12 mai 2025

11 octobre 2016

Countryflag

Sexisme envers la candidate à la Maison Blanche

Le 8 novembre 2016, les citoyens américains devront élire le 45e président des États-Unis (1). Les deux choix les plus populaires sont Hillary Clinton pour les démocrates ainsi que Donald Trump pour les républicains. La course est serrée entre les deux candidats, mais la femme pourrait bien être désavantagée par rapport à l'homme. En effet, Hillary Clinton a été victime de sexisme plusieurs fois dans la campagne présidentielle américaine.

Ces petits gestes qui paraissent anodins

Selon le dictionnaire Larousse, le sexisme se définit comme une « attitude discriminatoire fondée sur le sexe (2) ». Cette attitude est également souvent associée au fait qu'il n'y a pas si longtemps, les femmes n'avaient pas leur place dans l'espace publique et n'étaient pas destinées à travailler hors de la maison, surtout pas en politique (3). Cette façon de penser est encore présente de nos jours, comme en témoignent les exemples suivants.

Madame Clinton est dans le monde de la politique depuis la fin des années 1970 puisqu'elle était alors première dame de l'État de l'Arkansas (4). Ensuite, elle fut première dame des États-Unis grâce à l'élection de son mari Bill Clinton en 1992. Dès lors, elle fut exposée à la critique et celle-ci ne l'a pas épargnée.

The National Memo, un site spécialisé dans la politique américaine, a fait un montage vidéo regroupant des commentaires sexistes faits à Madame Clinton au cours des quarante dernières années. Par exemple, on voit un homme y dire, en direct à la télévision, que « les hommes ne voteront pas pour Hillary Clinton parce qu'elle leur rappelle leurs épouses acariâtres (5). »

Parmi les plus fragrants exemples de sexisme que l'on peut remarquer, il y a les articles parus à la suite de l'élection de Madame Clinton à l'investiture démocrate, en juillet 2016. Ce moment fut historique, puisqu'il s'agit de la première fois qu'une femme est la candidate présidentielle d'un des deux grands partis politiques américains. Cette véritable avancée de la parité en politique est cependant marquée par un choix d'illustrations journalistiques plutôt douteux quant à cet événement. Effectivement, malgré le fait que ce soit Hillary qui ait gagné, c'est plutôt son mari qui est représenté sur la page couverture des médias (6).

The Washington Post a aussi fait une analyse des 101 021 tweets envoyés pendant la primaire du New Hampshire. Il a retenu les mots employés plus de 50 fois et les résultats sont sans équivoque : seulement 9 mots à connotation négative sont reliés à Bernie Sanders, tandis que 53 sont associés à Hillary Clinton (7). Voici quelques exemples de ces mots : « bitch », « suck », « husband », etc. De plus, les coupes de cheveux ainsi que les vêtements de Madame Clinton sont souvent analysés, alors que son opposant masculin n'est pas soumis à ce genre de critiques (8).

Donald Trump, sexiste jusqu'au bout des ongles

Selon la majorité des sondages, la victoire semble acquise d'avance par Madame Clinton, malgré tous les préjugés sexistes à son égard. Néanmoins, le sexisme n'est pas qu'un désavantage pour elle dans cette élection. En effet, au cours de la campagne, plusieurs révélations ont été faites quant aux propos extrêmement sexistes de Donald Trump (9). Par exemple, une vidéo de 2005 où l'on voit celui-ci tenir des propos dégradants avec une personnalité médiatique a été rendue publique par le Washington Post. On peut y voir le candidat dire que lorsqu' « on est une star, elles nous laissent faire. On fait tout ce qu'on veut. Et cela inclut, la possibilité d'attraper les femmes par la chatte (10). » Plusieurs commentaires sexistes de ce genre lui ont fait perdre une grande partie de l'électorat féminin.

À maintenant cinq semaines de l'élection présidentielle, c'est toujours Hillary qui mène avec 42 % des intentions de vote, alors que Trump n'obtient que 36 % (11).

Il y a fort à parier que l'enjeu du sexisme aura énormément d'impact sur l'issue de l'élection présidentielle américaine. Selon certains, il pourrait même mener à la perte de Donald Trump.




Références:

1. RADIO-CANADA. « Les dates clés de l'élection américaine », 25 janvier 2016, http://ici.radio-canada.ca/sujet/elections-preside... (Page consultée le 10 octobre 2016).

2. LAROUSSE. « Sexisme », 2016, http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/sexisme/72461 (Page consultée le 10 octobre 2016).

3. COLLIN, Françoise. « Féminisme contemporain et espace public », 2004, https://books.google.ca/books?id=WIDi-JDEXdYC&prin... (Page consultée le 14 octobre 2016).

4. BONTE, Arièle. « Hillary Clinton : 40 ans de carrière et autant de sexisme », Le Figaro, 9 août 2016, http://madame.lefigaro.fr/societe/hillary-clinton-... (Page consultée le 10 octobre 2016).

5. loc. cit.

6. MIQUET, Lisa. « Sexisme médiatique, quand la victoire d'Hillary Clinton est illustrée par des images de son mari », 10 août 2016, http://cheese.konbini.com/photos/news/sexisme-hill... (Page consultée le 10 octobre 2016).

7. TROMBLE, Rebekah. « These 6 charts show how much sexism Hillary Clinton faces on Twitter », The Washington Post, 24 février 2016, https://www.washingtonpost.com/news/monkey-cage/wp... (Page consultée le 10 octobre 2016).

8. DE LEON, Conception. « True or False? When Hillary Clinton's Hair Is Pulled Back, She's in a Bad Mood », News & Politics, 15 octobre 2015, http://www.glamour.com/story/hillary-clinton-answers-what-d (Page consultée le 10 octobre 2016).

9. DABERT, Fabien. « Élections américaines 2016 : Trump lâché par des millions d'électeurs républicains [sondages, enjeux, résultat] », L'internaute, 11 octobre 2016, http://www.linternaute.com/actualite/monde/1270466... (Page consultée le 11 octobre 2016).

10. LE MONDE. « Donald Trump étrillé par son propre camp après la révélation de nouveaux propos sexistes », 8 octobre 2016, http://www.lemonde.fr/elections-americaines/articl... (Page consultée le 14 octobre 2016).

11. DABERT, op. cit.

Dernière modification: 2016-10-17 11:40:09

-N.D.L.R.: Il est possible que des hyperliens actifs au moment de la recherche et de la rédaction de cet article ne le soient plus ultérieurement.

Autres analyses

Pour la liste complète de nos bulletins sur l'actualité, consultez la rubrique analyse. Ces bulletins sont rédigés par des étudiants et étudiantes du programme d'Études politiques appliquées de l'Université de Sherbrooke. La recherche et la rédaction sont supervisées par notre rédacteur en chef Serge Gaudreau.

Corinne Prince
analyste en formation
École de politique appliquée,
Faculté des lettres et sciences humaines
Université de Sherbrooke

Au fil du temps