Au cours de l'été 2008, on a pu assister à une montée de la violence en
Bolivie, principalement dans le secteur de Pando, dans le Nord du pays. Même s'il s'agit de la région qui a la plus faible participation au produit intérieur brut (1), il s'agit de l'un des cinq départements qui, étant plutôt riches grâce aux hydrocarbures, revendiquent davantage d'autonomie face au
gouvernement central. À l'opposé, les quatre autres départements, tous situés dans l'Ouest et bien plus pauvres, dénoncent cette volonté autonomiste (2). Également contre cette approche, le premier
président indigène du pays, Evo Morales, est soutenu par d'importants mouvements d'origine autochtone ainsi que de nombreux paysans de l'Ouest du pays (3).
En plus de vivre à des hauteurs où les conditions de vie sont exécrables, les paysans des hauts plateaux andiens vivent, comme 59% de la population du pays, bien en deçà du seuil de la pauvreté (4). Les
Boliviens d'origine autochtone représentent environ 55% de la population. On dénombre ensuite 30% de Métis et les Blancs sont près de 15% (5).
Du côté de l'Est, plus riche, on retrouve beaucoup de descendants européens, conduisant des VUS et portant des vêtement griffés. On retrouve d'ailleurs beaucoup de racisme en
Bolivie, le plus pauvre pays d'Amérique du Sud (6). Les Blancs et les Métis sont plus libéraux; les autochtones plus socialistes. Des narcotrafiquants armés et les
autorités régionales de Pando, tous sous le contrôle du gouverneur de la région, seraient les principaux auteurs de meurtres reliés à la situation actuelle. Le chef de l'armée bolivienne a aussi été critiqué pour son inaction, notamment par le
président vénézuélien Hugo
Chavez (7).
Malgré les efforts de Morales pour maintenir l'ordre dans le pays, d'importantes manifestations de l'opposition ont eu lieu dans le Pando en cette fin d'été 2008. Différentes sources rapportent plus d'une centaine de disparus, jusqu'à 30 morts ainsi qu'une centaine de blessés (8). D'autres manifestants autonomistes se sont accaparés de possessions
fédérales comme de petits aéroports, des bureaux administratifs, des douanes, etc. Le transport des hydrocarbures vers le
Brésil et l'
Argentine a aussi été lourdement affecté par des blocages de routes et des explosions commises sur des gazoducs (9).
Gestion de crise
Les derniers regains de tension ont forcé le
président Morales à décréter, le 12 septembre 2008, l'état d'
urgence dans la région de Pando. Ce genre de mesure permet de restreindre certaines libertés. Dans ce cas-ci, les manifestations (voire les rassemblements), le transport d'armes à feu et d'explosifs, ainsi que l'ouverture tardive des bars ont été interdits à moins d'avoir une autorisation du
gouvernement (10). De plus, jusqu'à nouvel ordre, il est défendu de circuler dans les rues entre 22h et 6h (11). Toujours dans la même journée, Morales a déclaré « miser sur le dialogue, la dignité et l'unité du pays malgré les provocations » et a rappelé à la police et à l'armée de ne pas tirer sur la population (12).
En soirée, le
président a rencontré le porte-parole de l'opposition bolivienne, Mario Cossio, pour tenter d'endiguer la vague de violence. Finalement, afin d'être le plus représentatif possible, Morales a proposé à son peuple un
référendum sur la
Constitution ainsi que sur sa réforme agraire. Celui-ci se tiendra le 7 décembre prochain (13).