22 avril 2010
Déversement de pétrole dans le golfe du MexiqueTexte rédigé par l'équipe de Perspective monde
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 Plate-forme Horizon |
L'explosion du Deepwater Horizon, une plate-forme pétrolière exploitée par l'entreprise britannique BP, est à l'origine d'une fuite qui provoquera le plus important déversement de pétrole dans l'eau de l'histoire.
Le Deepwater Horizon est situé dans le golfe du Mexique, à une soixantaine de kilomètres des côtes de la Louisiane. Son explosion, le 20 avril 2010, fait 11 morts et une dizaine de blessés. La plate-forme coule deux jours plus tard et, rapidement, une fuite impressionnante de pétrole sème l'inquiétude. Les estimations varient, mais on évalue à des dizaines de milliers de barils par jour la quantité de pétrole qui s'en échappe. La marée noire, qui progresse vers les côtes des États-Unis, incite le gouvernement fédéral à intervenir et celui de la Louisiane à décréter l'état d'urgence. Sous le feu des critiques, la BP, une des plus grandes entreprises au monde, tente différentes stratégies pour arrêter le flot de pétrole. Elles s'avèrent cependant infructueuses à court terme et la nappe, qui dépasserait les 20 000 kilomètres carré, atteint les côtes des États-Unis en mai. Il en résulte un désastre écologique le long du golfe du Mexique. Ce n'est que le 15 juillet que l'on annonce que la fuite est temporairement bloquée, avant qu'elle ne le soit pour de bon au début du mois d'août. L'opinion publique, et le gouvernement américain, expriment avec force leur indignation à l'endroit de BP qui, en plus de subir des chutes en bourse, devra verser d'importantes indemnisations pour les dommages engendrés par la marée noire. Auteur de quelques déclarations malencontreuses, son président, Tony Hayward, quittera ses fonctions le 1er octobre. Le gouvernement fédéral est lui aussi pointé du doigt pour ses responsabilités. En plus d'avoir encouragé l'exploitation de puits en profondeur, il aurait fait preuve de laxisme à l'endroit des pétrolières en ce qui a trait au respect des normes de sécurité. |
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Christophe Barbier, « La vie en noir »
«...Trop profond, trop audacieux, trop vorace : le forage Deepwater Horizon, la plate-forme sinistrée dans le golfe du Mexique, est l'illustration même du délire pétrolier de la planète. Quand le pétrole n'est pas cher, sa consommation augmente et il faut siphonner toujours plus les sous-sols ; quand les cours du brut explosent, son commerce rapporte tant que l'on peut mettre en perce des gisements de moins en moins accessibles, mais soudain rentables. Et l'on a beau gloser sans cesse sur l'après-pétrole et l'épuisement des énergies fossiles, le derrick demeure le sémaphore du présent. (...) Notre monde est, depuis bien longtemps, « oil addict ». Si l'on décidait, après le désastre du golfe du Mexique, de fermer les plate-formes installées trop près des côtes, il s'ensuivrait un choc pétrolier qui redoublerait les effets de l'actuelle crise financière : nous n'avons même plus les moyens d'être vertueux. C'est notre arrogance technique, avec ses valves infaillibles et ses tuyaux incassables, qui a sombré avec Deepwater Horizon. En éternel apprenti sorcier, l'homme a voulu installer un cordon ombilical entre le fond du fond de la mer et le réservoir de ses voitures ; le voici devenu noeud coulant et, chaque fois qu'une voiture démarre, il nous étrangle un peu plus. »
L'Express (France), 6 mai 2010, p. 11.
