémorable pour cet État dont les votes ont servi à trancher entre le républicain George W.
Bush et le démocrate Al Gore. Ce souvenir est encore frais pour ses citoyens qui ont finalement, à la suite d'une saga juridique qui s'est rendue à la
Cour suprême, donné raison à
Bush par seulement 537 voix(3). Cette décision contestée fut timidement reconfirmée en 2004 lorsque les républicains remportèrent de nouveau la Floride, mais cette fois avec près de 5% d'avance sur le démocrate John Kerry(4). L'histoire récente démontre donc que rien n'est acquis pour Obama et McCain qui devront tout mettre en oeuvre afin de gagner les bonnes grâces de cet État crucial.
Tout à gagner
Sondages à l'appui, on constate que l'État de la Floride est indécis. Tandis que, pour la même période, le sondeur Strategic Vision concède une avance de 5% à McCain, NBC, de son côté, donne l'avantage à Obama par 2% (5). Cette réalité est à l'image de la population floridienne dont la démographique reflète une multitude de champs d'intérêts. À cet égard, l'âge et l'ethnie permettent une catégorisation pertinente et révélatrice.
D'abord, 17,6% des habitants de la Floride sont âgés de 65 et plus(6). Selon les analystes, le réflexe électoral des aînés pencherait en faveur des républicains(7). Récemment, Rasmussen Report a chiffré cette inclinaison à 48% contre 43%. Inversement, il semblerait que les individus de moins de 40 ans tendent à voter pour Obama à 58% contre 42% (8).
La composition ethnique de la Floride est également un facteur non négligeable. Avec 16,8% d'hispanophones, 14,6% d'Afro-américains, 7,5% d'Asiatiques et autres, l'intérêt des deux partis pour ces groupes est réel(9). Bien qu'au niveau national ces minorités votent majoritairement en faveur des démocrates, il a été démontré qu'en 2004 elles ont appuyé George W.
Bush(10). Devant cette démonstration mitigée, il semblerait que le sort de l'État de la Floride soit impossible à déterminer avant la soirée électorale du 4 novembre.