Caroline
Kennedy, fille du
président John F.
Kennedy assassiné en 1963 et nièce
de Robert F.
Kennedy, sénateur de New York assassiné en 1968(1), a annoncé au
mois de décembre 2008 son intérêt pour le siège sénatorial de l'État de New
York qui sera laissé vacant par le départ pressenti d'
Hillary Clinton(2).
Dans une situation où un siège sénatorial se retrouve vacant, c'est au
gouverneur de l'État qu'incombe la responsabilité de nommer un nouveau
sénateur. Dans ce cas-ci, monsieur David Paterson, gouverneur de l'État de New
York, aura à nommer la personne qui remplacera
Hillary Clinton jusqu'aux
prochaines élections sénatoriales prévues en 2010(3). Des quelques candidats
potentiels, les plus connus sont monsieur Andrew Cuomo, fils de l'ancien
gouverneur de l'État, et madame Caroline
Kennedy(4).
Aperçu biographique de Caroline Kennedy
Âgée de 51 ans, mariée et mère de trois enfants, la candidate est la dernière
survivante de la famille du défunt
président. Avocate de formation, publiciste
et auteure(5), Caroline
Kennedy, au-delà de sa notoriété familiale, s'est
également fait connaître par son implication dans différents organismes
philanthropiques reliés à l'éducation et à la santé. Elle y a d'ailleurs
laissé sa marque en tant que redoutable organisatrice de levées de fonds,
amassant des dizaines de millions de dollars pour différentes causes(6).
Bien que possédant peu d'expérience en politique, elle joua cependant un rôle
de premier plan durant la campagne du candidat démocrate Barack Obama lors de
l'élection
présidentielle de 2008(7).
Accueillie favorablement par la population de l'État de New York, la candidature
de Caroline
Kennedy a connu un bon début de campagne. Elle a reçu
l'assentiment du maire de la ville de New York, Michael Bloomberg, qui disait à
son sujet «qu'elle pouvait accomplir n'importe quoi»(8).
La spirale des critiques
Par contre, peu de temps après, Caroline
Kennedy, de plus en plus critiquée pour
son manque d'ouverture face aux médias et au public en général, décida
d'accorder une série d'entrevues(9). Expliquant les raisons qui ont motivé sa
décision de faire le saut en politique, elle avança la tragédie du 11 septembre
2001 ainsi que son implication dans la campagne
présidentielle de Barack Obama.
Elle souhaitait également véhiculer le message de son père John F.
Kennedy(10).
Au lieu de faire taire les critiques, cet exercice de relations publiques a eu
l'effet inverse. Il provoqua un vif débat parmi les
observateurs et les acteurs
de la scène politique américaine à savoir si Caroline
Kennedy possédait les
qualités nécessaires pour aspirer au poste de sénatrice. Répondant en entrevues
par des réponses vagues, manquant d'éloquence, souvent mal articulée et
utilisant un vocabulaire qualifié de «pauvre», madame
Kennedy s'attira les
foudres de nombreux démocrates et républicains(11). Rétorquant qu'elle
possédait les qualités voulues pour être nommée au poste de sénatrice avec son
expérience de personne engagée(12), Caroline
Kennedy n'aura pas été en mesure
de faire taire la polémique l'entourant.
Cet épisode n'est pas sans rappeler celui de Sarah Palin, la colistière de John
McCain lors de la dernière élection
présidentielle de 2008(13). Constamment
critiquée durant la campagne électorale pour son manque d'expérience politique
malgré le fait qu'elle ait été élue gouverneure de l'État de l'Alaska en 2006,
elle fût un boulet pour la campagne républicaine(14).
Les critiques de madame
Kennedy comme Hank Sheinkopf de CNN(15) et Peter
King(16), représentant républicain de l'État de New York, avancent qu'elle ne
mérite pas le siège d'
Hillary Clinton. Selon eux, elle utilise seulement son
nom de famille et sa position sociale pour le réclamer sans avoir à faire de
campagne électorale. Elle camoufle ainsi son manque d'expérience.
Certains se portent à la défense de Caroline
Kennedy. Roland Martin, analyste à
CNN, explique que selon la
Constitution les seules qualifications demandées à madame
Kennedy sont qu'elle soit âgée de plus de trente ans et qu'elle
soit citoyenne américaine depuis neuf ans(17), point à la ligne. Le maire de
New York, Michael Bloomberg, affirme pour sa part qu'un candidat au poste
sénatorial n'a pas à connaître tous les dossiers dans les moindres détails
puisqu'il peut compter sur une équipe de conseillers pour cela(18).
L'avenir politique de Caroline
Kennedy, femme au parcours atypique(19) et issue
d'une famille au nom mythique, semble maintenant incertain voire même compromis. Elle annonça par voie de
communiqué le 22 janvier 2009 qu'elle se
désistait de la course en invoquant des raisons personnelles(20). De plus en
plus hésitants face à Caroline
Kennedy, les New-Yorkais semblaient d'ailleurs,
selon les derniers sondages, favoriser davantage Andrew Cuomo au poste de
sénateur(21).