Le 11 mars 2006, Michelle Bachelet est assermentée pour un premier mandat à titre de présidente du Chili. Ce mandat, qui s'est terminé en 2010, fut caractérisé principalement par une série de réformes sociales ainsi qu'un record de popularité en fin de mandat de près de 84 % (1). Par contre, son retour à la présidence, en 2014, s'est avéré beaucoup plus difficile.
Des promesses qui font rêver
L'ex-présidente socialiste est élue pour un second mandat à la suite de son prédécesseur de droite, Sebastian Pinera. Dès son retour en 2014, Bachelet est aux prises avec de grands problèmes d'inégalités sociales entre les riches et les pauvres, mais également avec des critiques et manifestations étudiantes face au système d'éducation. C'est dans ce contexte que Bachelet a fait des promesses électorales visant à réformer socialement le pays.
Pour y remédier, elle compte doter le Chili d'une nouvelle Constitution, ce qui avait été promis par de nombreux prédécesseurs avant elle. Pour les Chiliens, il est impératif d'apporter des changements à la Constitution, car l'actuelle date de 1980, lors du régime dictatorial d'Augusto Pinochet (2). Selon Bachelet, l'adoption d'une nouvelle Constitution viendrait confirmer à tous et chacun, une fois pour toutes, la fin de l'ère Pinochet pour relancer le processus de démocratisation et de modernisation du pays.
Par la suite, dans le but de réduire les tensions, la présidente a comme objectif de diminuer les contestations étudiantes en promettant la gratuité de l'éducation (3). Il s'agit de multiples promesses électorales qui font rêver le peuple chilien à un avenir meilleur.
Une popularité en chute libre
Le retour de Bachelet ainsi que ses nouvelles promesses ont suscité beaucoup d'espoir pour la population qui se remet encore de l'ancien gouvernement conservateur de Pinera. Par contre, les jours et les mois passent sans qu'il n'y ait un vent de changement. La population s'agite, et les étudiants doublent le nombre de manifestations, qui deviennent de plus en plus violentes.
Malgré le fait que Bachelet ait été réélue en 2014 avec 62 % des suffrages, sa cote de popularité en 2017 est au plus bas avec moins de 24 % du soutien de la population (4). Dans le quotidien Le Monde, Christine Legrand va même jusqu'à écrire « Celle qu'ils appelaient affectueusement "la Michelle" ne bénéficie plus que de 24 % de soutien populaire, soit le score le plus bas pour un chef d'État depuis le retour de la démocratie en 1990 (5).»
Cependant, le non-respect des promesses électorales de Bachelet est la plus grande faiblesse de son gouvernement à l'approche du mandat qui se termine. Cela engendre une perte considérable de confiance des électeurs. Rien n'a changé en ce qui a trait la lutte aux inégalités sociales qui était une priorité. De plus, la gratuité scolaire que réclame la classe étudiante est encore une priorité que les étudiants convoitent (6).
Si la tendance se maintient, seulement quelques-unes des promesses électorales de Bachelet seront réalisées. Par contre, lors de ses mandats, Bachelet a grandement aidé à l'avancement des droits de la personne. C'est le cas par exemple avec le droit des femmes dans le dossier de l'avortement, ainsi qu'avec l'avancement des droits des conjoints de même sexe, notamment en ce qui a trait au mariage (7).
Selon la Constitution chilienne, le président ne peut effectuer deux mandats consécutifs (8). Considérant l'opinion publique défavorable à Bachelet, il va sans dire qu'il aurait été difficile pour elle, de toute façon, de retrouver sa popularité. Il sera toutefois intéressant de voir si les changements apportés au sein de la population au cours de ses mandats auront des répercussions positives sur son image, advenant un éventuel retour aux urnes.
(1) LEGRAND, Christine, « Au Chili, les réformes de Michelle Bachelet sont en panne », Le Monde, 8 octobre 2015, En ligne, http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/10/08... page consultée le 8 septembre 2017.
(2) ASSELIN, Catherine, « Une nouvelle constitution au Chili ? », Perspective Monde, 26 janvier 2016, En ligne, http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BM... page consultée le 15 septembre 2017.
(3) LEGRAND, Christine, « Au Chili, les réformes de Michelle Bachelet sont en panne », op.cit.
(4) PERSPECTIVE MONDE, « Élection de Michelle Bachelet à la présidence du Chili, 15 janvier 2006, En ligne, http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BM... page consultée le 10 septembre 2017.
(5) LEGRAND, Christine, « Chili: Le crépuscule de Michelle Bachelet », Le Monde, 21 novembre 2016, En ligne, http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2016/11/21... page consultée 9 septembre 2017.
(6) DE GRANDI, Michel, « Fin de mandat difficile pour Bachelet au Chili », Les Échos, 12 avril 2017, En ligne, https://www.lesechos.fr/12/04/2017/LesEchos/22424-... page consultée le 18 septembre 2017.
(7) TRIBUNE DE GENÈVRE, « Bachelet veut ouvrir le Chili au mariage gay », 29 août 2017, En ligne, https://www.tdg.ch/monde/ameriques/bachelet-veut-o... page consultée le 21 septembre 2017.
(8) CONSTITUTIONNET, « Constitutional history of Chile », 2016, En ligne, http://www.constitutionnet.org/country/constitutio... Page consultée le 20 septembre 2017.
Autres références
THE GUARDIAN, « Endgame nears in Chile president's fight to temper draconian abortion ban », 16 août 2017, En ligne, https://www.theguardian.com/global-development/201... page consultée le 21 septembre 2017.
ENCYCLOPÉDIE UNIVERSALIS, « Bachelet Michelle (1951 -) », 2017, En ligne, http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/michel... page consultée le 10 septembre 2017.
Dernière modification: 2017-09-25 12:12:46
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