5 août 2011
Abaissement de la cote de crédit du gouvernement des États-UnisTexte rédigé par l'équipe de Perspective monde
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La croissance fulgurante des déficits et de la dette du gouvernement des États-Unis incite Standard & Poor's, une des principales sociétés de notation du pays, à faire passer sa cote de crédit de AAA à AA+. Cette baisse, une première depuis 1917, a un grand retentissement sur les marchés financiers.
Le 2 août 2011, après un bras de fer mouvementé, les élus américains acceptent in extremis un relèvement du plafond de la dette afin de permettre au gouvernement de faire face à ses obligations. Ce règlement met en évidence un différend profond entre le président démocrate Barack Obama, qui aurait voulu prélever davantage d'impôts chez les hauts salariés, et les républicains, qui auraient souhaité des coupures plus prononcées dans les dépenses de l'État. Cette attitude conflictuelle et des inquiétudes face à la croissance des déficits et de la dette - 14 500 milliards de dollars, soit plus de 100% du produit intérieur brut - incitent Standard & Poor's, une des trois grandes sociétés de notation, à abaisser la cote de crédit du gouvernement américain. Celle-ci passe de AAA à AA+. Il s'agit d'une première modification depuis 1917. Les autres sociétés de notation n'emboîtent pas le pas pour le moment, mais la nouvelle a un grand écho à travers le monde. Elle affecte la confiance des investisseurs, ce qui se reflète sur les marchés boursiers qui sont durement mis à l'épreuve dans les jours qui suivent. Même la Chine, principal créancier des États-Unis, juge sévèrement le comportement des élus américains face à l'état de leurs finances publiques. La crainte d'une nouvelle récession mondiale est d'ailleurs évoquée par plusieurs observateurs de la scène économique, une menace qu'alimente la situation financière difficile de plusieurs pays européens - Grèce, Irlande, Portugal, Italie, etc. Des discussions se tiennent au plus haut niveau afin de concerter les actions entre les pays. L'économie des États-Unis, la plus puissante au monde, continue néanmoins de susciter des appréhensions. Son évolution dans les mois à venir sera un enjeu majeur de la campagne présidentielle qui se tiendra en 2012. |
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Sylvain Cypel, « Crise financière »
«...Dans les deux semaines précédant la signature aux forceps de l'accord politique sur le relèvement du plafond de la dette américaine à 16 400 milliards de dollars, S & P (Standard & Poor's) avait par deux fois exprimé ses inquiétudes, prévenant qu'une dégradation avait « une chance sur deux de se produire » dans un proche avenir. Notamment si le plan de résorption des dettes n'était pas satisfaisant. L'agence ne prend pas parti dans le débat qui a opposé la Maison Blanche aux républicains, qui l'ont finalement remporté : aurait-il fallu uniquement réduire plus encore les dépenses publiques ou les accompagner, selon le souhait de Barack Obama, d'une augmentation d'impôts ? Mais S & P estime que la mise en oeuvre de l'accord reste trop aléatoire pour redonner confiance aux investisseurs. (...) La décision de S & P aura-t-elle un effet boule de neige sur les deux autres grandes agences de notation financières, Fitch et Moody's ? Le soir de l'accord politique sur la dette, elles avaient indiqué qu'elles maintenaient l'octroi de leur note maximale aux Etats-Unis, mais qu'elles suivraient de très près la mise en oeuvre de l'accord, dont elles craignent également le caractère aléatoire. Si elles devaient se joindre à S & P, la position internationale des Etats-Unis serait fortement ébranlée. Et l'administration Obama plus gravement atteinte qu'elle ne l'est déjà. »
Le Monde (France), 8 août 2011, p. 9.
Sophie Cousineau, « Le choc du lendemain »
«...Assainir ses finances, c'est long et pénible. Et cela exige une volonté de fer des élus, surtout lorsque les populations se révoltent contre les mesures d'austérité proposées. Or, cette volonté fait cruellement défaut aux États-Unis, a déploré l'agence Standard & Poor's dans son analyse, un grand désaveu de la classe politique américaine. Plusieurs Américains se sont employés cette fin de semaine à tirer sur le messager plutôt que de reconnaître que leur gouvernement partagé est si polarisé qu'il en est devenu dysfonctionnel. Peut-être qu'il faudra une bonne correction en Bourse pour que Washington se ressaisisse. Rappelez-vous les déchirements pour faire adopter les plans de sauvetage de Detroit et de Wall Street. Tout ce cirque n'était pas si différent, en fin de compte, du vaudeville des dernières semaines pour le relèvement du plafond d'emprunt des États-Unis. Pourtant, ce n'est que lorsque les grands indices boursiers ont chuté de façon dramatique que les membres du Congrès se sont finalement accordés pour agir. C'est à croire qu'il n'y a que le portefeuille pour faire entendre raison aux politiciens. »
La Presse (Québec, Canada), 8 août 2011, p. a3.
S.A., « America's Economy : Downgraded »
«...Critics of Barack Obama - a popular category nowadays - argue that his team bungled its response to the downgrade of America's credit rating. The White House, opponents allege, plumped for a policy of shooting the messenger. But sometimes messengers deserve to be, if not shot, then at least given a sharp kick up the backside. That certainly applies to Standard & Poor's, which is one of the three big rating agencies that fouled up so spectacularly during the sub-prime crisis - and which on Friday night demoted the US government's credit rating. Even so, it is possible for a bad witness suffering a severe conflict of interest - a description that applies to S&P, and to its rivals Moody's & Fitch - to make the occasional pertinent observation. And when S&P downgraded the US long-term credit rating from AAA to AA+, it was doing so for some sound reasons - because of the appalling immaturity of the Republican Tea Partiers in their negotiations over the debt ceiling. In essence, this downgrade was earned not by Mr Obama and Timothy Geithner; it marks the sterling efforts of Eric Cantor and Michele Bachmann. »
The Guardian (Royaume-Uni), 8 août 2011.
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Gouvernance et gouvernement [ 5 août 2011 ]
Pays | Niveau de démocratie | Chef de l'État | Chef du gouvernement |
 États-Unis | Élevé | Barack H. Obama | |
Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).
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Évolution des composantes du système politique
Profil | Gouvernants | Démocratie | Partis politiques |
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