Laure Mandeville, « Les « noces noires » de la Louisiane et du pétrole »
«...Il y a quelque chose de paradoxal à voir tous ces pêcheurs se ruer vers le géant pétrolier qui vient de ruiner leur business, comme vers la dernière planche de salut. Mais dans cette région des bayous, où pétrole et pêche cohabitent comme un vieux couple forgé par les querelles, la pauvreté est telle que personne ne se formalise de la contradiction. Elle est en réalité au coeur du fonctionnement de l'État de Louisiane, « marié » depuis des décennies au pétrole et à ses revenus. Les pêcheurs de Venice, pragmatiques au verbe rare, ont toujours composé avec le risque posé par les pipelines pétroliers, qui acheminent le pétrole depuis la mer, déstabilisant l'écosystème du bayou. Il est commun dans les familles de travailler à la fois pour l'industrie de la pêche et l'industrie pétrolière. (...) Ce réalisme résigné des pêcheurs de Venice traduit le sentiment général de la Louisiane, vis-à-vis de l'industrie pétrolière. Dans cet État où pour paraphraser une célèbre bande dessinée de Lucky Luke, on « pense pétrole, on mange pétrole, on est pétrole », nul ne songe une minute que la catastrophe puisse remettre en cause les positions du secteur. »
Le Figaro (France), 4 mai 2010, p. 6.
François Bonnet, « La marée était en noir »
«...Il y a vingt ans, la catastrophe de l'Exxon-Valdez, au large de l'Alaska, avait poussé les Etats-Unis à adopter des réglementations jusqu'alors quasi inexistantes. Cette fois-ci, la facture grimpe. Pollueur payeur ! Obama a asséné ce principe trop souvent détourné par des pétroliers toujours prêts à s'exonérer de leurs responsabilités. British Petroleum passera à la caisse. (...) BP joue profil bas, assure que la compagnie paiera... Combien ? 10, 15, peut être 20 milliards de dollars. Mais au-delà, bien d'autres trésors sont en jeu : ceux des champs pétrolifères offshore, ceux des sables bitumeux qui regorgent d'or noir. L'Amérique s'interroge sur sa politique. Arnold Schwarzenegger, gouverneur de Californie, misait sur de nouveaux forages pour sortir son Etat de la faillite : il vient de renoncer. Plus embarrassant, Barack Obama venait d'autoriser, le mois dernier, de nouvelles zones de forage, au grand dam des écologistes. Le choix pourrait être revu. Le « Drill, baby, drill » (« Fore, bébé, fore ») chanté par les républicains était apprécié d'une partie de l'opinion, d'abord obsédée par le prix du gallon d'essence. Ce n'est plus le cas. Et la marée noire BP pourrait bouleverser la politique énergétique de l'Oncle Sam. »
Marianne (France), 8 mai 2010, p. 61.
Richard Hétu, « Pas un tournant, mais une bonne journée pour Obama »
«...les commentateurs américains ont rivalisé d'imagination pour trouver le parallèle historique qui illustrerait le mieux l'impact de la marée noire sur la présidence du démocrate. L'ouragan Katrina a eu la cote un certain temps, avant d'être remplacé par la crise des otages en Iran, les deux événements ayant mis en lumière l'incompétence et l'impuissance de deux présidents impopulaires, en l'occurrence George W. Bush et Jimmy Carter. Ne goûtant sans doute pas d'être associé à ces deux présidents, dont l'un n'a pas été réélu, Barack Obama a lui-même suggéré un autre parallèle historique: les attentats du 11 septembre 2001. Selon lui, la catastrophe écologique poussera son pays à repenser sa politique environnementale et énergétique pour les années à venir, « de la même façon que le 11 septembre 2001 a durablement modelé la manière dont nous percevons nos faiblesses et notre politique étrangère ». Le fait est qu'il est trop tôt pour tirer des conclusions sur l'impact de la marée noire sur la présidence de Barack Obama. Des sondages ont indiqué que l'insatisfaction des Américains à l'égard de sa gestion de la crise ne s'est guère répercutée sur leur perception de sa performance générale à la Maison-Blanche. Et s'il y a eu baisse dans certains sondages, elle peut être attribuée autant à l'économie qu'à la situation dans le golfe du Mexique. Il est également trop tôt pour dire si la marée noire deviendra un 11 septembre écologique. »
La Presse (Québec, Canada), 16 juillet 2010, p. A3.
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Gouvernance et gouvernement [ 22 avril 2010 ]
Pays | Niveau de démocratie | Chef de l'État | Chef du gouvernement |
 États-Unis | Élevé | Barack H. Obama | |
Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).
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Évolution des composantes du système politique
Profil | Gouvernants | Démocratie | Partis politiques |
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