4 juillet 1976
Raid israélien sur Entebbe, en OugandaTexte rédigé par l'équipe de Perspective monde
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 Yitzhak Rabin |
Un commando israélien prend d'assaut l'aéroport d'Entebbe, en Ouganda, où des pirates de l'air retiennent un avion de ligne français et près de 100 otages. Le commando tue 7 terroristes et 20 soldats ougandais et retourne en Israël avec 91 otages libérés.
Le 27 juin 1976, sept membres d'une guérilla pro-palestinienne détournent un avion de ligne d'Air France transportant 258 passagers et 12 membres d'équipage, peu après qu'il ait quitté Athènes sur un vol allant de Tel-Aviv à Paris. Les terroristes forcent le pilote à détourner l'avion vers l'Afrique. Après avoir essuyé un refus d'atterrir au Soudan, les Palestiniens mettent le cap sur l'aéroport d'Entebbe, en Ouganda. Une fois au sol, les terroristes menacent de faire exploser l'avion si 53 prisonniers palestiniens ou pro-palestiniens incarcérés en Allemagne de l'Ouest, au Kenya, en France et en Suisse, ne sont pas libérés au 1er juillet. Après des négociations entre le président de l'Ouganda, Idi Amin Dada, et les terroristes, 47 otages sont libérés le 30 juin, et 101 autres le 1er juillet. Dans un renversement de situation inattendu, Israël se dit prêt, le 1er juillet, à négocier avec les terroristes. Dans la nuit du 3 au 4 juillet, un commando de troupes d'élite israéliennes prend d'assaut l'aéroport d'Entebbe afin de libérer les otages israéliens. Le commando tue 7 pirates de l'air et 20 soldats ougandais, puis retourne en Israël avec 91 passagers libérés et les 12 membres de l'équipage. Au lendemain de ce raid, les opinions sont partagées. Des leaders occidentaux appuient l'action d'Israël qui est dénoncée par les Ougandais ainsi que certains leaders africains et du Moyen-Orient qui qualifient cette action de terrorisme d'État. |
Pour en savoir plus: Discours à la Knesset du premier ministre israélien sur le raid d'Entebbe |
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Hervé Chabalier, « Israël : le prix d'un exploit »
«...Lorsque l'Occident développé applaudit, l'Afrique, elle, se réveille humiliée. Israël risque d'y perdre ses dernières amitiés africaines. Le « Blanc » a donné une gifle au tiers monde (...) Reste à savoir maintenant si l'action israélienne portera un coup d'arrêt aux prises d'otages internationales. Les optimistes le pensent. Les pessimistes craignent au contraire que, la prochaine fois, les pirates de l'air, instruits par l'expérience d'Entebbe, ne soient plus rapides et radicaux. Un journal du Koweït écrivait, dès mardi, que le commando de l'« Airbus » avait fait preuve d'une mollesse, qui lui avait retiré toute crédibilité. Les Israéliens, eux, estiment, comme les « chasseurs de pirates » du XIXe, qu'ils ont plus que jamais le droit de poursuite...Ils risquent de se retrouver plus seuls encore et d'être entraînés dans l'engrenage des « missions impossibles » - qu'ils réussiront jusqu'à quand ? »
Le Nouvel Observateur (France), 12 juillet 1976, p. 27.
S.A., « L'agression israélienne »
«...Les cris de joie, l'allégresse et l'hystérie collective des foules israéliennes ont peut-être permis provisoirement de colmater les profondes lézardes d'une classe dirigeante dont le désarroi était patent, mais ils sont, assurément, annonciateurs d'une violence accrue. Le recours désespéré aux détournements d'avion, condamné explicitement par l'O.L.P., ne saurait justifier, en dépit des problèmes politiques et humains angoissants qu'il pose, la légitimation pour les États, sous le couvert de la « lutte contre le terrorisme », d'un terrorisme « officiel » et de la politique du « coup de main ». En se plaçant sur le terrain même des détourneurs d'avions, mais avec des moyens incomparablement plus puissants, les « commandos » israéliens ont ainsi fait plusieurs dizaines de victimes qui auraient pu être épargnées mais ils ont surtout, ajouté un nouvel épisode à la liste des violations territoriales et des abus de puissance commis au nom de la « protection des ressortissants civils » et du « droit de suite ». Ces prétextes si souvent invoqués pour justifier les pires exactions coloniales. »
Afrique-Asie (France), 12 au 25 juillet 1976, p. 53.
Georges Vigny, « Leçons du raid sur Entebbe »
«...C'est pourquoi nous verrons dans l'opération d'Entebbe un tournant à partir duquel le monde entier est appelé à se servir du raid comme un élan afin de promouvoir une totale coopération. Il y a des années que le défi du terrorisme démantelle progressivement l'ensemble des structures démocratiques, mine et souvent renverse les valeurs morales à défaut desquelles l'humanité n'est qu'une immense jungle, sans que personne puisse mettre en place un mécanisme ajusté aux dimensions du péril et qui, nécessairement, passe par la collaboration de tous les pays intéressés. Il n'est pas question que chacun se dote d'une force de frappe à l'image des brigades héliportées de Tsahal, mais il n'est pas question non plus de prétendre que n'ayant pas les mêmes besoins qu'Israël, nous n'avons pas à nous inquiéter ! Jérusalem avait un défi à relever, il l'a relevé à sa manière, c'est-à-dire spectaculaire. On peut chicaner sans fin sur cette manière mais on n'a pas le droit d'ignorer que ce même défi, avec d'autres figurants et d'autres motivations, peut se poser à n'importe qui. »
Le Devoir (Québec, Canada), 5 juillet 1976, p. 4.
Éditorial
«...A commando raid will not always and everywhere be the answer to a hijacking. The odds against success are great. Only the skill of the Israeli team, coupled with the element of surprise, made it work in this instance. Thus, while it is appropriate that there should be general rejoicing for the safety of the hostages and the thwarting of the hijackers, the real hope of the world is to try to strengthen international action to thwart hijackings and political terrorism. In an imperfect world, the Israelis have acted boldly to deal with a single terrifying situation. In a world where only force prevails, however, all of us are threatened by acts of violence. When the rule of law breaks down, there are occasionally moments when only an extraordinary act of physical intervention may work. But what we - and the Israelis, and ultimately even the Ugandans - must try to do is to build international, rather than merely military, barriers against such acts of terrorism as were being committed by the hijackers. »
Detroit Free Press (États-Unis), 7 juillet 1976.
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Gouvernance et gouvernement [ 4 juillet 1976 ]
Pays | Niveau de démocratie | Chef de l'État | Chef du gouvernement |
 Israël | Élevé | Ephraim Katzir | Yitzhak Rabin |
 Ouganda | Faible | Idi Amin Dada | Apolo Milton Obote |
Les informations précédentes renvoient précisement à la date de l'événement. Le niveau de démocratie est établi à partir des travaux de l'équipe de Polity IV. L'indice renvoie à la démocratie institutionnelle. Les noms des gouvernants sont établis à partir de nos bases de données les plus récentes. Là où on ne trouve aucun nom pour chef du gouvernement, il faut conclure que le chef de l'État est aussi, et sans intermédiaire, le chef du gouvernement, ce qui est le cas des systèmes présidentiels classiques (les États-Unis par exemple).
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Évolution des composantes du système politique
Profil | Gouvernants | Démocratie | Partis politiques |
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