10 mai 2025
20 juillet 1979

Ouverture d'une conférence internationale sur les réfugiés de la mer en Asie du Sud-Est

Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde


Boat people

Une conférence internationale, tenue sous les auspices de l'Organisation des Nations unies (ONU), tente de solutionner le problème des réfugiés qui ont quitté le Viêt Nam par la mer au cours des dernières années. Les pays du G7, réunis à Tokyo en juin 1979, qualifient cette crise de «problème humanitaire aux proportions historiques».

La chute du régime de Saïgon, en 1975, incite des milliers de Vietnamiens à quitter leur pays sur des embarcations de fortune. Au fil des ans, des motivations politiques et ethniques, des conflits armés -qui touchent aussi le Cambodge et le Laos- ainsi que les promesses d'accueil formulées par certains pays, contribuent à accentuer le nombre de réfugiés. Ils arrivent dans des pays de la région (Thaïlande, Malaisie, Indonésie, Philippines, colonie britannique de Hong Kong, etc.) qui sont débordés par cet influx d'arrivants. Des pays occidentaux acceptent de faire leur part. En juin 1979, le président américain Jimmy Carter annonce que son pays fera passer de 7000 à 14000 le nombre de réfugiés qu'il recevra mensuellement. La situation reste précaire. Selon l'ONU, en plus des centaines de milliers de personnes décédées pendant la traversée, il y aurait eu plus de 200 000 Boat People depuis 1975. Des familles sont séparées et vivent pauvrement dans des conditions d'attente, alors que certains pays d'Asie du Sud-Est décident même de leur fermer leurs frontières. Les 20 et 21 juillet 1979, l'ONU organise une conférence à Genève afin de trouver des solutions. Des représentants de 26 pays y participent. Pressé d'agir, le gouvernement vietnamien assure qu'il fera cesser les départs illégaux et permettra à ceux qui le désirent de quitter le pays en sécurité. Des centaines de milliers de personnes le feront. Pour leur part, les Occidentaux s'engagent à accroître leur contribution financière et à accepter davantage de Boat People. Le problème des réfugiés continuera toutefois de hanter l'Asie. Une autre conférence sur le sujet aura d'ailleurs lieu à Genève, en juin 1989.

Dans les médias...

Olivier Todd, « Le mur des moratoires »

«...Ce moratoire de Genève, scandale moral et juridique, secrète déjà un immense malaise à l'Onu même, et surtout au Haut-Commissariat aux réfugiés : c'est la première fois qu'une organisation internationale encourage un de ses membres à limiter le droit de libre circulation de ses citoyens. On autorise Hanoi à se débarrasser de ses Sino-Vietnamiens et à enfermer ses Vietnamiens. On renforce son mur de bambou. On accepte presque de jure ce goulag. (...) Sur la forme et sur le fond, on a cédé à Hanoi. Tous les experts estiment que 2 000 000 de Vietnamiens au moins veulent partir. Les diplomates de Hanoi, en privé, disent qu'ils laisseront sortir, au maximum, une dizaine de milliers de personnes par mois. Ils veulent surtout se débarrasser des Sino-Vietnamiens et des éléments considérés comme improductifs, irrécupérables ou asociaux. Dans les semaines qui viennent, ils « réuniront » sans doute quelques familles, sous les projecteurs de la propagande, pour faire preuve de leur « bonne volonté ». Puis, le mur se refermera. »

L'Express (France), 4 août 1979, p. 33.

Michel Roy, « Bilan rassurant de Genève »

«...Le bilan de la conférence de Genève sur les réfugiés est inespéré. Beaucoup d'observateurs avaient en effet prédit que cette réunion des représentants de 65 États ne serait qu'une longue accumulation de fastidieux discours sans lendemain comme il arrive si souvent, hélas, dans les forums internationaux. Au surplus, il avait été dit que le secrétaire général, en interdisant les débats politiques sur les causes du drame indochinois, condamnait l'entreprise à la stérilité et à l'hypocrisie. En réalité, c'est M. Waldheim qui avait vu juste. Tout d'abord, il avait raison de penser que cette tragédie des damnés de la mer imposait à la conscience mondiale l'effort supplémentaire qu'il invitait les gouvernements à déployer dans une perspective purement humanitaire; ensuite, il devait s'assurer de la présence du Vietnam à la table des discussions, donc éviter que celles-ci ne dégénèrent en réquisitoire systématique; enfin, malgré l'interdit, le secrétaire général savait qu'il devait tolérer les interventions condamnant la politique de Hanoi, tout en faisant en sorte que celles-ci ne viennent pas compromettre les actions de secours. On peut donc se féliciter des résultats obtenus aux plans humain, matériel et politique. »

La Presse (Québec, Canada), 24 juillet 1979, p. 4.

Éditorial

«...Up until now, in the face of that horror, the rest of the world has been looking on and making only minimal and convenient measures to help, while waxing eloquent on how very difficult the whole thing has become and how very complicated to resolve. The world has got very good - very skilled and very adept, really - at spotting these great mass abuses of populations. But only from a distance of about 40 years. Up close it's different. Then no one can see. Ethnic Chinese by the hundreds of thousands who fled Cambodia are being send back there by a desperate Thai government. Thousands upon thousands more Indochinese are drifting around in flimsy boats to nowhere, starving, drowning. The thing about all this is not that it's politically awkward or economically burdensome or diplomatically tricky. The thing about it is that it's happening - now, to real people. And the world - including and especially the world that could help - can't get the thing in focus. »

The Washington Post (États-Unis), 22 juin 1979.

Gouvernance et gouvernement [ 20 juillet 1979 ]

Pays Niveau de démocratie Chef de l'État Chef du gouvernement
flagVietnamFaibleTón Dúc ThángPham Van Dông
flagÉtats-UnisÉlevéJimmy Carter
flagCambodgeFaibleHeng SamrinHeng Samrin
flagLaosFaiblePrince Thao SouphanouvongKayson Phomvihan
flagHong KongFaible

Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).

Évolution des composantes du système politique

Profil Gouvernants Démocratie Partis politiques
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