Début d'une guerre civile au Soudan

En 1983, la stabilité du Soudan est menacée lorsque le gouvernement de Gaafar Mohammed Nimeiry impose la charia et divise le sud du pays en trois provinces administratives. Le vif mécontentement des sudistes entraînera une crise qui dégénérera en guerre civile.

Au début des années 1980, l'élite sudiste ne supporte plus les interventions désordonnées du président Nimeiry dans l'administration du Sud. Au même moment, un nouvel acteur politique cristallise l'opposition au régime. Il s'agit du colonel John Garang, un sudiste déterminé à mener un combat social, dans l'intérêt du Nord et du Sud, qui prend la tête du Mouvement de libération du peuple soudanais (MLPS). En perte d'appui, empêtré dans des scandales économiques et cherchant l'approbation des pays du golfe Persique, Nimeiry souhaite obtenir l'appui des Frères musulmans, un groupe fondamentaliste. En retour, il impose la loi islamique (charia) en septembre 1983. Assortie de peines corporelles, celle-ci suscite la grogne auprès de la minorité du Sud, chrétienne ou animiste. Nimeiry dévoile également un plan de décentralisation. Il divise le Sud en trois régions administratives possédant chacune son assemblée, son cabinet et son gouverneur. Pour les sudistes, cela apparaît comme une dilution de leur autonomie et une réduction de leur influence. Loin d'apaiser les tensions, cette politique déchaîne les passions et mène à une nouvelle guerre civile. Des émeutes éclatent et une Armée de libération du peuple soudanais (ALPS) voit le jour. Malgré quelques interruptions, ce conflit, un des plus meurtriers dans le monde, ne se terminera qu'au XXIe siècle. Il laisse derrière lui des centaines de milliers de morts et d'exilés soudanais et un pays déchiré par la pauvreté.