12 avril 1961
Premier vol humain dans l'espace par un cosmonaute soviétique Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde
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 Gagarine |
Le cosmonaute Iouri Gagarine, à bord de la fusée Vostok, devient le premier homme à effectuer un vol dans l'espace. Ce succès confirme l'avance de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) dans le domaine de l'exploration spatiale.
Au cours du voyage qu'il effectue seul, Gagarine, 27 ans, atteint une altitude de plus de 200 milles et passe environ une heure et demi en orbite. Il s'agit d'une réussite incontestable pour le programme spatial soviétique que salue le président Nikita Khrouchtchev ainsi que le président américain John F. Kennedy. Le 5 mai, les États-Unis envoient à leur tour un homme dans l'espace. Il s'agit d'Alan Shepard, qui atteint une altitude de 115 milles à bord de la capsule Freedom 7. La supériorité soviétique est cependant reconnue par les Américains. Le 25 mai, dans le cadre du discours sur l'état de l'Union, Kennedy réagit en défiant ses compatriotes de « faire atterrir un homme sur la Lune et de le faire revenir sain et sauf sur la Terre » avant la fin de la décennie. La conquête de la Lune devient un enjeu idéologique qui donnera lieu à une lutte acharnée entre les deux superpuissances au cours des années 60. Le 6 août 1961, le soviétique Gherman Titov réussira une autre première en effectuant 17 fois le tour de la Terre. Voir : We choose to go to the Moon |
Pour en savoir plus: Discours du premier homme dans l'espace |
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Casa, « Youri Gagarine »
«...Bien sûr, Youri Gagarine est un homme comme les autres, mais par lui, grâce à lui, grâce à eux, à tous les milliers d'inventeurs, de travailleurs, de savants, d'ouvriers, les hommes ont franchi une étape. L'importance du résultat est comparable à celui d'une mutation, qui par exemple donnerait aux hommes une existence soudaine deux fois plus longue ou leur découvrirait la faculté de connaître la pensée ou une partie de la pensée de leurs voisins. Ils n'en seraient ni plus heureux ni meilleurs, ils se trouveraient affrontés à une nouvelle tâche, mais ils seraient autres (...) C'est d'une promotion de cette espèce que vient de nous gratifier l'U.R.S.S. On ne saurait trouver trop de mots pour la louer, pour la remercier. Comment après cela nier la puissance créatrice, inventive d'une collectivité, comment oser encore lui infliger la honte dont on essaie de la salir depuis les fureurs d'un monde désireux d'étouffer la Révolution d'Octobre jusqu'à la hargne dérisoire des spécialistes de la guerre psychologique. L'U.R.S.S. vient de donner au monde non une leçon mais une impulsion, elle vient de réussir pour sa promotion un effort jusqu'à présent incomparable. »
Esprit (France), mai 1961, p. 970-971.
Serge Groussard, « Le premier voyageur de l'espace »
«...Nous savions bien que c'était pour le printemps. Le choc au coeur n'en retentit pas moins, en chacun des Terriens jusqu'ici enchaînés que nous étions. L'humanité s'est libérée pour la première fois (depuis quel Déluge ?) de sa vieille prison. Tout ce qui s'élevait de notre globe semblait à jamais condamné à y retomber. Le pilote d'essai, Youri Alexeievitch Gagarine vient, en ce jour décisif que nous avons le privilège de vivre, de commencer vraiment la course aux étoiles. Il a vaincu la pesanteur, il a jailli au-delà de la dense atmosphère qui nous enserre, et il a gravité en météore à travers l'espace ou le ciel au bleu profond n'est plus qu'un vide ou vaguent de rarissimes molécules gazeuses, dans la violence déferlante des rayons cosmiques. Date primordiale ! Les temps futurs la marqueront comme celle où un âge nouveau est né : celui de l'homme spatial. Nous pouvons désormais tournoyer autour de notre boule, en révolutions immensément plus promptes que nos réflexes, et si nous y retournons, c'est volontairement, comme l'abeille revient au fruit. »
Le Figaro (France), 13 avril 1961, p. 1.
Pierre-Henri Simon, « La victoire de Prométhée »
«...Victoire de Prométhée, notre victoire : il est naturel que la foule admire, applaudisse et danse. Et il est juste, je le répète, que l'esprit de l'homme, comme celui de Dieu après la création, se réjouisse de ce qu'il a fait. Mais, précisément, l'homme n'est pas Dieu, et il est plus facile de prendre à Jupiter son feu que sa sagesse : voilà pourquoi, devant la prouesse de l'astronaute, le recueillement convient aussi, avec une pensée de mesure. Car, enfin, quel usage l'homme va-t-il faire de sa nouvelle puissance? Pour le bien ou le mal? Pour la vie ou la mort? Il est acquis désormais qu'un aviateur cosmique pourra transporter n'importe où, qu'un radiotechnicien pourra diriger à distance et faire éclater au point qu'il aura choisi une bombe capable de dévaster une province, d'anéantir un peuple. Si la conséquence pratique tirée immédiatement de l'acquisition de ce pouvoir n'est pas la mise en place d'institutions internationales qui enchaîneront la volonté des gouvernements et de leurs stratèges, de quels désastres l'avenir n'est-il pas chargé! »
Le Monde (France), 19 avril 1961, p. 1.
S.A., « The Cruise of the Vostok »
«...Even if the deadly Russian-American rivalry that now supports most space research should die out, men will surely continue their struggle to escape from their own globe. For in the end, space victories do not belong to any particular nation. They are achievements of the science and technology of the human species, the result of man's urge to explore the unknown (...) Most scientists around the world think that Major Gagarin and the good ship Vostok have opened a door that will never entirely close. Space exploration may slow down for a while or stop, but the human species is young, and it is the bumptious master of a fruitful planet. More men will always yearn to travel in Major Gagarin's wake, to see the blue band around the curve of the earth. Eventually, perhaps 10, 100, or 1,000 years form now, a great spaceship will carry men far out in the solar system (...) But wherever future adventurers travel, whatever they find in the black, cold reaches of space, they will always remember the pair that preceded them - he Vostok and Major Yuri Alekseevich Gagarin. »
Time (édition canadienne), 21 avril 1961, p. 47.
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Gouvernance et gouvernement [ 12 avril 1961 ]
Pays | Niveau de démocratie | Chef de l'État | Chef du gouvernement |
 Russie | Faible | Leonid Brejnev | Nikita Khrouchtchev |
 États-Unis | Élevé | John F. Kennedy | |
Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).
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Évolution des composantes du système politique
Profil | Gouvernants | Démocratie | Partis politiques |
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