7 février 1999
Décès du roi Hussein de JordanieTexte rédigé par l'équipe de Perspective monde
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 Hussein |
La mort du roi Hussein met fin à un règne de plus de 46 ans sur la Jordanie. Dans un discours télévisé, celui qui lui succède, son fils Abdallah, assure la population qu'il continuera dans la voie tracée par son père.
L’abdication du roi Talal de Jordanie pour des raisons de santé pave la voie à l’avènement sur le trône de son fils, Hussein, le 11 août 1952. À la suite d’un coup d’État raté, en avril 1957, le jeune souverain de 21 ans effectue un virage plus autoritaire. L’année suivante, il dissout le Parlement et suspend la Constitution. Hussein se fait aussi connaître lors des conflits qui touchent le Moyen-Orient. Il peut se montrer dur, comme en septembre 1970 alors que des purges sont effectuées contre les organisations palestiniennes actives en Jordanie qu’il considère comme une menace à son règne. En dépit des critiques, des tensions au Moyen-Orient et de quelques positions controversées, comme son appui à l’intervention irakienne au Koweït en 1991, Hussein réussit tout de même à garder de bonnes relations sur la scène internationale. Lorsqu’il décède des suites d’un cancer, le 7 février 1999, de nombreux analystes soulignent d’ailleurs ses qualités de diplomate. En témoigne la présence à Damas des présidents américain et russe, Bill Clinton et Boris Eltsine, du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et du leader palestinien Yasser Arafat. Une foule immense accompagne aussi le roi à son dernier repos. Dans les semaines précédant sa mort, Hussein avait nommé par décret royal son fils Abdallah, 37 ans, pour lui succéder sur le trône. Jusque-là, c’est Hassan, le frère du roi, qui était le prince héritier. Comme son père, Abdallah II mise sur le libéralisme économique pour développer la Jordanie. Celui-ci a une expérience militaire, mais est peu familier avec les milieux politiques où il a peu gravité. |
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Philippe Gelie, «Autour d'Hussein, le monde réconcilié»
«...Hier, à Amman, tout ce que cette terre compte d'ennemis a fait momentanément la paix. Yasser Arafat au garde-à-vous, Hafez el-Assad en prière, Benyamin Netanyahu quelques pas derrière eux, le vice-président irakien au coude à coude avec le prince héritier du Koweït, Indiens et Pakistanais côte à côte, quatre présidents des États-Unis au milieu..... On aura même relevé un signe de croix grec orthodoxe devant le cercueil d'un descendant du prophète. Le mélange des genres a lancé tant de messages au monde qu'il semble impossible de les saisir tous. Le respect témoigné à un souverain qui ne fut guère ménagé durant son règne rejaillit sur son successeur, dépositaire de son héritage. Le nouveau roi de Jordanie, Abdallah II, a été littéralement porté sur le trône hier, non seulement par ses pairs du monde arabe et musulman, mais par tous les représentants des démocraties occidentales. Sans doute certains saluaient-ils en son père un monarque indétrônable, d'autres un adversaire habile, d'autres encore surtout un artisan de la paix. Peu importe désormais : leur présence a touché au coeur les Jordaniens qui, dehors, portaient le deuil comme s'ils avaient perdu un membre de leur famille.»
Le Figaro (France), 9 février 1999, p. 3.
Stéphane Dupont, «L'instabilité s'accroît au Proche-Orient après la mort du roi Hussein de Jordanie»
«...Avec la fin des quarante-sept ans de règne de Hussein, le pays entre en effet dans une zone de turbulences. Militaire de carrière, Abdallah ne dispose d'aucune expérience du pouvoir. Il va lui falloir s'imposer vite. Notamment face à son oncle, Hassan, prince héritier depuis 1965, écarté à son profit par son père il y a moins de deux semaines (...) La mort du roi Hussein tombe au plus mal. Nombre d'Etats au Proche-Orient sont actuellement fragilisés par la chute des cours du pétrole. L'or noir demeure la principale ressource de la plupart des pays arabes. Si elle dure, la raréfaction des recettes pétrolières peut déboucher sur des soulèvements sociaux. Une éventualité d'autant plus sérieuse que certains responsables peuvent disparaître du jour au lendemain. Le roi Fahd d'Arabie saoudite, les présidents syrien, Hafez El-Assad, et palestinien, Yasser Arafat, sont âgés et malades. Leur succession n'est toujours pas clairement réglée. Le monde arabe n'est pas prêt, semble-t-il, à sortir de la dangereuse zone d'incertitude dans laquelle il s'est un plus enfoncé avec la mort du «petit roi».»
Les Échos (France), 8 février 1999, p. 9.
Guy Taillefer, «Le père et le fils»
«...Le Proche-Orient perd dans le roi Hussein un facteur de stabilité dont la région ne devrait pas avoir à se passer. Le roi laisse, tous les analystes l'ont dit, un trône bien grand pour un successseur, son fils Abdallah, sans expérience politique. On aurait voulu que ce grand petit roi, mort bien trop vite, puisse continuer, de son apaisante influence, d'agir sur l'avenir. Entre les Saddam et les Benjamin, il était une denrée rare au Proche-Orient. Au bout du compte, ce sont les durs qui lui survivent. Aussi, le vide créé par sa disparition hâtive ne laisse pas d'inquiéter pour l'avenir immédiat du Proche-Orient. On comprend alors pourquoi tant de chefs de gouvernement, de Tel-Aviv à Washington à Damas, ont jugé bon de suspendre leurs différends et de se rendre à ses funérailles pour lui rendre hommage (...) Hussein aura tenté, dans les limites de ses moyens, de faire mousser la valeur du compromis contre celle de l'inflexibilité. Il aura tenté de lire l'histoire - et de la faire - sous l'angle du dialogue plutôt que de l'affrontement...»
Le Devoir (Québec, Canada), 9 février 1999, p. A6.
Éditorial
«...A period of instability could lie ahead for the untested Abdullah, but the U.S. needs a moderate, consistent Jordan as its ally. Hussein made Jordan a player. Witness the «Who's Who» of funeral guests who came to bid him farewell : President Clinton and three former U.S. presidents, Russia's Boris Yeltsin and Egypt's Hosni Mubarak, Israel's Benjamin Netanyahu, Syria's Hafez al-Assad -even Palestinian leader Yasser Arafat. There were friends and former foes of the king, and any number of enemies who otherwise wouldn't be caught dead in the same room. Onetime Arab rivals sobbed. Even Israelis, never prone to cry for an Arab leader, wept for Hussein and lowered their flags to half-staff. The boy king who survived assassination attempts and regional wars grew wise with the passing years and ended his life a giant among peacemakers. History will honor Hussein, but only time will tell if the peace he forged remains intact.»
Chicago Tribune (États-Unis), 9 février 1999.
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Gouvernance et gouvernement [ 7 février 1999 ]
Pays | Niveau de démocratie | Chef de l'État | Chef du gouvernement |
 Jordanie | Faible | Hussein ibn Talal al-Hashimi | Fayez Tarawneh |
 Maroc | Faible | Hassan II ben Mohammed | Abderrahman El Yousoufi |
Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).
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Évolution des composantes du système politique
Profil | Gouvernants | Démocratie | Partis politiques |
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