28 juin 1956
Dénouement d'une grève spontanée à Poznan, en Pologne
Texte rédigé par l'équipe de Perspective monde
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 Khrouchtchev, Gomulka |
Des milliers d'ouvriers polonais entrent en grève pour protester contre leurs conditions. L'arrêt de travail entraîne des manifestations houleuses qui sont réprimées par la force, provoquant des dizaines de morts.
Quelques mois après la tenue du XXe congrès du Parti communiste soviétique (PCUS), des milliers d'ouvriers de Poznan, en Pologne, quittent l'ouvrage pour revendiquer de meilleures conditions. Une importante manifestation éclate. Des actes de désobéissance et des slogans hostiles à l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) incitent l'armée à intervenir. L'émeute qui suit fait plusieurs victimes. La recherche d'une solution politique s'engage. Elle oppose partisans de la modération et tenants de la ligne dure. L'ex-premier ministre Wladyslaw Gomulka qui a été destitué, puis emprisonné, quelques années auparavant, est réintégré au sein du Parti ouvrier unifié polonais (POUP). Des tensions persistantes pouvant mener à une insurrection, comme celle qui va éclater en Hongrie, sont apaisées avec sa nomination au poste de premier secrétaire du parti le 20 octobre. Gomulka adoptera des réformes sans s'aliéner l'appui de l'URSS avec qui il signe un accord bilatéral en novembre. Des élections, tenues en janvier 1957, confirmeront sa popularité auprès de la population. |
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André Fontaine, « Chouans sans sabots »
«...Le soulèvement place les chefs de la Pologne, et avec eux ceux de l'U.R.S.S., devant un choix dramatique et d'une immense portée. Il n'existe pas de commune mesure en effet entre la libéralisation amorcée depuis quelques mois, en Pologne plus que partout ailleurs, et la prudente tentative à laquelle les émeutes d'Allemagne orientale ont en juin 1953 mis fin. Le « nouveau cours » n'avait qu'une portée limitée, sans ouverture sur le monde extérieur, il n'autorisait aucun rêve de liberté. Ce n'était guère qu'une pause dans un trop rapide passage du système bourgeois au socialisme. La « reconversion » de la Pologne est une entreprise sans précédent qui a mis toute l'intelligentsia en mouvement, révélé la longue résistance au stalinisme de nombreux chefs du régime, suscité un peu partout des espoirs considérables. Son abandon provoquerait une énorme déception, dont le moindre effet ne serait pas de rouvrir entre communistes et socialistes le gouffre que Moscou s'emploie si patiemment à combler. Aussi bien les voeux du Kremlin ne vont-ils pas au durcissement. »
Le Monde (France), 4 juillet 1956, p. 1.
Paul Sauriol, « Les émeutes de Posnan »
«...L'agitation qui vient de se produire à Posnan est probablement due à plusieurs causes : même si l'on disposait de renseignements plus complets il ne serait peut-être pas facile d'en dégager la signification exacte. D'autre part, l'événement paraît lié à un ensemble de facteurs qui peuvent lui donner un sens et une portée de grande envergure. À un tournant capital de la guerre froide cette révolte locale, apparemment spontanée et sans objectifs précis ni préparatifs sérieux, peut fort bien être le symptôme d'un malaise qui grandit dans tout le monde communiste. En Occident, on est naturellement porté à voir dans ces émeutes le signe d'une désagrégation du bloc soviétique. (...) La dure répression qui s'annonce à Posnan est une indication des purges que pourraient déchaîner dans ces pays des soulèvements voués à l'échec. La futilité apparente des émeutes de Posnan indique clairement qu'il s'agit d'un mouvement spontané qui n'a pas été organisé de l'extérieur. Il n'est pas sûr toutefois qu'une répression sanglante ne soit pas encore plus futile, voire dangereuse pour le régime. »
Le Devoir (Québec, Canada), 5 juillet 1956, p. 4.
S.A., « What Response ? »
«...To react noisily by seeming to encourage more violence would be the worst folly, for it would push Poland back into a still more rigid line than the Russian authorities took after the Berlin riots. But to react with a negative silence is to risk the bitter disappointment of those Poles who turn their eyes to the West in hope of sympathetic help. A middle way must be found. (...) To the Polish Government it should be said that a fair and open trial would be seen in the outside world as welcome evidence that its new liberalism had healthy roots, and clemency as a proof of its self-confident strength. This is the immediate point. But to the Government and people of Poland more should be said. The Poznan outburst sprang up in part as protest against privation, but it would be a mistake to assume that many Poles want to go back to the old forms of capitalism as they used to know it in their country. They should be assured that the West has no wish to see one form of exploitation exchanged for another, and recognises that socialism can be combined with greater thought for popular wellbeing than it has been under the Stalinist shadow. »
Manchester Guardian (Royaume-Uni), 5 juillet 1956, p. 6.
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Gouvernance et gouvernement [ 28 juin 1956 ]
Pays | Niveau de démocratie | Chef de l'État | Chef du gouvernement |
 Pologne | Faible | Aleksander Zawadzki | Józef A. Z. Cyrankiewicz |
Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).
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Évolution des composantes du système politique
Profil | Gouvernants | Démocratie | Partis politiques |
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