C'est le 31 août 2009 que le
président vénézuélien Hugo
Chavez entama une tournée mondiale d'une durée de onze jours. Si les objectifs de
Chavez lors de cette tournée étaient multiples et démontraient bien le désir du
président de conclure des accords internationaux, il n'en demeure pas moins que ce déplacement créa une commotion certaine.
Chavez chercha même à en provoquer plus d'un. Il va sans dire que le
président vénézuélien avait besoin de tous ses atouts pour obtenir des résultats concrets avec une tournée mondiale de cette envergure.
Destinations multiples et rencontres d'envergure
Cette tournée mondiale qu'a entreprise le
président Chavez n'était certes pas de tout repos lorsque l'on considère les différents pays que celui-ci a visités ainsi que les rencontres qui l'attendaient. Le périple de
Chavez a commencé avec un premier arrêt en
Libye où il a pris part à la célébration du 40e anniversaire de la
révolution libyenne et assisté au sommet extraordinaire de l'Union africaine actuellement présidée par le chef de l'État libyen, Mouammar
Kadhafi(2). Sa tournée se continua avec une visite chez son homologue algérien, le
président Abdelaziz Bouteflika, avec qui il s'entretint d'un renforcement entre l'
Algérie et le
Venezuela au sujet d'une coopération bilatérale (entre deux partis), notamment dans les domaines pétrolier et gazier(3). À la suite de cette visite, le
président vénézuélien fit un arrêt en
Syrie où il y rencontra le
président Bachar al-Assad avec qui il fut aussi question d'une possible coopération bilatérale.
Loin d'être à bout de souffle, le
président vénézuélien avait encore un itinéraire chargé devant lui. Son prochain arrêt était en
Iran où il rencontra le chef d'État Mahmoud Ahmadinejad. Lors de cette rencontre, les deux hommes réaffirmèrent leur position commune au sujet de leur mission.
Chavez en avait d'ailleurs long à dire à ce sujet : «
Chavez a expliqué que leurs deux nations avaient "une mission importante pour aider les nations opprimées et
révolutionnaires à étendre le front anti-impérialiste à travers le monde." Tous deux "font face au même ennemi : l'empire américain et ses laquais. Et nous détruirons l'empire et ses laquais", a-t-il conclu (4)». Dans la dernière foulée de son voyage,
Chavez fit des arrêts au
Turkménistan et en
Biélorussie où il fut question de la création d'une Organisation des pays exportateurs de gaz (OPEG). Enfin, il se rendit en
Russie pour s'entretenir avec le
président Dmitri Medvedev afin de parler «armement».
Des objectifs clairs dans un but précis
L'objectif du
président Chavez en entreprenant une telle tournée mondiale était clairement défini. Celui-ci voulait resserrer les liens économiques et politiques, notamment les liens énergétiques et militaires. Toutefois,
Chavez cherchait encore davantage en planifiant un tel voyage. Effectivement, comme le mentionne Moreau Defarges, chercheur à l'Institut français des relations internationales, le chef de l'État vénézuélien, jamais avare en provocations, espérait faire obstacle aux
États-Unis en consolidant ses alliances avec le
Turkménistan, l'
Iran et la
Russie, trois pays riches en ressources naturelles(6).
Ainsi, lors de ce voyage, il n'était pas seulement question de faire des visites de courtoisie pour s'assurer de la légitimité des alliances antérieures, mais l'enjeu était aussi d'établir de nouvelles ententes de coopération bilatérale. Plus précisément, il fut entre autres question de créer une OPEG, d'accords d'armements, de discussions au sujet du pétrole ainsi que d'une union possible entre la
Biélorussie et le
Venezuela dans le but de créer une nouvelle république(12).
Une entente déterminante avec la Russie
Étant soucieux d'établir des liens rapidement, le
président Chavez fit une
déclaration inattendue devant les médias très peu de temps après son arrivée. Effectivement, celui-ci déclara : « Le
Venezuela fait, aujourd'hui, la reconnaissance de l'indépendance des régions séparatistes géorgiennes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud.» À ce jour, le
Venezuela devint donc le troisième pays à reconnaître cette
souveraineté(7). En s'exprimant de la sorte,
Chavez donnait explicitement son appui à la
Russie qui avait joué un rôle central dans la guerre russo-géorgienne survenue en août 2008. Une telle prise de position vint ravir Dmitri Medvedev qui, en guise de «remerciement», promit de continuer à fournir des armes à
Chavez (créant ainsi une nouvelle coopération militaire et une réaffirmation de la relation bilatérale entre leurs deux pays).
De plus, selon un responsable russe de la Défense, un contrat d'une valeur de 500 millions de dollars pour 100 chars d'assaut T-72 et T-90 aurait été signé durant la visite de
Chavez(8). Ces chars d'assaut aideraient à neutraliser la présence croissante des
États-Unis en
Colombie, pays voisin du
Venezuela. À l'issue de ces entretiens, les deux pays ont signé une dizaine de contrats d'armement et d'énergie, tandis que le contenu détaillé des accords militaires n'a pas été révélé (8). Si la tournée mondiale du
président Chavez a été parsemée de plusieurs ententes, il va sans dire que l'une des plus importantes et significatives est celle dont il fut question lors de sa visite en
Russie.