À la veille des élections
fédérales canadiennes 2006, au-delà du parti qui l'emportera, un enjeu
démocratique se pose. Le taux de participation aux élections, indicateur du degré
démocratique d'une société, accuserait depuis quelques années un fléchissement significatif en ce qui a trait aux élections
fédérales canadiennes, remettant en cause la légitimité du processus
démocratique au
Canada. Selon un article paru dans la revue Perspectives Électorales, « [...]le manque d'enthousiasme du public face à l'un des exercices
démocratiques les plus fondamentaux relèverait d'un « déficit
démocratique » plus large et pourrait avoir de graves conséquences pour la santé du système politique
démocratique.(1) »
Si l'on compare les taux de participation aux élections
fédérales canadiennes de 1988 et 2004, l'on constate une baisse graduelle. En effet, les taux sont passés, en 1988, de 75,3 % à 69,6% en 1993, puis de 67%, en 1997, à 64,1% en 2000. Cette tendance à la baisse culmine en 2004 avec un pourcentage de 60,9% (2). En réaction au phénomène, des analystes, experts, médias et décideurs ont décidé de s'impliquer en dénonçant les effets pervers de ce déclin et en agissant, par exemple, par la création d'études pour comprendre le phénomène. Il en a résulté une perspective pessimiste quant aux futures élections
fédérales. Une étude d'Élections
Canada, publiée en 2003, portant sur le déclin de la participation électorale, affirme dans ses conclusions que : « Le déclin de la participation électorale au
Canada constitue une tendance profonde depuis des générations, et il faudra plus que des mesures à court terme et à petite échelle pour la renverser. (3) »
Parallèlement à ces taux de participation globaux canadiens, l'observation spécifique du taux de participation des Québécois aux élections
fédérales, en considérant la même période, indique aussi une tendance à la baisse. Cependant, ce phénomène serait plus récent au Québec. En 1988, le taux de participation était de 75,2% et atteindra en 1993 un pourcentage de 77,1%. Par contre, l'année 1997 marque le début du déclin de la participation électorale au Québec avec 73,3%. Par la suite, les taux continuent de chuter aux élections de 2000 et 2004 pour atteindre respectivement 64,1% et 60,5 %. De 1993 à 2004, le Québec connaîtra, comparativement aux autres provinces et territoires, la baisse de son taux de participation le plus prononcée avec une perte de 16,6 %. (4)
L'âge de l'électorat canadien est, toujours selon cette étude réalisée par Élection
Canada, le facteur le plus déterminant à considérer pour expliquer le déclin du taux de participation aux élections
fédérales. Par ailleurs, cette étude spécifie que le fléchissement de la participation électorale depuis 1988 n'est pas généralisé à l'ensemble de l'électorat, mais qu'il touche particulièrement les Canadiens nés après 1970. En outre, l'on constate que les taux de participation décroissent à mesure que l'âge des électeurs diminue. Par exemple, lors des élections
fédérales de 2000, 22,4 % des 18 à 20 ans et 27,5% des 21 à 24 ans ont voté. Élection
Canada spécifie que cette tendance à l'abstentionnisme chez les jeunes serait liée, par exemple, au manque d'intérêt et de connaissances politiques, à une diminution du sentiment du devoir civique face au vote ou par manque de contacts avec les partis et les candidats etc (5)?
À l'opposé, ce sont les groupes les plus âgés, 68 ans et plus et de 58 à 67 ans qui ont obtenu le taux de participation le plus élevé avec respectivement 83% et 80%. Il est important de mentionner que d'autres causes de nature plus conjoncturelles, telles que l'importance des enjeux, la compétitivité de l'élection, les clivages sociaux et idéologiques entre les partis ainsi que leur popularité, ont aussi pu influencer le déclin de la participation électorale
fédérale au
Canada (6).