26 août 1968
Ouverture de la convention du Parti démocrate américain à ChicagoTexte rédigé par l'équipe de Perspective monde
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 Hubert Humphrey |
Après un début d'année mouvementé, le Parti démocrate américain tient sa convention nationale pour déterminer son candidat à l'élection présidentielle de l'automne. Des scènes de violence et de profondes divisions au sein du parti marquent cet événement qui se solde par la victoire du vice-président Hubert H. Humphrey.
Le 31 mars 1968, le président démocrate Lyndon B. Johnson annonce qu'il ne sera pas candidat à l'élection présidentielle de l'automne. Puis, le 6 juin, un des candidats en lice à l'investiture démocrate, le sénateur Robert F. Kennedy, est assassiné à Los Angeles. C'est également dans un climat de contestation nationale -intervention américaine au Viêt-nam, tensions raciales, etc.- que s'ouvre la convention du Parti démocrate à Chicago, le 26 août 1968. Les deux meneurs dans la course, le vice-président Hubert H. Humphrey et le sénateur Eugene McCarthy, reflètent cette division. Alors que le premier défend la politique de l'administration américaine au Viêt-nam, le second souhaite un retrait rapide des troupes. Un débat houleux sur cette question se termine par un appui à la ligne du gouvernement. Mais la grogne entoure cette convention, particulièrement dans les rues où des manifestants radicaux, dont ceux du Comité pour la mobilisation nationale afin de mettre fin à la guerre au Viêt-nam, se frottent avec une force policière imposante qui intervient de façon musclée. Le pays tout entier est témoin de scènes de désordre qui desservent les démocrates auprès de l'électorat. Même s'il n'a pas participé aux primaires, Humphrey remporte la convention avec plus de 1000 votes d'avance sur McCarthy. Après avoir refusé de se rallier, ce dernier le fera quelques jours avant la présidentielle opposant Humphrey au républicain Richard Nixon qui remportera la victoire. Événement marquant de la crise de contestation qui secoue les États-Unis, la convention de 1968 constitue un tournant pour le Parti démocrate qui modifiera son processus de sélection des délégués en prévision de l'élection de son prochain candidat, en 1972. |
Pour en savoir plus: Discours du candidat démocrate à la présidence des États-Unis |
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S.A., «Un parti divisé»
«...Malgré les ovations plus ou moins sincères réservées à M. Humphrey par une majorité qui lui resta fidèle du début à la fin de la «convention», les démocrates se sont séparés à Chicago dans l'amertume et la rancoeur. Il serait prématuré de prédire la défaite démocrate aux élections de novembre et de présenter, comme le font la plupart des journaux américains, le parti de M. Johnson comme étant au bord de la désintégration. Les grandes masses populaires qui forment sa clientèle traditionnelle d'un océan à l'autre -syndicalistes, minorités ethniques et religieuses, classe moyenne- n'ont pas encore donné le signal de la débandade. Mais la «convention» de Chicago n'en porte pas moins le genre de dissidences multiples qui compromettent gravement les chances du parti de garder la Maison Blanche, à moins d'un redressement d'ici deux mois tout aussi spectaculaire que la confusion, les sécessions et la médiocrité dont elle a projeté l'image dans des millions de foyers américains. Le «jour nouveau» proclamé par M. Humphrey dans son discours d'acceptation de l'investiture reste encore dans l'ombre.»
Le Monde (France), 31 août 1968, p. 1.
Fred Gardner, «La fausse victoire de Hubert Humphrey»
«...le vice-président se retrouve à la barre d'un parti aussi déchiré que l'était le parti républicain, il y a quatre ans. Dans le dernier sondage d'opinion, il arrive loin derrière Nixon. Et alors qu'en général le cirque publicitaire dont s'accompagne une convention augmente la popularité du candidat désigné, il est probable que, cette fois-ci, le spectacle, entrecoupé de violentes bagarres de rue dans lesquelles les troupes sont intervenues, baïonnette au canon, aura l'effet contraire (...) Humphrey ne peut qu'espérer une fin très rapide de la guerre. Même le ralliement de McCarthy (qui, s'il se produit, sera sans doute peu enthousiaste) n'apporterait pas à Humphrey le soutien de la jeunesse ni celui des cadres des banlieues résidentielles qui forment le gros de l'électorat pacifiste. Quoi qu'il en soit, un cessez-le-feu amènerait sans doute Nixon à dénoncer le «bradage» des Démocrates et ferait de Humphrey, bon gré mal gré, un homme de paix. En fin de compte, les chances de Humphrey dépendent de Johnson et il n'y a aucune raison de croire que celui-ci changera de politique pour aider Humphrey, alors qu'il ne le fait pas pour lui-même.»
Le Nouvel Observateur (France), 2 septembre 1968, p. 19.
Louis Wiznitzer, «Le parti démocrate, en congrès à Chicago, se ressent des événements de Tchécoslovaquie»
«...Curieusement, et compte tenu de l'écart qui sépare les USA de l'URSS sur le plan du développement économique (40 ans d'avance) le système politique américain traverse une crise politique aussi grave que celle qui afflige l'URSS et se révèle aussi inadéquat que ce dernier. James Reston écrivait récemment que les conventions américaines ressemblaient étonnamment aux conventions du Parti communiste. Les candidats désignés -Nixon et Humphrey, ces éternels seconds- sont ceux de la machine du parti. Les candidats populaires, Rockfeller, McCarthy, Robert Kennedy, sont éliminés ou «exécutés». Il y a évidemment «quelque chose de pourri» au royaume de «l'American Democracy» lorsque la convention du Parti démocrate se réunit dans une enceinte entourée de fils de fer barbelés et protégée par 25 000 policiers, soldats, parachutistes, agents du FBI et du CIA, dans une ville où les tanks ont pris position, où les avions C-141 effectuant un véritable pont aérien amènent toutes les dix minutes, provisions, munitions et renforts, survolée par des hélicoptères militaires.»
La Presse (Québec, Canada), 28 août 1968, p. 5.
S.A., «Survival at the Stockyards»
«...Schism, bitterness, demands for violent solution, disenchantment with the way things are, fear of what may be -these are the forces, some would say the demons, that are loose in the U.S. in 1968. The demons, accompanied the Democrats to Chicago. A deeply divided party met amid paroxysms of violence in the city and obsessive security measures that surrounded a major function of U.S. democracy with the air of a police state (...) The convention may have picked a candidate opposed by a big segment of the party and backed by an alliance of old-line political bosses, but there is little doubt that the choice represented a majority view among Democrats. It is regrettable, perhaps, that the American political system did not cast up to more modern and exciting candidates than Hubert Humphrey and Richard Nixon. But the decision in Chicago, as in Miami Beach, does in a rough sort of way reflect the popular mood. Despite the deep disillusionment of many Americans with the Old Politics, the majority seems to have no strong appetite for radical solutions.»
Time (édition canadienne), 6 septembre 1968, p. 20.
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Gouvernance et gouvernement [ 26 août 1968 ]
Pays | Niveau de démocratie | Chef de l'État | Chef du gouvernement |
 États-Unis | Élevé | Lyndon B. Johnson | |
Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).
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Évolution des composantes du système politique
Profil | Gouvernants | Démocratie | Partis politiques |
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