Alors que l'eau laissée par l'ouragan Katrina se retire lentement des terres du sud des
États-Unis, une nouvelle tempête fait rage chez notre voisin méridional. À Washington, la tempête est politique et, dans l'?il de ce cyclone, républicains et démocrates se livrent un véritable bras de fer.
Dès que l'ouragan Katrina a frappé la côte états-unienne, les têtes d'affiche du Parti démocrate n'ont cessé de critiquer l'Agence
fédérale américaine de gestion des crises (FEMA) pour son manque d'efficacité et de
leadership dans son assistance aux milliers de personnes en détresse. Ces critiques se voulaient aussi une attaque vers le
gouvernement de George W.
Bush, qui a réduit le budget d'entretien des digues de la Nouvelle-Orléans pour financer les réductions d'impôt lors de son premier mandat. (1)
Joints par les grands médias américains, des sénateurs démocrates ont lancé une pleine offensive contre Michael Brown, le directeur de la FEMA. Selon l'un d'eux : « Les évènements des dix derniers jours montrent que M. Brown a accumulé les erreurs de jugement et failli à ses responsabilités de base. Son maintien à ce poste essentiel fait peser un risque sur le succès des efforts de secours en cours. » (2) Réagissant aux critiques qui fusent de toute part, l'administration du
gouvernement Bush a rappelé Brown à Washington le 9 septembre, l'écartant ainsi de la gestion de la crise à la Nouvelle-Orléans. Satisfaits en premier lieu de la démotion de Brown, les démocrates réclament maintenant sa démission.
Accusant le
gouvernement Bush de manquer de
leadership dans la gestion de la crise causée par l'ouragan Katrina, les congressistes démocrates ont lancé, ce 15 septembre, leur propre plan d'action pour reconstruire la côte du golfe du
Mexique. Il met l'emphase sur la nécessité de voir rapidement à la création d'emplois, à la reconstruction de maisons, d'écoles et de commerces, tout en consolidant la cohésion sociale. Les démocrates jugent qu'ils sont plus aptes que les républicains pour mettre en oeuvre ce qu'ils appellent leur « plan Marshall » domestique. Cette référence au plan du secrétaire d'État George Marshall pour reconstruire l'Europe après la Seconde Guerre mondiale amène les démocrates à conclure que les travaux coûteront des dizaines de milliards de dollars.
En réponse au plan des démocrates, le
président Bush s'est montré rassurant à l'endroit des familles évacuées. Dans son adresse à la nation, il a promis qu'il ferait tout pour verser une somme de 2000 $ par famille « aussi rapidement et facilement que possible ». De plus, le
président Bush a assuré qu'une grande partie des coûts de la reconstruction de la zone sinistrée sera couverte par le
gouvernement. Cette dernière
déclaration a créé une division au sein du Parti républicain où plusieurs ténors politiques ne partagent pas la vision du
président Bush. Selon le New York Times, « l'état d'esprit [de l'administration
Bush] trouble certains législateurs qui craignent qu'en plus de la renaissance de la côte du golfe du
Mexique, un autre phénomène naisse de la tempête : un déficit
fédéral record. (3)»
Enfin, l'enquête qui sera menée pour déterminer les erreurs du
gouvernement dans ses réactions à la suite de l'ouragan, demeure un point de litige entre républicains et démocrates. Ces derniers jugent la commission d'enquête spéciale du Congrès trop partiale. Pour Harry Reid, sénateur démocrate, « la seule façon de demander des comptes à tous les niveaux de
gouvernements, c'est de retirer ce processus des mains des politiciens ayant un intérêt direct dans l'issue [de l'enquête] (4)». Malgré les demandes répétées des démocrates, le
président Bush refuse toujours de créer une commission d'enquête indépendante, mais assure vouloir établir clairement tous les faits.
Les attaques incessantes du Parti démocrate ont grandement contribué à ce que le
président Bush reconnaisse ses erreurs. En chute libre dans les sondages, sa faible popularité lui a fait admettre pour la deuxième fois, à la mi-septembre, que son
gouvernement n'avait pas été à la hauteur. Le
gouvernement Bush doit donner l'impression qu'il maîtrise la situation, sinon les républicains, qui contrôlent la Maison Blanche et le Congrès, pourraient voir leur avance fondre comme neige au soleil lors des élections de mi-mandat prévues en 2006.