12 mai 2025

15 février 2011

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Nouvelle ère pour la monarchie britannique

La monarchie britannique est depuis longtemps synonyme de traditions. En effet, l'« Act of Settlement » de 1701 a établi les règles de succession au trône de manière à ce que la royauté anglaise ne provienne que d'une seule famille. La Constitution du Royaume-Uni n'étant pas formellement écrite, le système de monarchie parlementaire se résume à une série de conventions et protocoles qui établissent les fonctions de la famille royale par rapport au gouvernement du pays ainsi que des autres États membres du Commonwealth (1).

Récemment, un vent de renouveau souffle sur la monarchie britannique avec l'annonce des fiançailles du prince William, deuxième dans la succession au trône, et de Kate Middleton. Le prince William est souvent qualifié de « prince moderne » et son mariage offre la possibilité de redorer l'image de la monarchie aux yeux de l'opinion publique du Royaume-Uni. De plus, la promesse d'une nouvelle lignée d'héritiers au trône permet d'aborder certains sujets constitutionnels épineux (2).

Un conte de fée moderne

La cérémonie du mariage annonce une rupture avec les anciennes traditions britanniques puisque le couple lui-même n'est pas conventionnel. La rencontre entre les deux jeunes gens s'est faite à l'Université de St Andrews et c'est après plus de huit ans de fréquentation que le prince a fait la grande demande à miss Middleton. Le mariage, prévu pour le 29 avril 2011, est pris en charge en grande partie par les fiancés eux-mêmes. D'ailleurs, tous les frais, exception faite de la sécurité, seront assumés par la famille royale ainsi que les Middleton. De cette manière, le couple s'assure de prendre en considération la situation économique actuelle. Le choix de l'église n'est pas non plus étranger à ce contexte. Westminster Abbey est la scène idéale pour un mariage petit et intime, surtout en comparaison avec le mariage du prince Charles et de Diana Spencer à la cathédrale St-Paul en 1981 (3).

Les fiancés ont également annoncé qu'une fois mariés, ils prévoyaient vivre plutôt modestement sans l'aide de domestiques et probablement à l'extérieur du palais royal. Sans mettre de côté le projet de fonder une famille, le prince prévoit d'abord se concentrer sur la fin de son service militaire. De son côté, la future princesse est de plus en plus associée à des projets de charité, dont « Starlight », une fondation venant en aide aux enfants malades en phase terminale. Plusieurs comparaisons sont faites entre cette dernière et la défunte princesse Diana, également considérée comme une « working princess » étant donné son statut d'ambassadrice d'organismes de charité. Les membres de la famille royale ayant une carrière, particulièrement les femmes, ne sont pas monnaie courante, même de nos jours (4).

Bonne nouvelle pour une population blasée

Depuis la mort de la princesse Diana en 1997, la réputation de la monarchie est sur une pente descendante. La princesse était, en effet, plus populaire que le prince Charles. Les circonstances de la relation de ce dernier avec Camilla Parker Bowles, maintenant duchesse de Cornwall, n'ont pas amélioré son image. Le futur roi n'avait donc pas l'appui du public. Or, le prince Charles ne prétend à présent qu'à un très court règne puisqu'il a déjà plus de 60 ans et que sa mère, la reine Elizabeth II, ne montre toujours pas de signe laissant présager qu'elle envisage d'abdiquer le trône. Dans ce cas, bien que deuxième dans la succession, le prince William est plus que probablement le prochain souverain du Commonwealth (5).

Le contexte du mariage prochain n'est pas sans rappeler celui de la reine actuelle en 1947 avec le prince Phillip. Alors que le pays était en état de crise étant donné la conjoncture économique difficile suivant la Deuxième Guerre mondiale, l'annonce d'un mariage royal a distrait la population. C'est également le cas aujourd'hui. Néanmoins, il ne s'agit pas seulement d'une promesse de divertissement, mais de l'introduction d'une nouvelle génération de monarques. Comme il a été mentionné précédemment, le prince William et Kate Middleton représentent un couple moderne dont les priorités sont plus près de celles de la population, c'est-à-dire l'éducation et le marché du travail. Il faut également noter que miss Middleton ne provient ni de l'aristocratie britannique ni d'aucune autre famille princière d'Europe. Par conséquent, l'image que le jeune couple donne de la monarchie semble plus accessible à la population (6).

La possibilité d'une réforme constitutionnelle après plus de trois siècles

La possibilité que le couple royal ait des enfants permet de rouvrir le débat concernant la nature discriminatoire des règles de succession au trône établies par l'Acte de 1701. De manière concise, ces règles ne permettent pas à la première-née du souverain d'accéder à la Couronne s'il advenait qu'elle ait un frère par la suite, puisque l'héritier mâle est favorisé pour devenir roi. De plus, un membre de l'Église romaine n'a toujours pas accès au trône plusieurs siècles après la mise en place du protestantisme par Henry VIII. Ces deux points ont souvent été discutés, mais jamais approuvés étant donné la nature délicate de la Constitution britannique. En effet, non seulement le Royaume-Uni devrait se prononcer sur la question, mais également les 16 autres membres du Commonwealth qui seraient affectés par la reconnaissance d'un nouveau souverain (7).

Le moment est idéal pour faire ces modifications à la Constitution puisqu'elles s'inscrivent dans le nouveau virage que prend la monarchie britannique. De plus, elles n'affecteraient pas la lignée déjà en place puisque ni le prince Charles, ni le prince William n'ont de soeur ainée. Ce mariage royal promet par conséquent d'ouvrir les horizons du Royaume-Uni en entier. Avec lui, la monarchie britannique s'apprête à faire son entrée officielle dans le XXIe siècle.




Références:

1. THE ROYAL HOUSEHOLD. « The official website of the British Monarchy », [En ligne], 2011, http://www.royal.gov.uk/Home.aspx (Page consultée le 14 février 2011)

2. CBS. « William, Kate Wedding Route, More Revealed », CBS News, [En ligne], 5 janvier 2011, http://www.cbsnews.com/stories/2011/01/05/earlysho... (Page consultée le 14 février 2011)

3. GAMMELL, Caroline et RAYNER, Gordon. « Royal Wedding Date: Prince William and Kate Middleton to marry on April 29 », The Telegraph, [En ligne], 23 novembre 2010, http://www.telegraph.co.uk/news/uknews/royal-weddi... (Page consultée le 14 février 2011)

4. WITCHELL, Nicholas. « Royal wedding: Countdown for William and Kate », BBC News, [En ligne], 19 janvier 2011, http://www.bbc.co.uk/news/uk-12193909 (Page consultée le 14 février 2011)

5. THE TELEGRAPH. « Prince William and Kate Middleton's wedding will lift the spirits », The Telegraph, [En ligne], 16 novembre 2010, http://www.telegraph.co.uk/comment/telegraph-view/... (Page consultée le 14 février 2011)

6. Ibid.

7. KATZ, Gregory. « Royal Wedding Sparks Debate on UK Succession », ABC News, [En ligne], 18 janvier 2011, http://abcnews.go.com/Health/wireStory?id=12637440&page=1 (Page consultée le 14 février 2011)



Dernière modification: 2011-02-21 07:56:03

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Roxane Cyrenne
analyste en formation
École de politique appliquée,
Faculté des lettres et sciences humaines
Université de Sherbrooke

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