La diplomatie américaine a perdu beaucoup de son lustre lors des deux mandats de George W.
Bush. Une des priorités de Barack Obama est d'ailleurs de redorer le blason de l'influence américaine à l'étranger. La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton, l'équivalent d'un ministre des Affaires étrangères, a donc été envoyée en mission officielle en Asie à la mi-février dernier. Le but : rafraîchir des relations diplomatiques bilatérales avec des partenaires prioritaires (1).
L'économie retenait évidemment l'attention d'entrée de jeu, considérant le contexte de crise économique. Malgré cela, d'autres sujets non moins importants, comme le cas de la
Corée du Nord, figuraient à l'ordre du jour. Bref, une coopération plus étroite entre des acteurs d'importance est désirée par l'administration Obama.
Quatre pays, de nombreux enjeux
Madame Clinton a visité 4 pays dans le courant de la semaine : le
Japon d'abord, comme le veut la tradition, l'
Indonésie, la
Corée du Sud et finalement la
Chine. Les enjeux abordés au
Japon et en
Corée du Sud étaient les mêmes : la
Corée du Nord et l'économie. La problématique qu'apportent les politiques nucléaires de la
Corée du Nord rend les deux alliés des
États-Unis de plus en plus inquiets (2). Le
Japon désirait aussi être rassuré dans sa position d'allié stratégique principal dans la région (3), alors que la
Corée du Sud souhaite un renforcement du partenariat militaire avec les
États-Unis.
Du côté de l'économie, le
Japon est un des pays les plus touchés actuellement par la crise économique, son PIB s'étant effondré de 12% dans le dernier trimestre (4). La situation est similaire du côté coréen, mais à une échelle moindre. Le niveau de l'économie du pays a en effet reculé de 5,6% dans le dernier trimestre de 2008 (5). Le sujet de la crise a donc évidemment été abordé lors des rencontres, même si aucune solution concrète ne semble en être sortie.
L'
Indonésie était aussi une cible intéressante pour Hillary Clinton. Il faut garder en tête que l'
Indonésie est un pays comptant plus de 220 millions d'habitants, la majorité étant musulmane. La
démocratie et la stabilité sociale y sont encore fragiles, par contre. L'accueil réservé à Hillary Clinton par certains étudiants musulmans n'était pas très chaud. Certains la qualifiaient même de
terroriste. Ils en ont également profité pour lancer des chaussures sur une caricature de la secrétaire d'État (6). Le choix de l'
Indonésie est aussi particulier, puisque généralement le principal allié des
États-Unis en Asie du Sud-est est la
Thaïlande. Mais avec la crise politique qui continue dans ce pays, Hillary Clinton a décidé de cibler un autre État important. L'
Indonésie aura aussi servi de tremplin à la secrétaire d'État pour discuter d'un partenariat élargi avec l'Association des États de l'Asie du Sud-est (ASEAN) (7).
Finalement, en
Chine, la secrétaire d'État s'est concentrée sur les enjeux économiques (8) et a évité la question des droits de l'Homme. Cette cause lui tenait pourtant à coeur, elle qui demandait le boycottage de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Pékin pour condamner l'inaction de la
Chine dans la crise du Darfour (9). Il faut aussi noter que la crise économique n'épargne pas le géant asiatique, le taux de croissance économique se rapprochant du seuil de 8%, considéré comme le minimum pour prévenir une implosion économique et sociale (10).
Le véritable objectif
Mais pour l'essentiel, le voyage de madame Clinton dans cette région se voulait avant tout la première étape du remodelage de la diplomatie américaine. Cela s'est vu dans les opérations de charme menées par la secrétaire d'État. Elle s'est permis entre autres une apparition sur un campus universitaire à Tokyo et à une émission de télévision populaire en
Indonésie, où des sujets plus légers ont été abordés (11). Cela s'inscrit dans la stratégie des
États-Unis de séduire le monde, après la rupture causée par le prédécesseur de Barack Obama.