S.A., «Élection : le No 1 du monde»
«...Personne, cependant, exception faite peut-être de M. Lyndon Johnson lui-même, n'est satisfait du climat dans lequel s'est déroulée la campagne
présidentielle, l'une des plus médiocres qui se soit jamais disputée
outre-Atlantique. Le contraste est frappant avec la précédente campagne, dont le ton avait été donné par l'homme de la Nouvelle Frontière, qui présentait la
possibilité de choix raisonnés et insufflait aux Américains le sens d'une
mission à accomplir. En 1964, les slogans ont remplacé les thèmes électoraux, les débats ont cédé la place aux invectives (...) La faiblesse de M. Goldwater aura peut-être été de ne pas savoir jusqu'où on peut aller trop loin en
dégradant, aux yeux d'un peuple, l'image de celui qui l'incarne. Le président
Johnson, lui, a cru sentir que ses compatriotes étaient plus avides de paix que de scandale. Il avait ouvert sa campagne sur une vision de la future Amérique, celle de la «Grande Société», à la fois plus riche et plus juste, à laquelle le pays allait accéder sous sa houlette. Il n'a pas pris la peine de préciser les contours de cette «Grande Société», et s'est contenté d'opposer le sage Johnson à «cet irresponsable qui vous mènera à la guerre.»»
L'Express (France), 2 au 8 novembre
1964, p. 20-21.
Stanley Hoffman, «La défaite de Goldwater»
«...les mécontentements accumulés par l'action des Démocrates en matière de droits civiques, d'impôts, de politique sociale et de politique étrangère n'étaient
pas suffisants pour amener la majorité du corps électoral à renverser le sens
de la marche. Le seul succès véritable du Sénateur (Goldwater) a été remporté
dans le Sud, où cinq États lui ont donné la majorité de leurs suffrages. La
coalition des mécontents n'a pas gagné à la fois parce que le Sénateur n'a pas
su la forger, et parce que les Américains, mis en présence (pour la première fois depuis plus de trente ans) d'un choix véritable, ont préféré la voie que non seulement les Démocrates, mais encore les Républicains sous Willkie (sic), Dewey, Eisenhower et Nixon avaient choisie. Les Démocrates ne se sont pas privés de l'occasion, que leur donnait Goldwater, de se poser en héritiers non seulement de Roosevelt, Truman et Kennedy, mais encore des Républicains modérés : c'était la conséquence nécessaire de la politique de Goldwater, mais ce fut aussi la conséquence fatale, puisque les Républicains modérés influents,
notamment dans le monde des affaires, sommés de choisir entre Goldwater et
Johnson, optèrent pour le Démocrate, symbole de la continuité, contre le
Républicain, synonyme de chambardement.»
Esprit (France), décembre 1964, p. 1038.
Paul Sauriol, «Le triomphe de M. Johnson»
«...Plusieurs facteurs ont contribué à la victoire du président Johnson. À cause de sa grande expérience et de ses talents indiscutables, et aussi parce que le souvenir de son prédécesseur plaidait en sa faveur, il aurait probablement gagné contre n'importe quel adversaire. Mais l'ampleur de son succès s'explique avant tout par la présence de M. Goldwater. Plusieurs millions d'électeurs ont voté d'abord contre le candidat républicain qui les effrayait et ils n'avaient pas d'autre moyen de marquer cette opposition qu'en votant pour Johnson. Cet aspect est rendu évident par l'appui que des républicains en vue ont donné au candidat démocrate. Même Eisenhower n'a jamais obtenu une aussi forte proportion du vote populaire que Johnson hier; Franklin Roosevelt, au sommet de sa popularité, en 1936, a approché de cette proportion sans l'atteindre tout à fait.»
Le Devoir (Québec, Canada), 5 novembre 1964, p. 4.
S.A., «LBJ : 'My Thanks to All America'»
«...The Democratic victory came in the wake of a lackluster campaign, which ebbed out in last-minute mudslinging, most of it more in apathy than in anger. There had been no climactic confrontation of opposing political philosophers in this most outlandish of all modern U.S. Presidential campaigns; indeed, it had seemed from the start that the two candidates were appealing to two different electorates in two different languages -and the lopsided verdict of the voters confirmed the view that President Johnson had spoken the language of moderate, middle-of-the-road America. He spoke in the same language on election night. His victory, he said, was «a tribute to men and women of all parties...a mandate for unity...My thanks,» he concluded, «...to all America.» Mr. Johnson's statement provided a sharp contrast to what Barry Goldwater had to say on election night : nothing.»
Newsweek (États-Unis), 9 novembre 1964, p. 25.
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