L'élection de Barack Obama, premier
président afro-américain, en novembre 2008, a provoqué une vague d'optimisme aux Etats-Unis et dans le monde. Parmi les projets et promesses du
Président Obama, figure la réforme du système de santé. Nouveauté? Non. Plusieurs autres
présidents, surtout démocrates, ont tenté l'expérience et ont échoué. « Je ne suis pas le premier à défendre cette cause, mais je suis bien déterminé à être le dernier» affirme d'emblée Obama (1).
Un système de santé qui fait des victimes
Le système de santé américain repose grandement sur les assurances privées pour permettre aux citoyens de couvrir leurs frais. Cependant, on compte 47 millions de citoyens non-assurés (2). Selon la Maison blanche, 12 millions de personnes se voient refuser une couverture par les assureurs et 20 000 personnes voient la leur annulée chaque année. On rapporte aussi que « 27 000 décès évitables » sont attribuables à un défaut d'assurance. Autre lacune soulevée par l'administration Obama : 24% des femmes âgées de plus de 40 ans n'ont pas reçu de mammographie au cours des deux dernières années et 38% des adultes de 50 ans et plus n'ont pas eu de test de détection du cancer du colon (3).
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) classe les
États-Unis au 37e rang des systèmes de santé en termes d'efficacité. Pourtant, les Américains dépensent 2 mille milliards de dollars par an en santé, soit 16% de leur PIB (4).
Une réforme à point pour un problème de taille
Le projet de loi du
Président Obama veut permettre une plus grande stabilité et une meilleure sécurité pour les Américains de tous âges possédant ou non une assurance. Il s'agit d'une réforme de la couverture sociale et non du système de santé. Ce plan a pour principal objectif de réduire à long terme la croissance des coûts en santé pour les entreprises et pour le
gouvernement. De plus, il vise à protéger les familles des faillites dues aux dépenses en frais médicaux qu'elles doivent assumer. Cette réforme permettrait d'augmenter les investissements en prévention et en bien-être. Elle augmenterait aussi la sécurité des patients et la qualité des soins tout en veillant à ce que tous aient une couverture abordable. De surcroît, elle permettrait aux chômeurs de conserver leur couverture d'assurance santé et mettrait fin aux obstacles rencontrés par les personnes présentant des antécédents médicaux (5).
Toujours dans le but de voir à la sécurité des moins nantis, le plan prohibe la discrimination selon le genre et l'âge actuellement faite par les assureurs. Ce plan va obliger les assureurs à indemniser leurs clients lorsque ceux-ci ont besoin de davantage de soins, même si le plafond des dépenses admises déterminé par le contrat est atteint. De plus, les assureurs devront couvrir l'intégralité des frais liés à la prévention, tels les examens et les tests, et ce, sans aucune augmentation de la prime (6).
L'administration Obama souhaite également mettre en place des crédits de taxes. Ceux-ci vont venir en aide aux particuliers qui souhaitent se doter d'une assurance santé et aux entreprises qui veulent fournir une couverture à leurs employés. Avec ce plan, on créera un marché des assurances qui permettra aux gens sans assurances et aux petites entreprises de comparer les prix et de se procurer des couvertures à moindre coût (7).
Les opposants à la réforme fourbissent leurs armes
Le 12 septembre 2009, les opposants à la réforme d'Obama se sont réunis à Washington D.C. Les dizaines de milliers de manifestants ont formé ce qu'ils ont appelé « la marche des contribuables» (8). L'opposition à la réforme oriente son argumentaire autour de l'idée selon laquelle le plan mènerait le pays à la ruine. Ils argumentent aussi que cette réforme serait la plus grande dépense
gouvernementale de l'histoire américaine. Ils se montrent très critiques sur la question des augmentations d'impôts pour les ménages gagnant plus de 280 000$ par année, mesure qui servirait à financer cette réforme (9).
À l'heure actuelle, le Congrès a mis en place trois commissions ayant pour mission de retravailler le projet de réforme (10). Pour éviter la dénaturation de son projet, à l'instar des réformes précédentes, le
Président Obama aura tout un travail de relations publiques à accomplir dans les semaines et les mois à venir.