11 mai 2008
Attaques xénophobes en Afrique du SudTexte rédigé par l'équipe de Perspective monde
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 Alexandra |
En mai 2008, l'Afrique du Sud est secouée par une série d'attaques dirigées contre les ressortissants étrangers noirs vivant sur son territoire. Tout au long du mois de mai, on assiste à des émeutes d'une violence extrême et à une chasse aux étrangers dans les faubourgs des grandes villes sud-africaines.
Parties d'Alexandra, un bidonville au nord de la région métropolitaine de Johannesburg, ces attaques se généralisent pour toucher rapidement des bidonvilles d'autres métropoles comme Pretoria et la ville du Cap. Les résidents de ces quartiers pauvres et insalubres accusent les étrangers d'être à l'origine de leur piètre condition. Ils accusent les Mozambicains, les Zimbabwéens, mais aussi les Congolais, les Malawites, les Somaliens - la plupart ayant fui leurs pays en proie à de tensions internes - de « voler » les emplois qui sont censés leur appartenir. Aux difficultés traditionnelles que sont l'insécurité et un taux élevé de pauvreté, vient s'ajouter la flambée des prix de première nécessité, propulsée par la crise énergétique. On met aussi en cause le nombre croissant et toujours élevé d'immigrants illégaux et l'incapacité des autorités municipales à répondre aux besoins des populations. En quelques jours, les attaques contre les étrangers font des dizaines de morts et déplacent plusieurs milliers de personnes. Craignant pour leur vie, un grand nombre d'immigrants des pays limitrophes, notamment les Mozambicains et les Zimbabwéens décident de rentrer chez eux. Après avoir passé des années dans ces taudis, ils repartent aussi démunis que lorsqu'ils étaient arrivés quelques années plus tôt. |
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Valérie Hirsch, « Des pogroms à Johannesburg »
«...Même si seulement 2 à 3 % des criminels arrêtés par la police sont des étrangers, les Sud-Africains les rendent responsables de la forte criminalité. Même si l'apport de cette main-d'oeuvre étrangère, souvent plus qualifiée et dynamique que les locaux, est positif pour l'économie sud-africaine, les pauvres les accusent d'être responsables du taux de chômage de 40 %. Le gouvernement a toujours minimisé la crise au Zimbabwe. Comme il minimise à présent le problème de la xénophobie : « C'est un élément secondaire dans les attaques de ces derniers jours, estime la ministre de l'Intérieur Nosiviwe Mapisa-Nqakula. Selon elle, les émeutiers sont « des éléments criminels qui ont manipulé la population ». Les attaques ont-elles été orchestrées pour déstabiliser l'Afrique du Sud, qui doit accueillir la Coupe du monde de football en 2010 ? Le président Thabo Mbeki a annoncé le lancement d'une enquête pour déterminer l'origine des émeutes. »
Libération (France), 20 mai 2008, p. quo10.
Fabienne Pompey, « Le président sud-africain critiqué pour sa gestion des violences xénophobes »
«...Plusieurs personnalités politiques proches du chef de l'Etat ont sous-entendu que les violences pourraient avoir été orchestrées par l'Inkhata, le parti zoulou. L'influent conseiller à la présidence, Essop Pahad, a de son côté mis en cause des « forces d'extrême droite ». Mais pour le centre de réflexion Institute of Race Relations (IRR), la faute revient au gouvernement. Cette organisation indépendante dénonce l'incapacité des autorités à assurer la sécurité, à lutter contre la corruption, à fournir des emplois et des logements décents ainsi qu'à maîtriser les flux migratoires. Le président Thabo Mbeki a plusieurs fois mentionné la xénophobie comme un problème auquel le pays devait s'attaquer. Il a appelé ses concitoyens à « apprendre à vivre » avec les immigrés zimbabwéens. Refusant de reconnaître la situation de crise au Zimbabwe, le chef de l'Etat n'a jamais jugé utile de donner un statut de réfugiés aux migrants. La principale contribution du gouvernement à la gestion de l'immigration africaine a été le renforcement des patrouilles aux frontières, les rafles et les expulsions par train de milliers de « clandestins ». »
Le Monde (France), 23 mai 2008, p. 5.
Mario Roy, « Affrontements déraisonnables »
«...Depuis la fin de l'apartheid, (...) le revenu familial moyen a décru. Et l'écart entre riches, surtout blancs, et pauvres, surtout noirs et chômeurs à hauteur de 23%, s'est considérablement élargi. À l'étage au-dessous encore, on trouve donc les immigrés illégaux: ils seraient en tout cinq millions sur une population de 45 millions de citoyens. S'ajoutent à l'équation, d'abord, un soupçon de pensée magique: hier, la classe politique sud-africaine cherchait désespérément un complot pour expliquer cet embrasement de la « rue ». Ensuite, la hausse soudaine du coût de l'alimentation. Enfin, la proximité du pire voisin qui soit, ce malheureux Zimbabwe que Robert Mugabe, toujours accroché au pouvoir pour cause d'élection inachevée, a consciencieusement détruit. Il a ainsi précipité des hordes d'affamés vers la prospère « nation arc-en-ciel », selon le mot du Prix Nobel de la paix, Desmond Tutu, utilisé pour décrire une Afrique du Sud ouverte et multiculturelle. Car ce sont surtout eux, les Zimbabwéens (ils sont peut-être deux millions, peut-être trois, à vivre aujourd'hui dans la marge de la société sud-africaine), qui sont déclarés coupables de la criminalité, du chômage, de leur misère à eux et de celle des autres. Ce sont surtout eux qu'on ne veut plus accommoder et qui font les frais de toute cette déraison. »
La Presse (Québec, Canada), 21 mai 2008, p. A26.
Barry Bearak, « Immigrants fleeing fury of South African Mobs »
«...Each day requires a new measure of the overheated xenophobic temperature. Some foreign businessmen have closed their shops in fear. Will the mobs push their way into stores, seizing immigrants and stealing goods? Will they pull people from trains and buses and set them ablaze? So far, the violence has achieved the aims of the mobs. Thousands of immigrants want to go home. Busloads are already departing. « I can't live here anymore, » said Alfred Quha, a 42-year-old laborer who came to South Africa from Mozambique 23 years ago. « Anywhere you'd live now there will be fighting. Pretoria, fighting. Johannesburg, fighting. » While the mobs celebrate, news of the past week has upset other South Africans in any number of ways. Fear of more ethnic violence is blamed for a decline in the value of the rand. « Xenophobic mayhem hammers the currency, » was the lead headline in the newspaper Business Day. Paroxysms of mob fury jeopardize tourism. Might this affect the nation's hosting of soccer's World Cup in 2010? »
New York Times (États-Unis), 23 mai 2008, p. A10.
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Gouvernance et gouvernement [ 11 mai 2008 ]
Pays | Niveau de démocratie | Chef de l'État | Chef du gouvernement |
 Afrique du Sud | Élevé | Thabo Mvuyelwa Mbeki | Poste aboli |
Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).
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Évolution des composantes du système politique
Profil | Gouvernants | Démocratie | Partis politiques |
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