10 avril 1998
Signature de l'accord du « Vendredi saint » sur la paix en Irlande du Nord Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde
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 John Hume, artisan de l'accord de paix du Vendredi saint The Nobel Foundation |
Des négociations soutenues aboutissent à la signature d'un accord de paix visant à stabiliser la situation politique en Irlande du Nord. Il sera largement approuvé par la population lors d'un référendum qui aura lieu le 22 mai 1998.
L'élection du travailliste Tony Blair (Royaume-Uni) et celle de Bertie Ahern du Fianna Fail (République d'Irlande), en 1997, pavent la voie à une reprise des négociations sur la question de l'Irlande du Nord. Elles aboutissent le 10 avril 1998 à un accord de paix signé à Belfast. L'Irlande du Nord demeure britannique, mais une assemblée locale semi-autonome sera élue et un conseil de coopération sera mis sur pied entre les Irlandais du Sud et ceux du Nord. Ces derniers se voient garantir qu'aucun changement constitutionnel ne sera adopté sans leur consentement alors que la République d'Irlande s'engage à abroger les articles de sa Constitution affirmant sa souveraineté sur l'ensemble de l'île. Souvent appelé l'accord du Vendredi saint («Good Friday Agreement») ou accord de Belfast, ce document est approuvé par une forte majorité (71,7%) lors du référendum du 22 mai 1998. du 25 juin 1998 est également remportée par ses défenseurs, dont le premier ministre David Trimble du Parti unioniste d'Ulster (PUU). Dans les semaines qui suivent, les extrémistes manifestent toutefois leur mécontentement en recourant à des actes de violence qui feront plusieurs victimes. |
Pour en savoir plus: Accord du Vendredi saint sur l'Irlande du Nord |
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Jacques Duplouich, «Irlande du Nord : le plus dur reste à faire»
«...La population, elle, affiche la plus grande circonspection. Contrairement à ce qui s'était passé, le 31 août 1994, lors de l'annonce par l'IRA de son cessez-le-feu, il n'y a pas eu, ce week-end, de réjouissances publiques. La province a éprouvé tant de déconvenues après avoir entretenu tant d'espérances qu'elle préfère attendre des preuves tangibles de la paix avant de s'enthousiasmer à nouveau. Chacun s'accorde sur un point : l'Irlande du Nord a tourné une page de son histoire tourmentée. Mais l'avenir reste incertain tant que les dispositions arrêtées n'entreront pas dans les faits. Et dans le camp des partisans de l'union avec la Grande-Bretagne comme dans celui d'une Irlande une et indivisible, les insatisfaits promettent de mener la vie dure aux signataires de l'accord.»
Le Figaro (France), 13 avril 1998, p. 3.
Sorj Chalandon, «Radiographie d'un accord. Protestants comme catholiques ont fait des concessions décisives»
«...Deux communautés, deux traditions, deux cultures, deux grilles de lecture pour appréhender le document de 69 pages signé vendredi par les principales formations politiques irlandaises du Nord. Dans un pays où, de tout temps, le bonheur d'un camp a fait le malheur de l'autre, chaque avancée est d'abord analysée côté pièges. Toujours, le minoritaire catholique tente de débusquer la phrase qui pérennise la domination protestante. Fidèle à son ancestrale mentalité d'assiégé, le protestant traque le petit mot qui laisse porte ouverte à la réunification de l'île. En cela, s'il n'a pas de quoi alarmer les uns ou les autres, l'accord de Stormont n'est pas destiné à les rassurer tout à fait. Pourtant, en acceptant de ratifier ce document, politiciens unionistes, loyalistes, nationalistes modérés et républicains estiment protéger durablement leur propre peuple. Les deux communautés étant porteuses d'intérêts totalement opposés, on mesure mieux la délicate architecture d'un projet, tout en concessions, qui fait espérer les uns sans désespérer les autres.»
Libération (France), 13 avril 1998, p. 4.
S.A., «Avenir de paix pour l'Ulster»
«...Un accord de paix ne fait pas forcément la paix en Ulster (...) Seulement, l'accord qui a été signé vendredi 9 avril à Belfast est différent de toutes les autres tentatives : il a effectivement des chances de conduire l'Ulster à la paix, progressivement. Il peut ramener cette «province» d'un pays membre de l'Union européenne, la Grande-Bretagne, voisine d'un autre membre de l'UE, la République d'Irlande, dans la norme de civilisation qui devrait être celle de l'Europe d'aujourd'hui. Il peut mettre fin à une horrible guerre civile. Pour la première fois depuis la partition de l'île en 1921, il a l'agrément des principaux protagonistes. En ce sens, il est historique. Le mérite en revient, très largement, à un homme : Tony Blair, le premier ministre britannique, marié à une catholique, lui-même de lointaine ascendance protestante nord-irlandaise, allant à la messe tous les dimanches. Sans doute revenait-il à cet homme jeune, animé par la passion d'ancrer la Grande-Bretagne dans la modernité, de tout tenter pour mettre un terme à un conflit moyenâgeux. Et il a fait beaucoup.»
Le Monde (France), 13 avril 1998, p. 11.
Éditorial
«...Notwithstanding the details of the agreement, which had still to be concluded as this page closed, the real decision about peace in Northern Ireland will be made by the Irish themselves. Any agreement Sinn Fein's Gerry Adams and the Ulster Unionists' David Trimble have signed, in the end, must be agreeable to the majority of the Irish. If the referendum does not result in an overwhelming vote in favor of the agreement, it is unlikely that the peace will hold. As Mr. Trimble has said, «the average man on the street does not want to see a return to violence.» But as true as that may be, no agreement will stand the test of time if most of the people of Ireland don't want it to stand. Clearly, a narrow majority will not suffice here; the example of the Oslo peace process, which was supported by a razor thin margin of Israelis, shows the danger of forging ahead without wide popular support. Should the negociators pull off an agreement, they will be handing the Irish, both north and south, Catholic and Protestant, a great opportunity. But it will only be a beginning.»
The Washington Times (États-Unis), 10 avril 1998.
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Gouvernance et gouvernement [ 10 avril 1998 ]
Pays | Niveau de démocratie | Chef de l'État | Chef du gouvernement |
 Royaume-Uni | Élevé | Elizabeth II | Tony Blair |
 Irlande | Élevé | Mary McAleese | Bartholomew (Bertie) P. Ahern |
Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).
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Évolution des composantes du système politique
Profil | Gouvernants | Démocratie | Partis politiques |
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